Version numérique de la revue Dedans-Dehors, ce blog informe sur les conditions de détention en France. Il décrypte les politiques pénales et pénitentiaires, ainsi que leurs effets sur le terrain. Il1…
donne la parole aux témoins quotidiens de la prison : les détenus et leurs proches venant au parloir, les professionnels et intervenants en détention (personnels pénitentiaires, médecins, enseignants, associations, chercheurs…). Des informations et paroles qui reflètent une toute autre réalité que celle des faits divers. Cet envers du décor, où se cachent les dégâts et effets contreproductifs de l’approche répressive, dans laquelle médias et politiques ont enfermé le débat public. www.oip.org
Photo de couverture : (c) G. Korganow / CGLPL
Incarcéré au centre pénitentiaire de Longuenesse depuis le 17 mars 2015, Jérémy a dû attendre plus d’un an avant que sa compagne Emilie n’obtienne l’autorisation de lui rendre visite. Après sept refus essuyés sans motif, elle a saisi le Tribunal administratif de Lille qui, le 25 mars, a enjoint au directeur de la prison de réexaminer sa demande. Le 9 avril, ils se retrouvaient enfin au parloir.
Une 4ème prolongation de l’état d’urgence a été votée, alors que plusieurs voix s’y sont opposées, arguant de son inefficacité. Mais le poids du symbole et d’ « une nécessité psychologique » pour une nation endeuillée a pesé plus lourd, dans cette dictature de l’émotion qu’est devenue notre société.
Une nouvelle loi contre le terrorisme a été promulguée le 3 juin dernier. Élaborée sous le coup de la peur et de l’émotion générées par les attentats de novembre, elle a été adoptée dans un climat de populisme pénal, par un Gouvernement et un Parlement qui multiplient les atteintes à l’état de droit et s’affranchissent des engagements internationaux de la France en matière de droits de l’homme.
Ils étaient mille conseillers d’insertion et de probation, soit un tiers de la profession, à battre le pavé le 10 mai dernier. Depuis le mois de février, les personnels pénitentiaires d’insertion et de probation sont engagés dans une mobilisation de grande ampleur pour réclamer une meilleure reconnaissance de leur travail. Un mouvement qui peine à se faire entendre.
Boris, 57 ans, est malvoyant. Absence d’activités adaptées à son handicap, vétusté des locaux, violence, mesures de sécurité exagérées, il raconte son année de détention à la maison d’arrêt de Fresnes, de décembre 2014 à janvier 2016.
La Suède garantit à ses détenus six heures d’activités par jour. Travail, formations, programmes spécialisés et autres activités socio-éducatives rythment le quotidien des « usagers ». Si certains établissements font l’objet de vives critiques, d’autres sont cités en exemple d’un système qui vise la réhabilitation plutôt que la punition. Immersion dans les prisons ouvertes de Kolmården et Skenäs.
Le comédien, écrivain et dramaturge Olivier Brunhes a commencé à intervenir en prison en 2010. En décembre 2015, il présentait une pièce montée avec des détenus de la maison d’arrêt d’Osny. Au terme de trois mois de travail, deux sur huit ont obtenu l'autorisation de se produire sur la scène nationale de Cergy-Pontoise. Olivier Brunhes tire le bilan de ces cinq années d’expérience en détention.
Dorothée, 32 ans, est enseignante depuis 2008. De 2012 à 2015, elle s’est rendue régulièrement à la maison d’arrêt de Grenoble-Varces pour y dispenser des cours de philosophie. Pour elle, l'infantilisation et la passivité dans lesquelles sont maintenus les détenus s'opposent à ce qu'ils se responsabilisent et se positionnent comme "sujet philosophique".
L’artiste Nicolas Frize intervient depuis près de trente ans en prison. Il est à l’origine de plusieurs ateliers de travail, qui mêlent formation, travail et création. Il défend une vision de l’activité qui apporte aux personnes détenues de l’inconnu, pour les amener à se repositionner dans leur rapport aux autres et au droit. Une sorte de « réinsertion culturelle ».