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Le dialogue est difficile. Les non-dits ont depuis longtemps pris le pas sur les mots. Rien ne semble plus lier les deux frères, incapables de se libérer du lourd secret qui les musèle. S’emparant de la douleur du deuil, des questions d’héritage, Charif Ghattas signe un huis-clos oppressant, alambiqué qui se perd dans un suspens attendu, mais que sauve sur le fil un duo de comédiens brillants.
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Majestueuse, solaire, fragile, colérique, l’ombre éblouissante, touchante de la diva à la voix d’or, aux doigts de fée, hante puissamment, magnétiquement les lieux. Avec ingéniosité et élégance, Anne Bouvier et Jina Djemba donnent vie à une Nina Simone plus vraie que nature, une femme forte en proie en doute, une âme combattante blessée, ravagée. Une rêverie douce-amère, jazzy et magique !
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« Noir, c’est noir. Il n’y a plus d’espoir. » Ce refrain légendaire d’un des tubes de l’idole des jeunes pourrait être le leitmotiv de cette pièce de boulevard chic, pas choc, qui essaie de s’emparer du mal-être adolescent. Faute d’une analyse psychologique approfondie des personnages, la jolie plume de Zeller et l’élégante mise en scène de Chollat survolent le sujet sans le décortiquer. Dommage !
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Les mots crus coulent, roulent en vagues alexandrines. Les airs d’opéra, les envolées lyriques, baroques, nous entraînent dans le vice charnel, la voracité sexuelle. Avec espièglerie et malice, l’ensemble Almazis, dirigé par Iakovos Pappas, signe un spectacle burlesque et truculent très cul, mais très bon. Bravo !
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Les mots douloureux s’égrènent lentement. Les vérités enfouies dans le subconscient se dévoilent avec une évidence crue, brutale. Sur fond de diagnostic erroné, Denis Lachaud plonge dans l’enfer de souvenirs incestueux et livre une pièce sans concession forçant nos regards à s’immerger dans l’inexprimable, l’ignoble. Dirigé avec minutie par Pierre Notte, Benoit Giros livre un jeu puissant, habité.
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Les gestes se répètent à l’envi. Les corps se convulsent, s’attirent et se repoussent. Des sons vrombissants envahissent l’espace. Reprenant son écriture chorégraphique habituelle faite de transes, de mouvements saccadés, Hofesh Schecther signe un show clownesque, burlesque dont la beauté éblouissante des tableaux successifs ne suffit pas à gommer l’impression d’une redondance qui manque de sens.
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Brune, virevoltante, Nathalie Huerta a gardé de ses origines mexicaines bonne humeur et couleurs chatoyantes. Globetrotteuse, curieuse des cultures, des arts vivants et plastiques, elle puise dans les richesses du monde, artistes et sujets, qui la touchent au cœur, la font vibrer afin de construire une programmation éclectique et foisonnante. Rencontre avec une directrice de théâtre engagée.
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Ensorcelante, barbare, Médée fascine l’homme depuis la nuit des temps. Fatale ou louve, elle devient virago, meurtrière par amour fou, par vengeance implacable. Tissant ingénieusement différents textes consacrés à ce mythe féminin, Astrid Bayiha invite à une relecture multiple, vibrante de cette histoire d’amour tragique où la femme bafouée lutte contre l’homme dominant, manipulateur et lâche.
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Jeu de miroirs ou jeu de dupes, dédoublement de personnalité, de personnage, Le monte-plats d’Harold Pinter revu par le talent malicieux d’Etienne Launay invite à une plongée kaléidoscopique dans le théâtre de l’absurde. Si l’ensemble tourne à vide tant l’ennui transparaît délibérément des dialogues, néanmoins, on se laisse séduire par ce spectacle burlesque et le jeu second degré des comédiens.
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Les mots, les sons jaillissent de toute part, prennent possession de nos esprits, de nos sens. La voix pénétrante de Simon McBurney nous invite à un voyage intérieur et immobile au cœur de l’Amazonie à la rencontre des Mayoruna. Son jeu puissant, habité, nous entraîne au-delà des murs, des mers. Un spectacle entier, immersif, une expérience sonore et sensorielle captivante, fascinante !