"Un temps la Critique accompagne l’oeuvre, ensuite la Critique s’évanouit et ce sont les lecteurs qui l’accompagnent. Le voyage peut être long ou court. Ensuite les lecteurs meurent un par un et l’Oeuvre1…
poursuit sa route seule, même si une autre Critique et d’autres Lecteurs peu à peu s’adaptent à l’allure de son cinglage. Ensuite la Critique meurt encore une fois et les Lecteurs meurent encore une fois et sur cette piste d’ossements l’Oeuvre poursuit son voyage vers la solitude. S’approcher d’elle, naviguer dans son sillage est signe de mort certaine, mais une autre Critique et d’autres Lecteurs s’en approchent, infatigables et implacables et le temps et la vitesse les dévorent. Finalement, l’Oeuvre voyage irrémédiablement seule dans l’Immensité. Et un jour l’Oeuvre meurt, comme meurent toutes les choses, comme le Soleil s’éteindra, et la Terre, et le Système solaire et la Galaxie et la plus secrète mémoire des hommes." Roberto Bolaño, Les Détectives sauvages.
Adapté du roman inachevé « Pétrole » de Pasolini, le nouveau spectacle de Sylvain Creuzevault marque son retour à l’Odéon. Le metteur en scène restitue la force analytique des visions pasoliniennes pour éclairer l’Italie des années de plomb, gangrenée par l’essor insidieux du capitalisme néolibéral porté par la démocratie chrétienne.
Après l’événement d’« A Noiva e o Boa Noite Cinderela », Carolina Bianchi présente « The Brotherhood », second volet de la trilogie « Cadela Força ». Seule femme sur scène entourée de 8 comédiens, elle explore la « Brotherhood », cette fraternité masculine qui structure la société et le monde de l’art, nourrit le mythe du génie, annihile les femmes, et en révèle les mécanismes oppressifs.
À l’Odéon, le spectacle de Julien Gosselin « Musée Duras », porté par les comédiens issus de la promotion sortante du CNSAD rejoints par Guillaume Bachelé et Denis Eyriey, livre une traversée dans l’œuvre de Marguerite Duras. Pendant 10 heures, les 16 interprètes redonnent à l'écriture de Duras – sur laquelle on a tant écrit, au point bien souvent de la désincarner – toute sa puissance viscérale.
Librement inspirée du roman de Musil, L’Homme sans qualités, constitué de deux tomes mais resté inachevé, la première création du Groupe Caute, Prélude à l’homme sans qualités, mise en scène par Julien Vella, fait revivre avec effronterie, révolte, ironie et rage, les figures typiques et pathétiques du roman autrichien dont l’action se déroule à la veille de la Première Guerre mondiale.