« Chaque nation porte en elle son centre de félicité, de même que chaque sphère a en elle son centre de gravité » est la réponse du philosophe allemand Johann Herder, à ses contemporains qu'il appelait avec humeur « les philosophes de Paris », Voltaire et consorts, qui l'irritaient profondément, notamment parce qu'il les soupçonnait de vouloir hiérarchiser les modes de vie inventés par les peuples, selon le niveau de bonheur qu'ils apportent. Vieille querelle donc, que celle que « la mondialisation » a fortement vivifiée dans notre époque, et qui apparemment oppose deux camps qu'il n'est pas très facile de délimiter ou même de nommer et définir.
Il n'y aura pas de relance réussie en France, sans protectionnisme. Loin d'être idéologique, inspirée par exemple par un amour immodéré de la frontière, cette affirmation est presque une vérité comptable
Il faut que les français se rassurent, notamment ceux aux revenus les plus modestes, sur les conséquences du protectionnisme sur leur train de vie, à cause de l'inflation que cela susciterait.
Lors d'un récent débat entre Jean-Pierre Chevènement, et l'économiste libre-échangiste Nicolas Baverez, deux points de vue sur la « mondialisation » s'opposaient. Le point de vue de Baverez était celui de qui regarderait ce phénomène d'en haut, et n'aurait pas de prise sur lui, alors que Chevènement avait le point de vue de celui qui aurait les pieds posés en terre française, parmi les siens, et se sentirait investi d'un certain pouvoir d'agir sur la manière dont les phénomènes économiques se manifestent et prennent forme dans son pays.
Forme dominante actuellement en France, du vieux courant social-démocrate, le PS n'hésite pas à présenter sa proposition de réforme fiscale comme une «révolution». Une réforme fiscale serait surement une bonne chose, mais on aurait quand même pu imaginer des sociaux-démocrates qui, à l'instar par exemple du René Lévesque que chantent les Cow-Boys Fringants, seraient plus modérés dans leurs propos et leurs postures, et plus ambitieux dans leur volonté de transformer le réel.
La «loi de Thirlwall», formulée à la fin des années 1970 par l'économiste post-keynésien du même nom, dit qu'un pays comme la France, dont l'économie est très ouverte au commerce avec le reste du monde, ne peut espérer relancer son économie, sans agir sur ses échanges commerciaux.
Ce serait aller bien vite en besogne, que de croire que les chiffres qu’on considère habituellement comme ceux de la désindustrialisation de la France, nous disent à eux seuls, et dans tous ses aspects, toute la réalité de ce phénomène. Comme les ruines laissées par un empire disparu, les chiffres sont des objets sans vie qui ont été engendrés par de la vie, qui contiennent des informations sur elle, mais qui ne permettront jamais de la connaître complètement.
Les chiffres qu'on considère habituellement comme ceux de la désindustrialisation de la France, ne nous disent sûrement pas tout sur ce phénomène, mais ils en disent beaucoup, et parfois des choses assez inattendues. Comme les ruines laissées par un empire disparu, les chiffres sont des objets sans vie qui ont été engendrés par de la vie, qui ne disent pas tout sur elle, mais qui sont porteurs de beaucoup d'informations à son sujet, parfois étonnantes.
« Doctrine préconisant, ou système mettant en pratique un ensemble de mesures restrictives ou prohibitives pénalisant l'introduction dans un pays de produits étrangers, afin de favoriser les activités nationales et de les préserver de la concurrence étrangère »
On sait que Victor Hugo a fait aux français cette proposition saugrenue, de consacrer leur fête nationale du 14 juillet, à la célébration de l'humanité toute entière, plutôt qu'à la célébration du lien affectif particulier, qui devrait les unir eux et eux seuls au sein d'un même peuple. La lecture des Propos sur le bonheur du philosophe Alain, peut nous inspirer la croyance que de toute façon, le jour de leur fête nationale, les français ne pourront pas mieux célébrer l'humanité, qu'en célébrant leur appartenance à un même peuple.