Version numérique de la revue Dedans-Dehors, ce blog informe sur les conditions de détention en France. Il décrypte les politiques pénales et pénitentiaires, ainsi que leurs effets sur le terrain. Il1…
donne la parole aux témoins quotidiens de la prison : les détenus et leurs proches venant au parloir, les professionnels et intervenants en détention (personnels pénitentiaires, médecins, enseignants, associations, chercheurs…). Des informations et paroles qui reflètent une toute autre réalité que celle des faits divers. Cet envers du décor, où se cachent les dégâts et effets contreproductifs de l’approche répressive, dans laquelle médias et politiques ont enfermé le débat public. www.oip.org
Photo de couverture : (c) G. Korganow / CGLPL
Face à l’incarcération massive de personnes souffrant de troubles psychiatriques, la prison « s’est adaptée sans pouvoir faire face à l’ampleur du phénomène », pouvait-on lire en 2010 dans un rapport parlementaire (1). Huit ans plus tard, l’accès aux soins psychiatriques en détention est toujours inégal et limité. Et à de nombreux égards, le statut de détenu prime sur celui de malade.
Envoie-t-on plus qu’avant les malades psychiques en prison ? Oui, si l’on considère la baisse drastique du nombre de non-lieux pour raisons psychiatriques prononcés ces trente dernières années. Explications et décryptage avec la sociologue Caroline Protais.
Une personne détenue sur quatre souffrirait de troubles psychotiques. C’est huit fois plus qu’à l’extérieur. Face à cela, les gouvernements successifs ont fait le choix de faire entrer le soin en prison plutôt que de faire sortir les malades. Faisant fi de ce qui tient autant du principe que du constat : la prison n’est pas, et ne peut pas être, un lieu de soin.
En mars 2017, les organes de contrôle constatent l’enlisement d’un climat de violence au centre pénitentiaire de Béziers. Un problème chronique auquel l’administration semble opposer comme principale réponse la fermeture des portes et l’isolement des personnes jugées « vulnérables ». Une approche inefficace qui ne s’attaque pas au cœur des problèmes.
Le 6 mars dernier à Agen, le président de la République a prononcé des mots importants sur la pénalité. Il a reconnu que, trop centré sur la prison, le système pénal était à bout de souffle et source d’importantes atteintes à la dignité en détention. Cependant, entre incohérences et duplicité, la réforme qu’il propose risque surtout d’alimenter le mal qu’il dénonce.
Fraîchement diplômé d’une école d’ingénieur, Brieuc le Bars a imaginé un projet novateur : un programme de formation des personnes détenues au métier de développeur web. Baptisée Code Phenix, l’initiative a de quoi séduire puisqu’elle allie travail et formation, et offre de vrais débouchés professionnels à la sortie. Mais elle se heurte aux contraintes de l’univers pénitentiaire.
Au centre de détention d’Oermingen, un chantier d’insertion permet aux personnes détenues les plus éloignées de l’emploi de (re)mettre le pied à l’étrier. Associant travail, formation et accompagnement socio-professionnel, ce projet pilote est porté par l’association Emmaüs et la direction de l’administration pénitentiaire.
Selon les règles pénitentiaires européennes, le travailleur détenu doit bénéficier de conditions qui se rapprochent « autant que possible » du travail hors de la prison, être rémunéré de manière équitable, être protégé en matière de santé et de sécurité, bénéficier de la sécurité sociale… Petit tour d’horizon des dispositifs juridiques existants et des initiatives intéressantes.
D’après la loi, les détenus devraient percevoir au minimum 45 % du SMIC horaire pour les activités de productions à l’atelier, 20 à 33 % pour les activités de service général. Des conditions de rémunération bien en deçà de celles fixées par le droit commun… que l’administration pénitentiaire ne respecte pas.
Associée au travail, la formation professionnelle devrait être la pierre angulaire de la mission de réinsertion officiellement assignée à la prison. Trois ans après le transfert de la compétence de l’État aux régions, les pouvoirs publics n’ont toujours pas publié de bilan de la réforme. Et les quelques données connues laissent apparaître une situation très contrastée.