2 Mars 2018 - Boursorama/AFP

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Pour 79% des personnes interrogées, Mai 68 a eu d'"une façon générale" des conséquences positives. Seuls 17% sont d'un avis contraire et 4% ne se prononcent pas. Ceux qui ont vécu les événements expriment toutefois un jugement légèrement moins positif, avec 25% d'avis négatifs chez les 65-75 ans et 36% chez les plus de 75 ans, selon cette enquête réalisée pour Le Nouveau magazine littéraire.
Le mouvement de contestation est clairement identifié, avec 7% seulement des Français qui n'en ont "jamais entendu parler", forcément parmi les plus jeunes. 17% des 18-34 ans n'en ont ainsi aucune connaissance. Parmi les critiques adressées au mouvement, pour 60% des personnes interrogées "Mai 68 a dégradé la confiance des citoyens envers les responsables politiques". Pour 43%, il a "minimisé l'importance de la famille dans la société", "encouragé l'individualisme au détriment du collectif" pour 39% et "détruit l'école républicaine" pour 32%.
VERS DES COMMÉMORATIONS POUR LE 50e ANNIVERSAIRE ?
Enfin, 50 ans plus tard, "Faites l'amour pas la guerre" (79%) est le slogan de Mai qui plait le plus aux Français, loin devant "CRS... SS !" (18%). "Élections, piège à cons !" garde 57% de partisans. Mai 68 est largement associé à "la remise en cause d'un modèle social dépassé" (87%), à "une manifestation étudiante" (86%) et "un mouvement social pour demander de meilleures conditions de travail et de salaire" (83%). Mais 65% des personnes interrogées l'associent également à "un moment de répression violente par les forces de l'ordre" et 26% à "un mouvement de délinquance".
En octobre 2017, l'entourage d'Emmanuel Macron avait fait savoir que l'exécutif envisageait de commémorer les événements qui ont eu lieu en mai 68 en France et dans le monde. L'Élysée avait expliqué "réfléchir sur ce moment et en tirer des leçons qui ne soient pas 'anti' ou 'pro' mais tiennent compte de ces événements dans les mentalités actuelles".
Le chef de l'État prendrait ainsi le contre-pied de Nicolas Sarkozy qui avait appelé pendant sa campagne électorale en 2007 à "liquider une bonne fois pour toutes l'héritage de mai 68", qui selon lui avait imposé un "relativisme intellectuel et moral" et détruit les valeurs morales et la hiérarchie, notamment à l'école.
En revanche, François Hollande pendant sa campagne fin 2011 avait défendu le mouvement, qui selon lui exprimait "les aspirations de la jeunesse" qui "déjà en ce temps-là croyait qu'un autre monde était possible".
Le président des Républicains (LR), Laurent Wauquiez s'était, lui, étonné de la possibilité de commémorer ce 50e anniversaire. "Honnêtement, je préfère qu'on fête Austerlitz", victoire de Napoléon Ier en 1805, "Valmy", célèbre victoire révolutionnaire en 1792, et "l'Appel de Londres" du Général de Gaulle en 1940, avait déclaré le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Enquête réalisée en ligne du 5 au 6 février auprès de 2.007 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur de 1 à 2,2 points.
Le sondage Harris est ici
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