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Insidieusement, les mots, tels des couteaux, cisaillent les cœurs malades d’un amour soumis à caution quand il est bafoué. Dépoussiérant l’œuvre noire d’August Strindberg, Anne Kessler joue les gentils et chics machiavels quitte à en gommer le cynisme sulfureux des dialogues. À l’instar du décor froid, la créance de ces amants-là manque d’amertume malgré le jeu nuancé des comédiens du Français.
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Deux yeux perçants, couleur Océan indien, chevelure brune frisée encadrant son lumineux visage, Salomé Villiers est une enfant de la balle. Nourrie, dès son plus jeune âge, au théâtre et au cinéma, la talentueuse artiste à la silhouette de jeune première aime casser les codes et aller où on ne l’attend pas. Comédienne, metteuse en scène, elle multiplie habilement les projets. Rencontre.
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Tout se mélange et part en vrille. Dans un joyeux chaos, la troupe polyvalente, virtuose du Français, dirigée par un David Lescot en grande forme, plonge dans les années 80 pour revivre l’ascension au pouvoir de Mitterrand, les évolutions sociétales de son début de septennat, telles que la libération des ondes. Bien que trop longue, décousue et foutraque, cette comédie est absolument délectable.
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Des cloisons mouvantes dans un grenier chargé de poésie, un réduit servant de chambre selon le principe des trois-huit, sont les oniriques décors de Soubresaut de François Tanguy et Fkrzictions de Pauline Ringeade, deux spectacles, présentés lors de la 29e édition de Théâtre en mai, construits comme autant de voyages singuliers et étranges au pays des rêves et des sombres songes. Détonnant !
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À l’occasion de la douzième édition du festival Mises en Capsules du théâtre Ciné XIII, Stéphane Guérin et Cyrille Thouvenin mettent en scène l’épatante Raphaëline Goupilleau dans un texte digne d’une Nadine de Rotschild paumée et furieusement attaquée. Mêlant les genres, les styles, les deux complices esquissent un monde surréaliste où autodérision et humour potache masquent de belles noirceurs.
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Les mots féroces, terriblement banaux, frappent en plein cœur. Mêlant ingénieusement les styles, passant du fait divers sordide aux Métamorphoses d’Ovide, aux vers bouleversants d’Isaac de Benserade, Camille Bernon et Simon Bourgade enfantent une tragédie moderne, un uppercut théâtral d’une rare intensité qui dénonce les violences subies à être du « mauvais genre » dans un monde hétéronormé.
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Cheveux roux relevés en chignon, la célèbre Goulue, reprend vie et gouaille à l’Essaion. De sa mort dans le dénuement à sa jeunesse dans un couvent, en passant par ses années folles au Moulin Rouge, elle conte sa vie par le menu. Avec tendre passion et fougueuse empathie, Delphine Gandsart se glisse dans la peau de la célèbre danseuse de cancan et lui rend un hommage vibrant.
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Loin d’enfermer la danse dans des lieux sacralisés, dédiés, pour sa deuxième édition, le Festival TempsDanse investit une nouvelle fois les espaces publics souhaitant ainsi conquérir le bitume et opérer un trait d’union entre les rives gauche et droite de Paris. Du 19 au 26 mai, Paris invite à un grand bal urbain, féminin.
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Attiré par les destins singuliers, Charles Gonzalès se glisse avec une folle virtuosité dans la peau de la célèbre sculptrice au moment où, ravagée par la passion qu’elle voue à Rodin, dévorée par son génie créateur, son esprit se lézarde et bascule imperceptiblement dans la démence. Habité par Camille Claudel, il invite à découvrir l’horreur de son quotidien, enfermée dans les maisons d’aliénés.
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Visage de porcelaine un brin mélancolique, Mélodie Richard incarne avec passion et fougue désespérée l’héroïne racinienne aux amours contrariées par les lois immuables de la Rome antique. Incandescente, elle donne corps à la sobre mise en scène de Célie Pauthe, qui malgré tout finit par glisser dans les sables mouvants d’une versification trop appuyée. Un moment de théâtre suspendu, étrange !