La loi sur le travail est l'ultime illustration de dirigeants qui méprisent les valeurs de la République et qui ne peuvent donc plus se prévaloir d'une légitimité démocratique. Ils n'ont même pas le courage d'assumer leur politique et confient à une jeune femme le problème pour détourner le mécontentement sur sa personne (Lire : Lilian Alemagna, Laure Bretton et Amandine Cailhol - " Loi El Khomri : procession libérale " Libération 27/2/2015 p.14 à 17).
Le traitement indigne des réfugiés au mépris du droit international humanitaire signale le dédain du pouvoir pour le droit et le gens, comme la " loi sur le travail " pour les droits sociaux et les travailleurs (travail a pour étymologie tripalium, instrument de torture). Sans que cela soit justifié. Le respect de la dignité est la norme fondamentale et l'OIT défend le droit à un travail décent. La politique de ces trente dernières années s'inscrit à l'opposé du droit et de son évolution.
Le succès de la pétition de Caroline de Haas donne la mesure du refus des Français à subir cette politique contraire au droit, cette dérive financière d'un pouvoir imposant une régression sociale prohibée, contraire au concept même de société, laquelle a pour but d'assurer le bien-être général. Caroline de Haas a raison de s'approprier le concept d'inversion normative qui caractérise l'inspiration politique et le travail du législateur depuis des années, que dénonce l'Observatoire du stress depuis des années et qu'avaient clairement annoncé les dirigeants actuels en 2011.
L'adoption de lois liberticides montre que l'Assemblée nationale ne respecte pas le droit constitutionnel (Art. 2 de la DDHC par ex.). L'exécutif, avec l'accord du législatif, et la mansuétude du judiciaire, suspend les libertés publiques et dénonce la protection des droits de l'Homme, alors que c'est interdit par le droit contraignant protecteur des droit de l'Homme ratifié par la France au sein des Nations-Unies.
La persévérance dans le reniement explique la perte d'influence de la France à l'ONU. A force de mépriser la diplomatie et le droit international, les mandataires du peuple montrent que ce n'est pas la France qui est faible, mais ceux à sa tête qui ne sont pas à la hauteur la République.
Cet état d'esprit, et l'abdication inexcusable qu'il diffuse, menace bien plus les valeurs et l'effectivité du caractère démocratique des institutions que l'état d'urgence qui, dans un tel environnement intellectuel sinistré, rend encore plus inquiétant la banalisation de la violation du droit fondamental. Cela finit de démontrer la superficialité du formalisme de l'action publique au préjudice de l'intérêt général, au mépris de la nature. Des scientifiques, comme Frans de Waal, montre que le sentiment de justice est inné et n'est pas propre qu'à l'espèce humaine. La pensée de Milton Friedman et ses disciples est contraire à la nature.
Manuel Valls et François Hollande, des libéraux-socialistes comme y conclut Marcel Gauchet, ceux qui les soutiennent au garde à vous au Congrès, sont responsables du naufrage de la société. François Hollande et Manuel Valls embarquent ainsi à chaque évènement un peu plus la France du pédalo sur le Titanic, dont les économistes attérés alertent en vain sur l'erreur de cap et l'iceberg.
Avec la loi sur le travail, le pouvoir qui chavire sera le premier à reporter la responsabilité du naufrage sur les victimes de son impéritie, comme il le fait déjà en affirmant que : les pauvres coûtent trop chers, les jeunes coûtent trop cher, les vieux coûtent trop cher, les malades coûtent trop cher, les chômeurs coûtent trop cher, les services publics coûtent trop cher, les fonctionnaires coûtent trop cher (mais pas tous, ni les autres agents publics comme les élus, par exemple), les réfugiés coûtent trop cher (mais pas la guerre), les salariés coûtent trop cher (mais pas tous les salariés), même le travail coûte trop cher...
Combien d'éditoriaux critiquent ce comportement contraire au préambule de la constitution de 1946, qui est "l'ordre public républicain" dont se réclame le premier ministre ? Bien peu et trop rares. C'est pourtant un sujet d'intérêt général, le sujet d'intérêt général.
La presse a un rôle de vigie. Elle est le premier des lanceurs d'alerte. Elle pose les questions, critique les communiqués, soulève les incohérences, dénonce les mensonges, mieux que n'importe quel salarié ou employé. C'est son rôle social, l'intérêt de l'acheter, la lire, l'écouter.
Le traitement journalistique des élections de 2017 exige de faire prévaloir dès à présent le fond sur la forme, plutôt que de satisfaire d'une communication électorale inspirée du neuro-marketing.
L'absence de validité et de sérieux des programmes tue le débat démocratique et démobilise l'électorat. Les services politiques des rédactions doivent refuser l'imposture d'un débat réduit aux effets d'annonce, aux petites phrases, permettant aux états-majors des partis de s'exonérer à rédiger un programme sérieux, ou le sous-traiter à une officine pour palier l'absence de réflexion.
Combien d'éditoriaux critiquent cette misère intellectuelle de la politique française ? Bien peu et rares. C'est pourtant un sujet d'intérêt général, le sujet d'intérêt général.
La désaffection des urnes est la conséquence de la prééminence du marketing politique sur le fond ; des émissions mises en scènes pour promouvoir des candidats comme de la lessive, un discours formaté éludant toute critique sérieuse d'un programme manifestement peu sérieux et ne contribuant en rien au choix éclairé d'une société orientée à la satisfaction du bien-être général, alors que selon la science l'altruisme est inscrit dans la nature humaine.
Une démocratie moderne digne de ce nom ne peut pas se satisfaire de débats de l'épaisseur d'une affiche, qui se résument à un slogan, en méconnaissance des réalités économiques et sociales, au mépris des droits fondamentaux. Les débats entre candidats réduits aux personnes sans aborder l'analyse et la critique sérieuse des programmes ne sont pas de la politique.
Combien d'éditoriaux dénoncent cette supercherie ? Bien peu et rares. C'est pourtant un sujet d'intérêt général, le sujet d'intérêt général.
La lutte contre l'abstention aux élections de 2017 se fera donc d'abord sur la capacité des médias à critiquer l'absence de programmes sérieux.
C'est dès présent qu'ils doivent s'y appliquer.
Le succès de la pétition lancée Caroline de Haas démontre l'attente et la maturité politique de l'opinion.
Les médias doivent replacer la critique des programmes dans la perspective des trente dernières années, dont les candidats doivent soit tirer les leçons efficaces nécessaires à rétablir la justice sociale soit en assumer le bilan :
- celui d'une régression sociale inexcusable en considération de l'augmentation des PIB,
- de l'accroissement des inégalités et des déséquilibres dans la répartition des richesses,
- de l'accumulation des humiliations et des frustrations nées de promesses non tenues - alors que les chiffres de l'économie montrent qu'elles pouvaient l'être.
Ce sont des causes du désespoir qui conduisent au cul de sac social du repli identitaire ou de la violence suicidaire.
Le mépris des valeurs fondamentales de la Républiques par les associations politiques menace le lien social et dissuade l'adhésion à la collectivité. Au-delà de ceux qui déçoivent, c'est la confiance de l'opinion dans les institutions qui s'effondre et favorise les discours de haine.
La reconquête démocratique et le raffermissent de la légitimité des institutions passent donc par la qualité du débat politique de 2017 qui commence dès aujourd'hui.
Ce ne sont pas les primaires qui sont importantes ni les candidats. C'est sinon réduire la politique à une affiche de cinéma.
Ce sont les idées et les propositions soumises au débat qui doivent faire l'objet d'un appareil critique rigoureux.
Seules les idées et les propositions sont utiles à l'élection. Les menteurs d'hier ont perdu toute crédibilité et hypothèquent inutilement le modèle démocratique s'ils se maintiennent. Les médias doivent trouver les nouveaux visages capables d'animer sérieusement et crédibiliser le débat pour mobiliser l'opinion et fédérer l'électorat.
Le succès de la pétition contre la loi sur le travail qu'ont voulu imposer MM. Hollande et Valls signale un fracture avec l'opinion mais aussi l'échec de la presse. L'importance des réactions à la loi sur le travail montre le défaut des médias à critiquer efficacement une politique contestable et contestée.
Cette faillite et ce retard viennent de l'absence d'exiger une obligation de rectitude intellectuelle aux représentants politiques. une trop grande mansuétude pour le formalisme de la démocratie française, lequel a permis nombre d'aberrations législatives (lois liberticides, régression sociale, optimisation et fraudes fiscales, ...) finissant de dissuader ou d'insuporter l'électorat le plus consciencieux.
La démocratie, le débat démocratique ce n'est pas en 2017. C'est tout de suite. Ca Presse.
Alors, la vigie ?
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Critique de la communication du pouvoir :
Didier Porte à propos de l'interview de François Hollande par le magazine ELLE
Le Monde :
Pouria Amirshahi : « Notre système mène à l’abîme démocratique »
A 43 ans, l’ancien président de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), entré au PS en 1987, claque la porte du parti et annonce qu’il ne se représentera pas en 2017.
Selon le Figaro seuls 18% des Français soutiennent le projet de loi sur le travail : " Moins d'un Français sur cinq considère que le gouvernement ne doit pas reculer et doit soumettre le projet de loi Travail en l'état à l'Assemblée nationale, selon le baromètre de l'institut de sondage Elabe et relayé par Les Échos. Près d'un Français sur deux estime que le gouvernement doit revoir substantiellement sa copie et un tiers réclame le rejet pur et simple du texte. "
La loi sur le travail est repoussée
Des chercheurs proposent un autre code du travail pour les salariés
3 mars 2016 | Par Rachida El Azzouzi
Droit au temps libre et prévisible, 35 heures renforcées, partage du temps de travail… Des universitaires planchent sur un autre code du travail vraiment protecteur des salariés. Mediapart publie le premier chapitre, consacré au temps de travail.
Une mobilisation jamais vue sur Internet
29 févr. 2016 | Par stéphane alliès, Rachida El Azzouzi et Dan Israel
Une pétition en ligne qui frôle le million de signataires, un appel à manifester le 9 mars et une vidéo de « Youtubeurs » : ces trois initiatives ont débordé politiques et syndicats, faisant surgir sur le numérique une mobilisation inédite contre la loi sur le travail.
Manuel Valls tente d'effacer un fiasco politique
29 févr. 2016 | Par Lénaïg Bredoux, Rachida El Azzouzi, Mathilde Goanec et Mathieu Magnaudeix
Devant la fronde politique, syndicale et surtout citoyenne, la présentation du projet de loi sur le travail est repoussée au 24 mars, a annoncé le premier ministre. Récit de la gestation de cette loi devenue symbole d'un fiasco.
Les organisations étudiantes et lycéennes se mobilisent
29 févr. 2016 | Par Faïza Zerouala
Elles appellent à une journée nationale d’actions le 9 mars contre un texte qui contribuerait à davantage précariser les jeunes.
• Lire également: Loi sur le travail, la droite cherche l'angle d'attaque
Marylise Lebranchu: «C’est François Hollande qui a changé»
29 févr. 2016 | Par Lénaïg Bredoux
L'ancienne ministre, débarquée lors du remaniement, a retrouvé sa liberté de parole. Elle critique la version actuelle de la loi sur le travail. « L'équilibre entre Valls et le discours du Bourget ne se fait plus », dit-elle.