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Est-ce un rêve, un songe ? Émergeant d’un épais brouillard, crinières au vent, muscles saillants, les majestueux chevaux de Bartabas prennent possession du cirque Zingaro et nous entraînent dans leurs folles et oniriques épopées. Pour cet ultime spectacle, le scénographe équestre rend un hommage vibrant à ses compagnons de route et célèbre leur beauté animale en un spleen bouleversant, poignant.
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Au cœur de Paris, une fosse éventre la capitale. Propre, nette, elle marque l’emplacement de la Scala-Paris, lieu légendaire de la fin du XIXe siècle tombée en désuétude au fil du temps et des aléas de la vie des Grands Boulevards. Cette salle au destin chaotique, chargée d’histoires, devrait renaître de ses cendres à l’automne 2018 grâce au rêve fou des Biessy, un couple, amoureux de théâtre.
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Tout comme dans les contes de fées, le monde de l’enfance a sa part d’ombre. Méchanceté gratuite, harcèlement, peurs, sont autant d’épreuves cruelles que l’on doit affronter pour grandir, pour se sentir mieux. Empruntant aux frères Grimm, l’une de leurs fables populaires, avec habilité Catherine Marnas invite, petits et grands à dépasser leurs tourments… au moins dans un monde de rêverie onirique.
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Jeux de mots à la pelle, boutades loufoques à foison, deux personnages échappés de « Musée haut, Musée bas », cancanent, égratignent les faux intellos et épiloguent sur le monde contemporain, ses absurdités. Enchaînant à un rythme endiablé, les conversations surréalistes, les répliques mordantes, Jean Michel Ribes signe un spectacle rafraîchissant, un amuse-bouche divertissant fort agréable.
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Inspiratrice, intellectuelle, écrivaine, Lou Andréas Salomé déchaîne les passions, attire les regards et s’émancipe de sa condition de femme dans un monde d’hommes. Avec une infinie délicatesse, Bérengère Dautun esquisse un portrait poignant de cette personnalité hors du commun, que la mise en scène d’Anne Bouvier souligne finement. Un joli moment de théâtre habité par deux comédiennes exaltées.
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À l’ombre d’une barre HLM, une fratrie se déchire sur fond d’émeutes. Face à cet état de fait, Baptiste Amann s’interroge sur la capacité de nos sociétés apathiques à faire renaître l’esprit d’insurrection de nos ancêtres les communards. Si le parallèle intéressant bien que maladroit entre deux époques, deux révoltes, tourne court, on est conquis par l’énergie vibrante de ce jeune collectif.
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Sida, racisme et homosexualité en toile de fond, la fresque noire de Tony Kushner nous plonge dans l’Amérique conservatrice et ultralibérale des années 1980. Avec beaucoup d’ingéniosité, Aurélie Van Den Daele s’empare de cette satire grinçante d’une époque révolue dont les maux perdurent encore de nos jours. Porté par une troupe de comédiens habités, ce spectacle fleuve touche en plein cœur.
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Que reste-t-il cinquante ans après des rêves de la génération peace and love, de cette jeunesse dorée, droguée, qui rêvait d’un nouveau monde, plus juste, plus humain ? Pas grand chose, si on en croit la satire corrosive du lucide et brillant Mike Bartlett. S’emparant de ce texte acide, mordant, Nora Granovsky signe un spectacle piquant, ciselé, qui malgré quelques baisses de régime enchante.
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Aux sons des beats, Adrien grandit dans un monde différent de celui des autres. Né dans une famille lambda, où l’homme est un rustre, la mère dépassée, le jeune homme, simplet en apparence, décalé en profondeur, se révèle être un batteur virtuose. Dépassant les normes, Cédric Chapuis esquisse un conte musical, humain et bouleversant, magnifié par la présence incandescente d’Axel Auriant-Blot.
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Disséquant au plus profond, jusqu’à l’ineptie, le drame bourgeois et ses amabilités de façade, Yasmina Reza se perd dans un texte insipide, que quelques saillies bien senties, relèvent de la fadeur et achoppent à pimenter faute d’une mise en scène épicée. Seules les présences, solaire d’Emmanuelle Devos, dégingandée de Micha Lescot et décalée de Josiane Stoléru sauvent l’ensemble du naufrage.