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Nous entretenons une présomption de vérité à l’égard des témoins, alors même que le témoin parfait est encore plus improbable que le crime parfait. Comme le soulignent Hume et Freud, seul un témoignage vérifiable a posteriori mérite crédit, sans quoi il relève de la superstition.
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Tout son ou silence peut devenir musique, comme l’affirme le nominalisme absolu de John Cage, où tout bruit peut être intégré au monde musical. Mais en poussant cette extension à l’infini surgissent la nécessité d’un « hors-musical », d’une distance constitutive et le rôle décisif de la fiction.
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Imaginons, comme dans Music Room de Roger Scruton, une expérience musicale sans limites où un son continu, saturant et épuisant, enferme l’oreille dans un cauchemar auditif sans possibilité de retrait : nous en deviendrions fous. De même, une intelligence humaine privée de contradiction se condamnerait à une omniscience stérile, forme ultime de bêtise sous l’apparence du paradis de la vérité.
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La justice, faite de respect, de partage et de renoncement à l’avidité, fait « respirer » le monde, ouvrant à la fertilité du don et à l’héritage véritable.
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Les riches, comblés d’eux-mêmes, ferment leur cœur et font tout graviter autour de leur puissance, oubliant l’autre et le mystère du monde. Les pauvres en esprit, par une conversion intérieure, s’évident d’eux-mêmes pour s’ouvrir à l’autre et accueillir le monde non comme un dû, mais comme un don.
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À contre-courant des récits dominants de notre époque, les Béatitudes résonnent comme une provocation salutaire. Dans une relecture vive et engagée, Didier Cailleteau fait de ces paroles anciennes une boussole critique pour penser autrement la puissance, la réussite et l’avenir de nos sociétés.
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La virilité, souvent naturalisée par le discours biologisant, apparaît au contraire comme une construction historique, culturelle et politique. Il n’y a donc pas une masculinité en crise, mais un discours de la crise qui alimente les paniques de genre et les réactions masculinistes.
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La virilité, loin d’être une essence, est un piège qui sert à maintenir la domination patriarcale et à réduire le genre à une binarité illusoire. En reconnaissant, comme le montre Raewyn Connell, l’existence de masculinités plurielles plutôt qu’un modèle unique, on déconstruit l’idée d’une masculinité homogène et dominante et l’on ouvre la voie à la libre différence.
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Pour Dupuis-Déri, la « crise de la masculinité » n’est qu’un discours diffusé surtout par des mouvements masculinistes pour préserver la domination masculine déjà bien réelle. Cette rhétorique, fondamentalement misogyne, sert à présenter le féminin et le féminisme comme des menaces afin de réaffirmer une masculinité conçue comme une identité politique.
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Depuis le début du XXᵉ siècle, l’idée d’une « crise de la masculinité » revient régulièrement, accusant l’homme moderne de ne plus être un « vrai » homme. Il s’agit pourtant de repenser la masculinité comme une réalité plurielle, loin de toute vision naturalisante.