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Rien n’est plus contraire à la réalité vécue par les peuples que le discours convenu des institutions européennes et des gouvernements de cette Union européenne au service des marchés et des marchands. Ce n’est pas une communauté de valeurs, ce n’est qu’une communauté d’intérêts. Et encore, à géométrie variable, selon les circonstances. Elle n’a pas pour but d’unir les peuples, mais de les mettre en concurrence.Ce cri n’est pas le réquisitoire d’un eurosceptique. C’est le constat désolé d’un citoyen aspirant à une Europe fondée sur les valeurs des Lumières, au premier rang desquelles se trouve la souveraineté populaire, à une Europe harmonisant ses législations fiscales pour être en mesure d’harmoniser ses politiques sociales en vue d’atteindre le plus haut dénominateur commun, à une Europe en capacité de relever les défis écologiques de notre temps sans se laisser dévoyer par les lobbies de l’agro-business, de la pharmacie, de la chimie, du pétrole, de l’automobile ou de l’atome.Nous sommes très loin de cette vision qui apparaît comme idyllique. Traité européen après traité européen, nous nous en éloignons de plus en plus. Avons-nous été induits en erreur ? Avons-nous été distraits ? Assurément l’un et l’autre. Car le discours euphorique sur la « construction » européenne n’a jamais été confirmé dans les traités successifs. Dès le traité fondateur de Rome, qu’on pouvait lire en 1957, l’idéologie libre-échangiste chère à Jean Monnet et l’antiparlementarisme de Robert Schumann sont inscrits dans le texte.[1] On y parle de libre circulation des personnes et des biens, mais aussi des services et des capitaux. Et l’assemblée parlementaire qui est créée n’est pas élue et n’a qu’un pouvoir d’avis.
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Le Temps des Cerises, Paris, 2012, 12 euros ; voir aussi www.linsurrection.fr Ce roman d’un fin connaisseur des rouages internationaux et européens de la mondialisation néolibérale appartient à ces oeuvres trop rares qui nous font voir les possibles demains en s’appuyant sur les traits dominants de la réalité d’aujourd’hui.Avec une maîtrise rare du vocabulaire du prêt à penser médiatico-politique, l’auteur nous montre où peuvent mener les certitudes qu’on nous assène à longueur de journée.
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Ce matin, en m’éveillant à Phnom Penh, où je me trouve pour quelques semaines, j’apprends que celui que son peuple appelait dans les années soixante « Samdech euv » (monseigneur papa) est mort quelques heures plus tôt à Pékin, ce 15 octobre. Il aurait eu 90 ans le 31 octobre. Depuis 1993, il souffrait d’un cancer. Il effectuait de longs séjours dans la capitale chinoise pour y être soigné.
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Parmi les personnalités connues qui ont joué un rôle de premier plan dans le lancement du processus d’intégration européenne, on connaît la biographie du Luxembourgeois Bech, de l’Italien De Gasperi, du Belge Spaak. Des hommes qui, confrontés au fascisme, n’ont pas failli. Trois Français ont aussi joué un rôle extrêmement important. Deux sont présentés aujourd’hui comme des « pères fondateurs » de l’Union européenne. Le troisième, moins connu, est néanmoins célébré comme « le père du droit communautaire ». Et pourtant, leur passé justifie qu’on s’interroge sur le bien fondé des honneurs qui leur sont rendus.Jean MonnetOriginaire de cognac, négociant en spiritueux, un secteur très tôt intégré dans le commerce international, Jean Monnet a fait fortune aux Etats-Unis dans le contexte trouble de la prohibition en vigueur depuis 1919. Son enrichissement est tel qu’il est en capacité, en 1929, de créer à San Francisco la Bancamerica. L’homme d’affaires est devenu un financier international qui conseille divers gouvernements. En 1940, c’est lui qui va convaincre Churchill de proposer une fusion de la France et de la Grande-Bretagne. Après la capitulation de la France, il est à Londres. Non pas aux côtés du général de Gaulle, mais aux côtés du gouvernement britannique. Il n’aura de cesse d’empêcher la création de la « France Libre ». Il va jouer un rôle d’intermédiaire entre les Britanniques et les USA, devenant peu à peu le Français que les Américains écoutent. Ainsi, il rédige, en 1943, une note, restée longtemps secrète, à l’intention de Roosevelt à propos du chef de la France libre dans laquelle il écrit : « c’est un ennemi du peuple français et de ses libertés ; c’est un ennemi de la construction européenne, en conséquence il doit être détruit (sic) dans l'intérêt des Français. »
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Réponse à Jürgen Habermas et ses colistiers. C’est avec déception que j’ai pris connaissance de la contribution récente publiée par le philosophe Jürgen Habermas, sous le titre « Plus que jamais, l’Europe », avec l’économiste Peter Bofinger et l’ancien ministre Julian Nida-Rümelin, (Le Monde, 26-27 août 2012).
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LES ACTEURS ET LES VICTIMESVoici la liste des principaux acteurs de la chaîne de commandement au sein du Ministère israélien de la défense, de l’armée israélienne et des services secrets israéliens impliqués dans l’encerclement des camps de Sabra et Chatila et les massacres qui y ont eu lieu.Ariel SHARON, Ministre de la DéfenseAvi DUDAI, Aide personnel aiFORCES DE DEFENSE D'ISRAEL (FDI)Lieutenant Général Rafael EYTAN, Chef d’Etat MajorLieutenant Colonel Zeev ZACHRIN, Oficier d’ordonnance de EytanMoshe LEVI, Chef d’Etat Major adjointMajor Général Amir DRORI, Chef du Commandement Nord commandant le corps expéditionnaire au LibanBrigadier Général Amos YARON, Commandant la 96e division des FDI qui est entrée dans Beyrouth Ouest par le SudColonel DUVDANI, Etat Major de la 96e divisionLieutenant ELUL, Officier d’ordonnance de YaronAMAN (services de renseignement des FDI)N° 1 : Major Général Yehoshua SAGUYGénéral Moshe GILBOA : en charge du Renseignement, des Recherches et des Evaluations
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Voici le récit des quatre journées qui ont suivi la décision israélienne de faire entrer les milices chrétiennes dans les camps que l’armée israélienne encercle
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Sabra et Chatila, peuplés de 90.000 civils, ont subi, depuis l’invasion israélienne du Liban des bombardements répétés. Du 1 au 12 août, l’aviation israélienne largue des bombes à fragmentation. 20% des maisons sont totalement détruites et 70% sont très largement endommagées. Les deux hôpitaux ont été visés: l’hôpital Gaza, à la lisière Nord de Sabra et l’hôpital Akka à la lisière Sud de Chatila. Ces hôpitaux fonctionnent davantage comme des centres d’urgence. Dans le personnel, outre des Palestiniens et des médecins de pays du Proche-Orient et du Moyen-Orient, on trouve des chirurgiens, des médecins, des infirmier(e)s et des travailleurs sociaux d’Allemagne, de Finlande, de France, de Grande-Bretagne, d’Irlande, de Norvège, des Pays-Bas, de Suède, de Suisse et des USA.La première partie de mon rappel des faits se termine le 14 septembre 1982 lorsque le chef des Phalanges chrétiennes libanaises, Béshir Gemayel, est tué dans un attentat et que Sharon invite les Phalangistes à pénétrer dans Beyrouth ouest où se trouvent les camps.Voici maintenant le récit de la première journée des massacres, le mercredi 15 septembre.
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Le chef des catholiques, Benoît XVI, vient d’arriver à Beyrouth. Quand il a quitté l’aéroport, pour se rendre dans la capitale du Liban, il a emprunté la route parcourue, il y a tout juste trente ans, par un convoi de véhicules fournis par l’armée israélienne transportant des miliciens chrétiens membres des Phalanges libanaises. Comme eux, il a traversé le rond-point de l’ambassade du Koweit où se trouvait, juste à côté, un immeuble de 7 étages au sommet duquel l’armée israélienne, qui encercle les camps de Sabra et Chatila voisins, avait installé son quartier général. Comme eux, il a longé la cité sportive sous laquelle sont ensevelis des centaines de corps de Palestiniens.Il est étonnant que la presse passe totalement sous silence que la visite du pape à Beyrouth coïncide avec le 30e anniversaire du massacre de milliers de Palestiniens vieillards, femmes, enfants dans les camps de Sabra et Chatila. Un massacre perpétré par les milices chrétiennes. Un massacre qui fut rendu possible grâce à la complicité active de l'armée israélienne. C’est dire la place insignifiante que le sort des Palestiniens occupe aujourd’hui dans la plupart des esprits occidentaux.Devant une telle négation d’un passé qui, pour les Palestiniens et leurs amis, ne passe pas, il m’apparaît nécessaire, dans le cadre d’une indispensable lutte contre l’impunité des crimes de masse, de rappeler les faits tels qu’ils se sont déroulés il y a trente ans.
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Extrait de l’article : « Europe: le pouvoir s'efforce d'empêcher une bronca des parlementaires » Médiapart, 6 septembre