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Silhouette hiératique, visage fermé, une jeune kurde se tient debout. Fière, elle refuse d’aliéner sans combattre sa liberté, son mode de vie au monstre fanatique et barbare qu’est DAESH. Pris à la gorge par le texte âpre d’Henry Naylor, saisi par la mise en scène tranchante de Jérémie Lippman, on est totalement dérouté par l’interprétation froide, mordante de la lumineuse Lina El Arabi. Prenant !
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Bruits assourdissants, lumières stroboscopiques, corps en transe, le temps d’une soirée, Jan Martens nous entraîne dans un pas de trois extatique, hypnotique. Si l’esprit créatif du chorégraphe belge, fortement inspiré par la musique sauvage de NAH, se perd parfois en chemin, il bouscule nos habitudes, notre regard sur la danse et offre un spectacle puissant, décalé. Déroutant, Fascinant !
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À l’heure du crime et des règlements de compte, Thierry Klifa signe un face-à-face mordant, explosif entre l’impératrice incontestée du cinéma français, Catherine Deneuve, et un jeune et brillant rappeur au sourire ravageur, comédien très prometteur, Nekfeu. Esthétiquement réussi, l’alléchant long métrage perd de son éclat en raison notamment d’un scénario par trop bancal. Dommage !
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Les mots cognent, brutalisent nos consciences de petits européens insouciants. Ils s’insinuent comme un venin acide, âpre et salvateur dans nos âmes pour faire voler en éclats cet écran mental, invisible, qui nous évite de voir notre Europe fantasmée se replier sur elle-même, sombrer dans un nationalisme nauséabond, réactionnaire. Une pièce coup de poing signée par le duo exalté Nordey/Richter.
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Au cœur d’un bassin sidérurgique de l’Amérique profonde, trois adolescents aux espoirs déçus vont se confronter à leur destinée, à leurs rêves de vie meilleure. S’emparant du roman cru et hyperréaliste de Steve Tesich, Rodolphe Dana signe une pièce âpre et féroce sur les désillusions d’une jeunesse à l’aube de son passage à l’âge adulte. Puissant !
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Trois notes d’une sonate ancienne se rappellent à notre bon souvenir et nous entraînent dans le salon nouveau riche de cette chère Verdurin. S’emparant avec virtuosité et malice de l’œuvre féconde de Proust, Nicolas Kerszenbaum nous invite à une variation contemporaine et pop du premier volume de son roman monstre et signe une satire fascinante de cette comédie douce-amère qu’est la vie.
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Voix douce, regard perçant, Franck Monsigny, la quarantaine flamboyante, a déjà eu mille vies. Comédien, auteur et producteur, il se laisse guider par son instinct, ses envies. Présent cet été à Avignon avec Résistantes, celui qui incarne l’inquiétant Martin Constant tous les soirs sur TF1 dans Demain nous appartient, revient, le temps d’un café matinal, sur son parcours éclectique. Rencontre.
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Sans aucune illusion, avec un naturel désarmant, onze comédiens, tous handicapés mentaux, s’exposent au regard des autres, se libèrent du quand dira-t-on. Guidés par Jérôme Bel qui puise, dans leur différence, l’essence de ce spectacle hors-norme, ils nous offrent une magnifique leçon d’humanité, une ode à la vie et à la diversité. Magnifique.
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Tout n’est que douleur, violence. Dans une Amérique exsangue en guerre avec le Viêtnam, une famille aisée est confrontée au suicide de l’enfant prodige, préférant la mort à l’enrôlement. En s’inspirant de l’œuvre de Salinger, Bernard-Marie Koltès signe une pièce noire, où les errances de l’esprit se muent en folie furieuse, que la mise en scène tout en tension de Léa Sananes effleure rageusement.
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Avec élégance et sobriété, le Grand Palais célèbre admirablement le centenaire de la naissance d’Irving Penn. Les murs aux différentes nuances de gris qui servent d’écrin à la rétrospective consacrée à l’un des plus grands photographes américains du XXe siècle soulignent merveilleusement la pureté des lignes des tirages en noir et blanc de cet artiste passionné et minutieux.