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Billet de blog 1 juillet 2025

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Nouvelles du front

Douze petites chroniques où il est question de l’ORTF, de Sarah Knafo, de "Marianne" et d’Ève Szeftel, du RN, d’Olivennes et de Polony, de Praud et de Saldmann, de Retailleau, de Pierre Nora, d’Edouard Philippe, de Ciotti et de Stérin...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quand Giscard faisait éclater l’ORTF

Je me souviens de deux luttes particulières de la première année Giscard, en 1974 : les paysans manifestent pour que les prix de leurs produits soient rémunérateurs. Les rassemblements ont lieu avant l’élection présidentielle, mais, en septembre je crois, les Paysans Travailleurs (ancêtre de la Confédération Paysanne) nous sollicitent à la CFDT (celle de l’époque qui a un projet plutôt révolutionnaire) pour l’aider à bloquer les routes d’accès à Vesoul, chef-lieu de la Haute-Saône (on fait brûler des pneus, c’est pas bien, d’autant plus que j’avais été deux mois plus tôt le correspondant désigné pour le département du premier candidat écolo à la présidentielle, René Dumont). Une militante enfermée dans l’église fait sonner les cloches à toute volée à minuit pétante tandis qu’un immense foyer de paille s’embrase sur la place du marché.

Illustration 1
Dans les mêmes temps, l’ORTF (17000 salariés) vole en éclat, sur décision du nouveau pouvoir : annonce à la Trump dès le 3 juillet, il y aura désormais trois chaînes séparées (TF1, Antenne 2 et FR3 [France Régions]). Les gaullistes tiennent au monopole (se souvenir d’Alain Peyrefitte ministre de l’information qui, sous De Gaulle, dictait aux journalistes ce qu’il fallait dire) tandis que les Giscardiens sont pour la privatisation. La solution retenue se voudrait un compromis entre les deux courants de la droite, Chirac, premier ministre, dit que les entités seront « totalement indépendantes » (du pouvoir ? non, les unes des autres). C’est en fait une porte ouverte à la privatisation et à la réduction des effectifs. Nous manifestons alors, devant la préfecture, à Vesoul, avec une journaliste connue qui présentait le journal de la troisième chaîne, antenne de Franche-Comté basée à Besançon. Des journalistes sont licenciés (en particulier les contestataires qui avaient rechigné à être porte-parole du gouvernement Pompidou en mai-68).

Aujourd’hui, c’est apparemment un peu le contraire qui se produit, dans un contexte évidemment totalement différent : Rachida Dati veut la création d’une holding regroupant toutes les télés et radios du secteur public, France médias, comprenant 4 filiales (France Télévisions, Radio France, France médias monde [RFI et France 24] et l’INA). Il s’agirait officiellement de rationaliser, d’affronter l’IA, de redonner du souffle à l’audiovisuel public. En réalité, ici comme ailleurs, le but est de faire des économies et vraisemblablement d’affaiblir le service public qui fait l’objet d'attaques répétées de la part d'une partie de la droite, de la droite extrême et de l’extrême droite. Et de réduire les capacités d’enquête de la télé publique (déjà Radio France menace l’émission d’investigation Secrets d’info).

Chez CNews, Sarah Knafo, de Reconquête de Zemmour, flagorneuse envers Pascal Praud et la chaîne Bolloré, a proclamé que « l’État n’avait pas à financer Cash investigation », ajoutant persuadée de dire un bon mot, que « c’est comme un homme au RSA qui a du mal à rembourser ses dettes et à payer sa pension alimentaire et qui profite de ses abonnements à Netflix, à Canal Plus, à Spotify : ce n’est pas responsable ». Évidemment, cet exemple en dit long sur la mentalité de cette polémiste tout sourire et moulin à paroles qui, approuvée par Praud, affirme que les chaînes publiques sont de gauche. Quand on est à l’extrême droite, avec un discours permanent conservateur, raciste, haineux, c'est sûr que tout le reste est de gauche. D’ailleurs, Praud, bas du plafond, ne craint pas de dire qu’à la télé publique tout est (carrément) d’extrême gauche.

[30 juin]

« Les vieux, à vous de payer ! »

Alors que le "conclave" sur les retraités accouche quasiment d’une souris, c’est, en termes plus édulcorés, ce que dit la directrice de la rédaction de Marianne dans un édito du 19 juin : « Aux anciens : prenez votre part ! ». Ève Szeftel, en effet, nous ‘révèle’ qu’il y a de moins en moins d’actifs pour un retraité. Elle remonte aux années 1960, mais comme tout commentateur utilisant cet argument éculé, elle se garde de dire qu’en réalité notre système fonctionne puisque les 350 milliards d’euros nécessaires chaque année sont effectivement collectés. Il manque peut-être quelques milliards, mais on n’en est pas certain (ce sont des hypothèses, qui ont été démenties plusieurs fois).

Illustration 2
Si elle se lance dans cette diatribe c’est parce qu’elle veut promouvoir la thèse d’un économiste interviewé dans le même n° de Marianne, Antoine Foucher, qui fut membre du cabinet de Muriel Pénicaud (ministre du travail d’Emmanuel Macron, pour ceux qui l’auraient oublié), c’est dire la crédibilité du personnage. Elle recopie texto ses calculs : les revenus du travail sont taxés à 46 %, et ceux des pensions et retraites à 14 %. Or ces chiffres sont faux : c’est environ 10 % pour les retraités, 22 à 25 % pour les salariés. Il y a une raison à cette petite entourloupe, car cela permet aux deux compères (Foucher et Szeftel) de dire que les salariés payent beaucoup plus que les retraités, et qu’il faudrait baisser les cotisations sociales salariales de 100 milliards (sic) pour donner autant de salaire net aux actifs (et ne rien réclamer aux capitalistes qui ne payeraient que 30 % selon Foucher, chiffre peut-être un peu gonflé). Il faudrait aussi désindexer les pensions (pour qu’elles ne suivent pas le coût de la vie).

On sait que Denis Olivennes, patron de Marianne, milite pour cela (« trop de charges sociales » gémit-il partout où il passe en se prétendant homme de gauche), peut-être aussi le grand patron Krétinsky, mais que la rédaction reprenne ce mantra du Rassemblement National, voilà qui explique peut-être le fait que Jack Dion ait été viré lors de l’arrivée de la nouvelle direction (sans être d’accord sur tout avec lui, je doute qu’il aurait approuvé un tel recul social). Ève Szeftel, dont les quelques prestations télévisées depuis qu’elle dirige Marianne ont été particulièrement lamentables (sur la situation à Gaza), a choisi d’attiser un conflit de génération monté de toutes pièces, en invoquant ces retraités filmés à Arcachon qui boivent du champagne sans compassion pour « les plus jeunes qui se saignent pourtant pour financer leur retraite dorée ». Dans un amalgame dont seule l’extrême droite a le secret, elle tend à assimiler retraités à rentiers, qui, eux, « ne se sont donné que la peine de naître ».

Est-ce que les retraités peuvent participer au redressement (financier) national ? Peut-être. Sauf que les retraités, c’est comme les agriculteurs ou la classe moyenne, ça n’existe pas. C’est une invention commode, une généralité : il y a retraités et retraités. La comparaison avec les actifs, idem : il y a actifs et actifs. Il y a des actifs nettement logés à meilleure enseigne que les retraités même les moins malheureux (sans parler du niveau de revenus, nombreux bénéfices sont perdus par un retraité quand il quitte son emploi, comme divers avantages en nature, œuvres sociales, mutuelle, etc). Et de toutes façons, la question du budget retraites ne doit pas se poser qu’au niveau de ces deux catégories : le capital est loin de contribuer suffisamment, il ponctionne allègrement les revenus du travail.

Le culot d’Ève Szeftel est phénoménal : elle s’attendait à la critique, puisqu’elle avoue avoir hésité à publier cet édito, en prenant les lecteurs « à rebrousse-poil ». Elle n’a pas voulu mettre le sujet sous le tapis car elle a « une trop haute idée du lecteur de Marianne » pour qu’il refuse cette vérité. Elle sait certainement qu’elle recevra un courrier abondant, alors elle sollicite les lecteurs : « vous n’êtes pas d’accord ? Écrivez-nous ». Je lui ai envoyé mon post.

. En 3ème page de couverture de "Marianne", une pub pour T18, nouvelle chaîne de télé appartenant au milliardaire tchèque Daniel Krétinsky.

[23 juin]

Comme de juste, les lecteurs, outrés, ont écrit et l’hebdo, qui en général ne publie qu’un courrier des lecteurs succinct, reproduit dans son n° du 26 juin des lettres émanant pour la plupart de retraités, contestant une taxation au-delà de 2500 € bruts. Certains disent percevoir 3200 € (une veuve) ou autour de 4000 € (un couple), pas sûr que ces exemples aient été choisis au hasard. Tout de même, un homme témoigne du coût de l’Ehpad pour son épouse (2200 €), il lui reste 700 € pour vivre. Evidemment, le dernier témoignage, produit par une retraitée de l’EN, gagnant un peu plus de 2500 € bruts, envisage « très sereinement » que sa retraite soit « gelée, voire rabotée ».

Le RN et l’inversion du sens des mots

On sait que Marine Le Pen et Jordan Bardella, par un phénomène d’inversion du sens des mots, ne cessent d’accuser leurs adversaires d’« extrême gauche » d’être violents, antisémites et antirépublicains, visant à montrer patte blanche et à se parer de vertus républicaines. Or quel est le parti actuel en France qui a été fondé par quelques anciens nazis et qui a accueilli en son sein tant de pro-OAS ? Quel est le parti qui a présenté aux législatives l’an dernier 120 candidats qui avaient tenu des propos racistes, antisémites, violents ou complotistes (selon Libération du 9 juin, 90 étaient toujours en fonction au sein du RN). Plusieurs rendaient hommage à l’OAS, l’un justifiant que cette armée secrète ait exécuté en Algérie des communistes et des gauchistes parce qu’ils soutenaient les indépendantistes, un autre assurant que l’invasion des punaises de lit était due à l’arrivée massive d’individus venant d’Afrique du nord. Quel est le parti qui a fait élire un libraire qui vendait des livres négationnistes ? Le Rassemblement National.

Le site Les Jours a publié l’info selon laquelle un groupe Facebook de cadres du RN dont des députés, publiait des messages d’insultes et de menaces à caractère homophobes, antisémites, racistes et islamophobes. Information qui est tombée après le meurtre raciste et islamophobe de Hichem Miraoui à Puget-sur-Agens (et après le meurtre d’Aboubacar Cissé tué dans la mosquée de La Grand-Combe dans le Gard). Le Parquet anti-terroriste est saisi.

Illustration 3
Marine Le Pen et Caroline Parmentier à l'Assemblée nationale, le 6 mars 2024. © Photo Xose Bouzas / Hans Lucas via AFP
Mediapart a révélé le 16 juin qu’une collaboratrice de Marine Le Pen et députée, Caroline Parmentier, a longtemps publié dans le journal d’extrême droite Présent des articles que le média en ligne a décortiqué : elle écrit sur les « babouins » des stades de foot, sur le « lobby juif », se marre sur les blagues antisémites de Jean-Marie Le Pen.

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Extrait Mediapart, article de Fabrice Arfi et Antton Rouget :

Elle parle de « meutes tribales » dans des banlieues qui seraient des « zones françaises “recolonisées” à l’envers : en voie de barbarie, de tribalisation, de déshumanisation ». Elle sera d’ailleurs condamnée en 1995 par le tribunal de Paris pour diffamation raciste après avoir parlé dans un article de « voyous ethniques désœuvrés » et d’une génération d’« immigrés maghrébins » à l’origine de « violences et vandalismes ». Elle voit aussi dans la communauté des gens du voyage des « bohémiens galeux », « mangeurs de hérisson, voleurs de poules et même de voitures au besoin ».

Déchaînée contre le « lobby LGBT » et « la folie du tout homo », elle s’en prend en outre aux « collabos du sida », à savoir les promoteurs du port du préservatif qui, selon elle, « ne présente pas une protection fiable » contre le virus. Pour Caroline Parmentier, « le principal vecteur du sida, ce sont les pratiques homosexuelles elles-mêmes ».

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Marine Le Pen soutient Caroline Parmentier, Bardella aussi qui prétend n’être pas trop au courant. Ils continueront certainement, l’un et l’autre, à accuser l’extrême gauche des pires crimes et délits. À ce stade, on se dit que le drame des temps présents c’est justement ces vérités parallèles, cette façon des Le Pen, Retailleau et CNews à reprocher aux autres ce qu’ils sont eux-mêmes. C’est un processus politique, mais il me fait penser à une attitude psychologique (sinon une maladie) de certains qui ont une propension à accuser les autres de leurs propres turpitudes.

Et on en vient à se demander ce qu’allaient faire les Klarsfeld dans cette galère du RN ? Parce que le parti d’extrême droite, hébergeant des militants fascisants, antisémites, se garde bien d’attaquer Israël dans sa politique de destruction du peuple palestinien (rien que des Arabes), ou naufrage de la vieillesse ?

[21 juin]

Praud porte-parole de Retailleau

Illustration 4
Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a tenue à s’exprimer sur les médias d’extrême droite, Europe 1 et CNews, pour se proclamer le défenseur des honnêtes gens. Il ne semblait pas vouloir parler de ses copains Balkany, Sarkozy et Fillon, mais stigmatiser ceux qui ne le sont pas, qui « vivent au crochet de la société ». Il réclame une allocation sociale unique plafonnée, car les honnêtes gens en ont marre de ses familles qui touchent les allocs et laissent leurs enfants traîner dans les rues. Pascal Praud, sur la chaîne bolloréenne, déroule son soutien à ce discours éculé de la droite, interpellant Georges Fenech, "consultant" LR, lui reprochant de n'avoir rien fait alors que depuis 30 ans on sait, prétend-il, que ceux qui ne travaillent pas touchent davantage que ceux qui travaillent. À quoi Fenech répond, à côté de la plaque, en rappelant le slogan sarkozyste « travailler plus pour gagner plus » (ce qui prouve à quel point ces potiches de CNews sont bas du plafond). Comme Praud lui dit que cela n’a rien à voir, Fenech, penaud, ajoute : « on a lutté contre l’assistanat, aussi » et invoque, pour preuve, le « cancer de l’assistanat » dénoncé par Laurent Wauquiez. Praud, complètement déconnecté, rétorque que Wauquiez a dit ça l’année dernière seulement [en réalité, la première fois, c’était en 2011].

Illustration 5
[capture d'écran YF]
Ce qui a été surprenant dans cette séquence de diatribe puante, c’est que Sarah Saldmann s’insurge à l’encontre de Praud qui prône la suppression des indemnités chômage avant 30 ans, car les jeunes ne veulent plus travailler. Elle lui dit que depuis qu’elle a fait le film avec François [Ruffin, Au boulot, voir Au boulot !, contre les préjugés de la classe dominante], elle a compris que les gens veulent travailler. Il faut aller voir quelles sont leurs conditions de travail, dit-elle. Praud l'insulte comme avocate ayant un rapport de classe envers les ouvriers ! Il ne supporte pas qu’elle puisse dire que seule une minorité abuse et qu’elle lui reproche, à lui, de ne jamais sortir de son plateau de télé et de ne comprendre le monde qu'à partir de La Baule. Fenech abonde sur le fait qu’elle mépriserait la classe ouvrière alors que lui [ancien magistrat] a travaillé en usine ! De son côté, Eric Naulleau fait son petit malin pour expliquer que les "honnêtes gens" ce n’est pas les "gens honnêtes", ce sont simplement « les 90 % qui ne veulent pas se laisser emmerder par les 10 % » (il y avait effectivement une différence à faire, selon que l’adjectif est placé avant ou après le substantif, mais on ne peut attendre d'un commentateur d’extrême droite qu'il s’exprime avec subtilité).

Illustration 6
[capture d'écran YF]
Puis les gais lurons, comme prévisible, ont causé des étrangers en situation irrégulière, des migrants et de la délinquance. Pour une fois, je dirais que Saldmann mériterait la clémence, mais les autres, déroulant une telle haine à l’encontre des chômeurs, des « assistés », des immigrés, devraient être sanctionnés par l’Arcom. Sauf qu’ils devraient l’être dix fois, cent fois par jour. La vraie question est : pourquoi cette chaine a pu conserver son canal alors même que C8, à juste titre, a été éjectée ?

[20 juin]

Retailleau et la fabrique des barbares

Bruno Retailleau, ministre de l’intérieur, s'est rendu à Evian-les-Bains après qu’un automobiliste faisant des rodéos ait, de façon intentionnelle, percuté un pompier volontaire. Il déclare sur place : « Cette société laxiste a engendré une fabrique de barbares » ! Le coupable, récidiviste, se prénomme Charly B., au grand dam de la droite extrême et ultra qui aurait préféré que ce soit Kamel et qui tient à préciser que le coupable est « un garçon d’une famille bien sous tous rapport, mais qui est devenu dealer comme il y en a partout » (c’est ce que dit Le Parisien et que reprend Français de souche).

Illustration 7
Photo parue dans le "JDD" : le candidat à la présidence LR, ici à Rochefort y croit : « Les salles sont pleines, l'enthousiasme est là ». Sud-Ouest/MAXPPP / © Xavier Leoty
Retailleau inaugurait vendredi des casernes en Bretagne, il en a profité pour embarquer dans sa voiture un journaliste de l’hebdo d’extrême droite Le Journal du dimanche (JDD). Il glorifie la Bretagne et la Vendée, citant Clémenceau selon lequel leurs habitants sont « le plus pur sang des Gaules », pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas capitulé devant César ! Authentique. Voilà où plane la pensée du ministre, qui déverse la soupe qu’attend de lui le canard de Bolloré. Il s’exprime longuement sur son vœu d’un référendum sur l’immigration, sur notre modèle social bien plus généreux que celui de nos voisins (sous-entendu c’est pourquoi les migrants veulent venir en France), il se vante d’avoir déjà beaucoup expulsé et d'avoir fait baisser les naturalisations, qualifie de « racailles » les responsables des heurts à Paris après la qualification du PSG. Il se plaint d’une « société profondément violente », il parle d’« ensauvagement », de « décivilisation ». Après le diagnostic, il a le remède : nous devons assumer une « rupture », tout en se contredisant, puisqu'il reproche à la classe politique de parler aux seules minorités, « ce qui est marginal devient la norme » et « on célèbre les ruptures au lieu de valoriser les continuités ». Il n'est pas nécessaire d'être un grand clerc pour savoir qu'il fait lui-même partie de cette classe politique et qu'il protège les prébendes des seuls privilégiés qu'il défend.

Il larmoie sur les dépenses publiques, surtout sociales évidemment, appelant à ne pas remplacer tous les fonctionnaires, à réformer l’AME, à imposer un délai de carence pour les aides sociales pour les étrangers (ce qui est presque toujours le cas mais on n’a pas dû l'en informer) et glisse ce mantra de l’extrême droite, cher à Le Pen et Bardella, selon lequel il y aurait plus de cartes Vitale que de Français (une bêtise crasse, indigne d’un ministre). Pour justifier d’être à la fois bientôt ministre et chef de parti, il se compare à Méloni ! Méloni issue d’un parti néo-fasciste qui a supprimé le revenu minimum sans que les belles âmes en Europe s’en indignent.

Où je veux en venir ? : la société laxiste qui engendre des barbares c’est sa société, une société qui certes à un modèle social plutôt avancé mais qui n’est dû à la caste que Retailleau représente (car elle ne cesse de tenter de s’attaquer à la protection sociale) mais essentiellement à des luttes sociales (et aussi à quelques bourgeois éclairés qui ont su voir que même leur intérêt n’était pas de cultiver la misère). S’il y a de la violence, si les situations sociales des familles sont de plus en plus problématiques (y compris avec de la maltraitance) ce n’est pas pour les raisons que déroule Retailleau, lui qui tolère un défilé de fachos à Paris et arrête les anfifas, mais parce que le microcosme politique et économique qui dirige la France ne cesse de servir ses propres intérêts, en manipulant le débat public, sans jamais être capable d’emporter les Français sur un projet qui serait crédible, solidaire, égalitaire. Il crie au loup mais le prédateur est dans son camp.   

[11 mai]

Commentaires de Denis Olivennes sur Natacha Polony

Sans reprendre tout l’interview de Denis Olivennes hier matin sur France Inter, je souhaite relever un point précis évoqué par le président du groupe CMI (médias appartenant à Daniel Kretinsky, milliardaire tchèque). Non, je ne reviens pas sur le fait que le conjoint d’Inès de la Fressange a confié que sa compagne le nomme "Bim Bam Boum", parce qu’il serait toujours impatient ! Il est invité parce que le milliardaire récupère le canal 18 pour une nouvelle chaine : T18. Kretinsky est propriétaire de Marianne, de Franc-Tireur (de Caroline Fourest), de Elle et a des parts dans Libération.

Illustration 8
Cette télé ne sera « ni Karim Rissouli ni Pascal Praud, ni la déconstruction woke, ni la restauration réactionnaire », il y aurait un espace pour échanger de façon raisonnable et distrayante. Rissouli appréciera, lui qui a si souvent (trop) invité sur son plateau Olivennes venir se prétendre de gauche et ne cesser de gémir parce que les employeurs croulent sous les cotisations sociales. Les milliardaires Niel et Kretinsky n’auraient qu’un seul but en investissant dans des médias : la démocratie ! La télé T18 sera pluraliste, évitera le clash et l’affrontement idéologique. Il nous livre, et c’est là que je veux en venir, que Franc-Tireur est « républicain laïc » et Marianne « souverainiste de gauche » ! Sur le départ de Natacha Polony de Marianne : il dit qu’elle a « radicalisé » son discours, et Kretinsky lui a dit qu’il n’approuvait pas sa ligne, entre autres sur l’Ukraine. Il voulait lui donner le magazine en lui trouvant même un milliardaire pour le rachat. Elle a refusé et a démissionné. Fin de l'épisode.

Comme Léa Salamé, qui préfère poser des questions QCM (« si vous étiez un défaut… » et gna gna gna) n’a pas cherché à en savoir davantage, je complète : Natacha Polony était d’accord que Marianne soit racheté par le milliardaire d’extrême droite Pierre-Edouard Stérin, c’est la rédaction qui a refusé de passer sous les fourches caudines d’un homme qui affiche un projet identitaire, semblable sinon pire que Boloré, c’est dire. Par ailleurs, elle continue à émarger au budget de Marianne où elle publie une chronique hebdo, et court les plateaux de télé : LCI, France 5 dans C à vous et parfois C ce soir (justement chez Rissouli) sans que l’on sache à quel titre elle vient déverser sa doxa, péremptoire, avec pas mal de lapalissades. Ce que Olivennes n’a pas évoqué, car cela n’a pas dû lui poser problème, c’est que Marianne n’a jamais parlé du rapport Duclert sur le génocide au Rwanda en 1994. Pourquoi ? parce que Polony ne croit pas véritablement à un génocide, comme elle l’a avoué un jour sur France Inter, elle renvoie dos à dos Tutsis massacrés et Hutus massacreurs, prenant la défense de la France qui n’aurait aucune responsabilité dans cette tragédie, thèse que défendent nombre de réactionnaires dont certains ex-officiers de l’armée française. Voilà comment va notre monde médiatique en l'an 2025 !

[4 juin]

Pierre Nora : le débat c’est moi !

Pierre Nora est mort, il est aussitôt encensé. Loin de moi l'idée de nier le rôle que cet historien a joué dans la pensée en France (dont l'ouvrage collectif Les Lieux de mémoire). Ni d'oublier qu'enfant il dut se cacher dans le Vercors pour échapper à la Gestapo. Mais il me semble que la glorification nécrologique ne devrait pas aller jusqu'à passer sous silence ses orientations profondément réactionnaires : je relevais cela dans une chronique en mars 2021. J'ajoute que Nora a contesté le génocide subi par les Arméniens, sur France Inter en 2011, ajoutant « si vous écrasez trois mouches, on peut aussi vous parler d'un génocide » (cité dans Le Monde du 4 juin). Il se plaignait que l'on consacre trop de temps sur les traites négrières, sur les crimes du colonialisme. Il avait rejoint Alain Finkielkraut pour discréditer en permanence l'islam. Il avait dézingué L'histoire mondiale de la France, dirigée par Patrick Boucheron, évidemment trop "sociale" à son goût. Je ne sais s'il s'est exprimé sur Gaza mais je redoute ce qu'il aurait pu dire.

Je note que la journaliste de droite extrême Eugénie Bastié (Le Figaro mag), lui a rendu un hommage appuyé sur Europe 1, faut dire qu’il pourfendait l’"islamo-gauchisme" ! Et que Les Lieux de mémoire, œuvre collective, faisaient l’impasse sur bien des sujets, dont le colonialisme, et, voulant répondre à la crise identitaire, glorifiaient le passé national sinon nationaliste de la France.

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Précision : depuis la parution de mon post de 2021, La Revue du crieur, éditée par Mediapart et La Découverte, malheureusement a coulé, elle aussi.

[4 juin]

L’Histoire fossile

Illustration 9
Pierre Nora, historien, membre de l’Académie française, est surtout connu pour Les Lieux de mémoire (3 tomes) et sa direction de la revue Le Débat, qui a accueilli des signatures prestigieuses (comme Claude Levi-Strauss ou Jürgen Habermas). Quand cette revue a mis la clé sous la porte récemment, Nora a prétendu que l’on ne pouvait plus désormais publier une revue papier et qu’il n’y avait plus assez de lecteurs pour la « haute culture » du fait, selon lui, d’une baisse du niveau culturel de la société. Négligeant les revues qui marchent, il considérait que seule sa revue avait cultivé cette exigence de la « haute culture ». Tout en négligeant les questions coloniales et postcoloniales, du genre, de la crise climatique. Joseph Confavreux, de Mediapart (qui dirige La Revue du crieur co-éditée par Mediapart et La Découverte, dont la diffusion est deux fois supérieure à celle du Débat) avait parlé en septembre dernier à propos de l’échec du Débat de « fossilisation de toute une génération d’intellectuels ».

Pierre Nora publie un livre de mémoires, Jeunesse. Invité sur France Inter ce matin, il a dit, entre autres, qu’il souhaitait une commémoration de la mort de Napoléon (en mai) mais pas celle de la Commune (150ème anniversaire). Napoléon aurait eu une conséquence positive sur l’Europe, ayant apporté la révolution dans les pays qu’il a conquis. Il a su hériter des institutions de la Révolution française et a donné des institutions à notre pays [Code civil, départements et préfets]. Nora botte en touche en ce qui concerne les morts civils et militaires [3,2 à 6,5 millions, tout de même], avec une pirouette ridicule : « Bonaparte oui, Napoléon non » ! Quant à la Commune, « elle n’a pas apporté grand-chose à ce que nous sommes aujourd’hui ». Ne craignant pas la provocation, le grand historien affirme que « la Commune a cessé d’être subversive et révolutionnaire » quand Pompidou (« fondé de pouvoir de la Banque Rothschild ») s’est incliné devant le Mur des Fédérés : il « venait mettre pied à terre devant les morts de la Commune » ce qui signifiait que « la mémoire ouvrière était morte dans son inspiration révolutionnaire et qu’elle ne menaçait plus rien... elle ne faisait plus peur ». « Que Macron se recueille devant le Mur des Fédérés, pourquoi pas, mais n’en faisons pas une affaire ». Ignorer ce que représente la Commune en termes de démocratie et de justice sociale, passer sous silence la répression sanglante exercée par la nouvelle IIIème République (au bas mot 20 000 morts) et valoriser l’Empereur qui avait réintroduit en 1802 l’esclavage que la Révolution avait aboli en 1794 : à se demander si l'historien ne cherchait pas à illustrer sa "fossilisation". [4 mars 2021]

Edouard Philippe : « Meloni extraordinaire »

Illustration 10
Parce qu’il publie un livre, en campagne pour la future présidentielle, Edouard Philippe est l’invité de la matinale de France Inter. Je ne commenterai pas tout ce qu’il a dit, juste deux ou trois points. Il fait mine d’avoir une parole nouvelle alors qu’il sasse et ressasse les mêmes discours mille fois entendus sur la démographie en berne qui justifie que l’on travaille jusqu’à 70 ans. D’autres analystes ont d’autres points de vue, une politique sociale qui ne sacrifierait pas aux possédants (car ce sont eux que le maire du Havre sert) peut très bien être pensée et organisée différemment que ce que prône cette droite qui larmoie sans cesse et tente de semer la panique (rien de nouveau sous le ciel pluvieux, convaincre les jeunes qu’ils n’auront pas de retraite).

Evidemment, un homme de droite a bien le droit de tenir un propos réactionnaire, sauf qu’il fait pire que cela : il couvre d’éloge Giorgia Meloni ! La première ministre issue d’un parti post-fasciste est « extraordinaire », selon lui. A courte vue, il rappelle ce que tant de commentateurs ont déjà dit et redit : elle a régularisé 500 000 immigrés et a engagé une réforme pour que les Italiens [qui ont déjà de faibles pensions de retraites] travaillent jusqu’à 70 ans. Tout à sa glorification d’une telle femme politique, il oublie ou se garde bien de dire qu’elle a supprimé presque complètement le revenu minimum, plongeant dans la misère une partie de la population. Je le suspecte d’être également heureux de cela, mais peut-être qu’il n’ose pas encore le dire (comme la plupart de nos médias qui se gargarisent de Meloni et taisent cette politique anti-sociale du gouvernement italien).

Deux meurtres racistes viennent de se produire en France : l’homme politique n’a sans doute rien à dire puisqu’il n’en dit rien !

[4 juin]

Ciotti, rien de rien

Eric Ciotti, qui publie Je ne regrette rien pour pouvoir être invité dans les médias, évoque ce matin sur France Inter la loi sur la fin de vie : il dit que c’est une « rupture anthropologique » ! Qui peut croire que cet histrion de la politique (un comique qui joue du pipeau) connaît vraiment cette expression, alors qu’il explique son vote contre parce que la loi prévoit à la clé un délit d’entrave : ou il est contre le droit à mourir dans certains cas, ou il est contre le fait qu’on n’ait pas le droit d’empêcher l’exercice de ce droit.

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Mais il n’est pas à une incohérence près : il lance l’idée de faire 200 milliards d’économies sur les dépenses publiques (près de la moitié du budget de l’État, mazette !), lui qui a été inquiété dans plusieurs affaires de détournement de fonds publics. Comment économiser : « il faut taper sur l’immigration », en récupérant 7 milliards par an, sur les allocations non versées (anticonstitutionnel et globalement toutes les études sérieuses montrent que l’immigration n’est pas un coût pour le pays, au contraire ; ses complices du RN parlent eux, au doigt mouillé, de 20 Md€) ; en supprimant les agences (80 Md€), dont la grande majorité ont une utilité évidente (biodiversité, économie d’énergie…), en supprimant les rectorats, les ARS. Il prévoit d’envoyer les fonctionnaires « inutiles » qu’on ne peut pas virer à cause de leur statut protecteur, carrément dans la police et dans l’armée ! Il se plaint que l’on dépense beaucoup pour la santé, or les hôpitaux ne fonctionnent pas, il faut donc moins dépenser, CQFD : cynisme d’une caste qui s’est ingéniée à saper les services publics et qui se sert de ses propres forfaits pour les achever. Démago, il propose d’augmenter les salaires de 10 % en pompant sur la CSG, donc en réduisant notre protection sociale. Il claironne que « les Français sont écrasés d’impôts » : comment des journalistes peuvent-ils laisser le Duce des Alpes-Maritimes parler au nom des Français alors que ses gémissements visent les quelques taxes qui subsistent pour les plus riches, ses mandants ? Et alors que ce sont les réductions d’impôts, justement, sur les plus riches qui expliquent la dette française. Il a osé se pavaner avec une tronçonneuse, comme Milei en Argentine, en vantant les réalisations du fou de Buenos-Aires, alors même que la pauvreté a explosé dans ce pays !

Il est pathétique le Ciotti : il a bien compris avant les autres que l’alliance de la droite avec l’extrême droite était l’avenir (Dupont-Aignan en s’alliant à Le Pen était déjà d’extrême droite), mais pour le moment il est seul, la droite continue à espérer récupérer l’électorat de l’extrême droite en devenant droite extrême. Les lèvres pincées, il prétend ne rien regretter, mais à trop vouloir prouver…

[28 mai]

"Postures et impostures de l’extrême-droite"

Nombreux ouvrages de librairie se penchent sur la montée du Rassemblement National (RN) dans les élections. Parmi eux, les éditions La Découverte publient une version augmentée du livre d’Ugo Palheta avec pour titre aujourd’hui : Comment le fascisme gagne la France, de Macron à Le Pen, où le RN est présenté par ce sociologue comme étant carrément « un parti fasciste à la conquête du pouvoir ». Il démonte pas mal d’idées reçues, comme le fait que le RN aurait capté le vote ouvrier, alors que les classes populaires sont massivement abstentionnistes. Un long chapitre montre que les options de ce parti n’ont guère varié depuis les origines qui étaient ouvertement fascistes (parti fondé par des anciens nazis). Le RN, xénophobe et raciste, joue pleinement sur la "droitisation" de la société française (en fait, droitisation dans les urnes, car Vincent Tiberj a montré que la société française n’est pas si droitisée que cela, voir son livre documenté La Droitisation française, mythe et réalités, PUF, 2024).

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[Ph. YF]

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Gasconha Antifa organisait à Auch (Gers) les 30 et 31 mai un AntifaFest. Au programme, des concerts et plusieurs conférences : Extrême droite et populisme, Face à la répression d’État et Postures et impostures de l’extrême droite face aux travailleurs. J’ai pu suivre cette dernière  qui réunissait trois intervenants : Marino (Solidaires), Laurent (CGT) et Daniel (Visa). Compte tenu de leurs engagements, ces militants sont discrets (je ne reproduis pas de photos).

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Marino participe à la commission "Riposte syndicale face à l’extrême droite" au sein du syndicat Solidaires. D’emblée, il constate que « le RN est le pire ennemi des travailleurs et travailleuses, un danger mortel ». Reconquête est le cousin germain, avec quelques variantes. Il démonte le discours RN qui prétend qu’on ne l’a pas essayé, alors que dans les mairies RN les élus frontistes font tout le contraire des propositions sociales qu’ils prétendent défendre. D’ailleurs, les pontes du RN adaptent leur discours selon qu’ils s’adressent à des salariés, à des petits paysans, ou au patronat. En fait, ils ne sont pas contre le système, mais tout contre. Ils n’ont aucune présence réelle dans la défense des ouvriers et employés. Si l’ascension du RN est inquiétante, il n’empêche que Marino précise qu’elle est résistible (on peut la contrer efficacement).

Laurent décrit les luttes qui furent menées à Grenoble par le Sclap (section carrément anti-Le Pen) sur des positions non radicales mais antifascistes unitaires. Il dissocie le RN des fachos : le RN a écarté l’action violente, il projette d’arriver au pouvoir par l’hégémonie culturelle (selon l’analyse de Gramsci). Il en fait l’historique : Le Figaro magazine, le Club de l’horloge,… Il croit à l’action de terrain : contrairement à ce qui se dit, le syndicalisme n’est pas venu des grandes entreprises mais des petites boites (comme les Canuts). Son propos est pessimiste : « on n’a plus de stratégie, aucun débat, aucun projet de société ».

Enfin, Daniel (Visa : vigilance initiative syndicale anti-fasciste) : l’extrême droite nie la lutte des classes, et prône une union patrons et ouvriers [cf. Pétain et le régime de Vichy]. Le RN est contre toute augmentation du Smic et l’encadrement des prix, pour l’arrêt des droits après le chômage.

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[Ph. YF]

Au cours du débat qui suit, sont évoqués la répression policière, le contrôle de l’extrême droite sur la presse et l’édition (Editis, de Bolloré, possède… La Découverte). Il est rappelé que le vote d’extrême droite est volatile. Les électeurs ne sont pas tous des militants d’extrême droite, dans les manifs contre la réforme des retraites, il y avait sûrement des électeurs du RN. Ils ne sont pas perdus pour la cause, il faut aller les convaincre. Manifestement, il y a du pain sur la planche.

[8 juin]

Les manœuvres de l’extrême droite

Mediapart a consacré hier son émission du soir À l’air libre (en accès libre, même si on n’est pas abonné) à Pierre-Edouard Stérin le milliardaire catholique intégriste d’extrême droite. Sur le plateau de Mediapart, animé par Mathieu Magnaudeix : Youmni Kezzouf, journaliste au pôle politique de Mediapart et Thomas Lemahieu, grand reporter à L’Humanité. C’est ce journal qui a révélé le projet Périclès qui a pour but de permettre à l’extrême droite de gagner les esprits et éventuellement d’emporter des élections (allant jusqu’à soutenir Bardella contre Le Pen jugée trop "sociale", pas assez pro-capitaliste). 

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Comme le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler qui a boycotté deux convocations, le milliardaire Stérin a refusé de se rendre à la commission d’enquête du Parlement français (il risque deux ans de prison et 7500 € d’amende) mais accepte de s’expliquer chez Pascal Praud sur CNews en prétextant qu’il a reçu une vingtaine de menaces de mort émanant vraisemblablement de ceux qui le convoquent (là, c’est de la diffamation pure et simple). Le ministère de l’intérieur lui aurait dit que ce sont des menaces sérieuses, donc il ne vient pas par mesure de sécurité (lui le nationaliste exacerbé, il habite en Belgique pour ne pas payer d’impôts). Sur Europe 1, il est dit que Stérin est visé seulement parce qu’il serait « milliardaire catholique ».

Rappelons une fois de plus que Natacha Polony, identitaire souverainiste, qui n’est plus à la tête de Marianne (mais déclame encore ses certitudes sur de nombreux plateaux de télé mainstream), soutenait le rachat de son journal par Stérin, ce qui a été refusé par la rédaction qui, bien que cautionnant une ligne éditoriale condamnable (foncièrement anti-immigrés), ne voulait tout de même pas passer sous les fourches caudines de l’extrême droite. 

Il va de soi que ce genre d’individu est un réel danger pour la République et qu’il importe que les militants de la justice sociale combattent inlassablement l’emprise de ces identitaires (Stérin, Bolloré) sur la société française.

. Mediapart (en accès libre, 1h09) : ici.

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. France 2 a diffusé hier un reportage de 8 mn, très bien fait : ici.

. L'Humanité (en accès libre) : ici.

. Des maires de grandes villes (Nantes, Marseille, Lille, Lyon, Bordeaux, PS ou écologistes) ont publié une tribune dans Le Monde du 18 mai dans laquelle ils protestent contre les Nuits du bien commun organisées par le milliardaire qui tente de pénétrer des associations pour les orienter sur un projet prônant le rejet de l’autre, l’exclusion : ils affirment que leur « bien commun restera l’égalité ».

[21 mai]

. Les chroniques déjà publiées sur mon compte Facebook l'ont été à la date indiquée entre crochets.

Billet n° 870

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600Le plaisir d'écrire et de faire lien (n° 800).

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