Version numérique de la revue Dedans-Dehors, ce blog informe sur les conditions de détention en France. Il décrypte les politiques pénales et pénitentiaires, ainsi que leurs effets sur le terrain. Il1…
donne la parole aux témoins quotidiens de la prison : les détenus et leurs proches venant au parloir, les professionnels et intervenants en détention (personnels pénitentiaires, médecins, enseignants, associations, chercheurs…). Des informations et paroles qui reflètent une toute autre réalité que celle des faits divers. Cet envers du décor, où se cachent les dégâts et effets contreproductifs de l’approche répressive, dans laquelle médias et politiques ont enfermé le débat public. www.oip.org
Photo de couverture : (c) G. Korganow / CGLPL
Sentiment de ségrégation raciale, sociale, urbaine et scolaire, difficultés d’échapper au « quartier » et à son passage obligé par la case prison… Les proches de détenus et anciens détenus témoignent de l’emprise de l’enfermement dans leur vie.
João*, 30 ans, a grandi dans une famille nombreuse à Aubervilliers. Après avoir décroché de l’école, à 11 ans, il enchaîne les petits vols et les bagarres. Et écope d’une première peine de prison, à 14 ans. A sa majorité, un vol en réunion avec arme le conduit de nouveau derrière les barreaux. Il retrace son parcours et dépeint en creux, avec fatalisme, la reproduction d’un certain ordre social.
Suite de notre série prison et quartiers. Lundi, nous décryptions les mécanismes discriminatoires à l’œuvre dans la chaine pénale, qui expliquent en partie la surreprésentation des jeunes de quartiers dans les maisons d'arrêt. Aujourd'hui, le sociologue Marwan Mohammed nous explique les moteurs de la délinquance de désoeuvrement, qui a mené ces jeunes derrière les barreaux.
La chercheuse Lucie Bony a établi que les jeunes hommes des quartiers prioritaires remplissent, plus que d’autres catégories de population, les maisons d’arrêts franciliennes. Une surreprésentation qui s’explique – au moins en partie – par une série de mécanismes discriminatoires, solidement ancrés à chaque maillon de la chaîne pénale.
Berthet One est dessinateur. Sa première bande dessinée, L’Evasion, a été écrite en prison, où l’artiste de 39 ans a passé cinq ans. Il raconte sa vie d’avant ; avant ses projets artistiques et citoyens, avant qu'il ne fonde son association de prévention et d’insertion par l’art.
La sociologue et géographe Lucie Bony a étudié les logiques de recrutement de la population détenue en maison d’arrêt, une recherche centrée sur l’Ile-de-France qui mériterait d’être étendue à d’autres régions. Son constat : les jeunes hommes des quartiers populaires de banlieue alimentent plus que les autres les prisons, à tel point que ces dernières font figure d’annexes du quartier. Entretien.
Les quartiers « sensibles » sont les premiers pourvoyeurs de détenus dans les maisons d’arrêt des grandes villes. A tel point que pour les jeunes incarcérés, la prison est une « cité avec des barreaux ». Comment l'expliquer? Quelles sont les conséquences sur le quotidien en prison? Sur les trajectoires de ces jeunes? Quelles solutions pour sortir de l'engrenage? Premier volet de notre dossier.
Atteinte de pathologies chroniques, Lucile, 76 ans, est décédée d’un arrêt cardiaque dans sa cellule le 30 août 2015. En mai, le juge avait refusé de réduire sa période de sûreté*, la privant de la possibilité de voir sa peine aménagée rapidement.
Hélène se rend depuis quatre ans au parloir pour voir Alex, son fils de vingt ans. Elle raconte l’absence de communication les premiers temps de l’incarcération, l’angoisse de ne rien savoir de ce que vit son fils, jusqu’à ce qu’il se procure un portable. Un témoignage important, alors que l’accès au téléphone en prison fait régulièrement débat, sans que les voix des proches ne soient entendues.
Incarcéré au centre pénitentiaire de Longuenesse depuis le 17 mars 2015, Jérémy a dû attendre plus d’un an avant que sa compagne Emilie n’obtienne l’autorisation de lui rendre visite. Après sept refus essuyés sans motif, elle a saisi le Tribunal administratif de Lille qui, le 25 mars, a enjoint au directeur de la prison de réexaminer sa demande. Le 9 avril, ils se retrouvaient enfin au parloir.