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Billet de blog 9 mai 2023

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Attal : hymne aux classes moyennes

Gabriel Attal, ministre délégué aux comptes publics, a exposé ce matin sur France Inter sa volonté de s’attaquer à la fraude fiscale puis à la fraude sociale, façon de faire mine de taper sur les plus riches tout en affichant sa méfiance envers les Français relevant des minima sociaux, afin de caresser les (prétendues) classes moyennes dans le sens du poil. Et autres chroniques.

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Illustration 1

Le gouvernement présente un projet de loi pour lutter contre la fraude fiscale. Il remet à plus tard la lutte contre la fraude sociale. Est-ce pour tenir compte des reproches faits de mélanger fraude sociale et fraude fiscale ? Pas sûr, car Gabriel Attal ce matin sur France Inter a annoncé que son plan sur la fraude sociale c’est pour bientôt. Malin, il a tenu à préciser que dans la fraude sociale il y a aussi des fraudes des entreprises : pirouette de sa part, car lorsque dans le débat public l’on dit "fraude sociale" chacun sait que cela vise, malheureusement, non pas les employeurs qui ne déclarent pas les heures travaillées ou la TVA, mais les allocataires de prestations sociales, forcément des fraudeurs.

Il admet que selon les experts, la fraude fiscale, par définition difficile à déterminer, serait entre 30 et 100 milliards d’euros. La fraude à la TVA serait de 20 Md€. 80 % des dossiers redressés viennent des riches. Il veut s’attaquer à la "zone grise", l’optimisation fiscale, chez les multinationales (1,3 Md€ d'amende pour MacDonald l’an dernier) et mettre le paquet sur les pays paradis fiscaux en étoffant le renseignement. Il envisage de créer un délit d’indignité fiscale et civique avec une peine complémentaire d’intérêt général (comme repeindre le centre des impôts !) : quand on fait de l’évasion fiscale, on n’est plus dans la citoyenneté, dit-il.

Par contre, il compte bien « alléger la pression sur les classes moyennes, sur les petits patrons des PME », c’est-à-dire moins les contrôler, après avoir baissé l’impôt sur le revenu, supprimé la taxe d’habitation et la redevance télé, défiscalisé les heures supplémentaires. Reste à savoir qui sont les classes moyennes : selon lui, ce sont les ménages qui « vivent de leur travail » n’ont « ni aides sociales ni gros patrimoine », situés entre le 4ème et le 6ème déciles [vérification faite : entre 18000 et 25000 euros de revenus annuels].

Précision : si on divise les ménages par tranche de 10, des plus pauvres (1er décile) aux plus riches (9ème décile), les classes moyennes seraient donc entre le 4ème et le 6ème. Sauf que le ministre des comptes publics a compté : il dit que cela fait 15 millions de ménages ! On voit la tactique : en effet, tout le monde ou presque se croit classe moyenne, c’est la raison pour laquelle les populistes (Le Pen, Wauquiez, Ciotti, etc) se prétendent défenseurs des classes moyennes. Sauf qu’il y a 30 millions de ménages en France, les chiffres d’Attal sont erronés, peut-être voulait-il dire entre le 4ème et 7ème ou 8ème décile, pour que cela fasse au moins 40 % des ménages, presque 50.

Illustration 2
Gabriel Attal à Auch (Gers) le 21 février [Ph. YF]

Un auditeur l’interpelle au téléphone : pourquoi penser que les gens au RSA sont des tricheurs ? Il répond en se gardant de vouloir les stigmatiser mais confirme qu’Emmanuel Macron dans un entretien avec les lecteurs du Parisien [le 22 mars] avait dit que certains « abusent » du RSA. Yaël Goosz, journaliste de France Inter, lui oppose aussitôt que beaucoup ne demandent pas le RSA et que cela représenterait 10 Md€ économisés par l’État (je relève cette remarque car rare sont les journalistes qui invoquent le non-recours). Attal ne dément pas mais enchaîne sur le versement à la source qui sera un chantier majeur qu’il est fier d’engager.

La "plainte" des Français

Il se vante d’aller chaque semaine sur le terrain : le Beaujolais, le Gers. Là, il « rencontre beaucoup de Français qui se plaignent de financer un modèle qui permet à certains de ne pas travailler et un service public qui se dégrade ». Il répète en fait ce que Macron avait dit lors de son interview à TF1 et France 2 : « Beaucoup de travailleurs disent : vous nous demandez des efforts (mais) il y a des gens qui ne travaillent jamais (et qui…) auront le minimum vieillesse ».

Illustration 3
Gabriel Attal à Auch [Ph. YF]

Pour tenter bien maladroitement d’atténuer la gravité de la fraude sociale par rapport à la fraude fiscale, Léa Salamé avait dit que la première était dix fois inférieure à la seconde. Je pense que le rapport est bien plus important : si dans fraude sociale on ne compte que les fraudes commises par les allocataires, on est peut-être du simple au centuple. Quand on est allocataire, on n’a pas beaucoup de possibilité de frauder : dans certains cas, ce n’est d’ailleurs pas de la fraude c’est carrément de l’escroquerie qui mérite les pires sanctions pénales. Il y a certes quelques cas de fraudes (obtention abusive d’une allocation), moins fréquentes qu’on ne le dit et les contrôles sont drastiques (la CAF passe beaucoup de temps à communiquer sur sa lutte « efficace » contre la fraude sociale).

Par contre, il y a beaucoup d’indus le plus souvent à cause d’une erreur des caisses (on connaît des allocataires ayant reçu le même jour quatre avis d’attribution avec des montants différents, le pékin moyen n’a aucun moyen de savoir quel est son droit, pour l’obtention de la prime d’activité par exemple). Et, en dehors des indus, il y a souvent des montants d’allocations erronés, au détriment des allocataires. Enfin, le non-recours (allocations non attribuées car non sollicitées) est en grande partie dû au discours dominant méprisant à l’égard des "assistés" et à la crainte des récupérations pour indus qui paniquent les allocataires qui, du coup, ne revendiquent pas leurs droits : le gouvernement dit vouloir régler le problème avec le "versement à la source". Pour ma part, j’ai quelques doutes qu’un pouvoir politique de droite, ayant pour projet principal de favoriser les classes aisées, puisse vraiment veiller à ce que tous les citoyens accèdent, sans perte en ligne, à leurs droits. Je redoute même que ce soit une solution technocratique qui réfrène la possibilité même de faire valoir ses droits. Wait and see.

. Lors de sa déambulation rue d’Alsace à Auch (chef-lieu du département du Gers), le matin du 21 février dernier, Gabriel Attal, que j’ai suivi de bout en bout, n’a croisé aucun Français se plaignant de travailler dur et de payer pour les "assistés", au contraire l'un lui a reproché le manque d'adapation de la ville aux personnes en situation de handicap. Mais la veille, lors d’un raout à Pessan (tout près d’Auch) avec les militants et sympathisants Renaissance, en présence du Préfet en uniforme, il est possible qu’un ou une participante se soit permis ce genre de remarque, ce qui n’est même pas certain. 

. voir par ailleurs mon billet de blog du 5 mai : RSA : la grande manip.

Illustration 4
Gabriel Attal à Auch [Ph. YF]

Le sondeur qui ovationne Le Pen

Jérôme Sainte-Marie, on le voit et l’entend dans de nombreuses émissions en tant que sondeur. Dans C dans l’air (courant néolibéral assumé) et quelques fois dans C ce soir (émission qui craint tellement de se voir reprocher d’être à gauche que la droite et l’extrême droite y sont copieusement invitées).

Illustration 5
[capture d'écran YF]

Depuis quelques temps, il me semblait que son propos dérapait : plutôt que de jouer au sondeur plus ou moins neutre (style Brice Teinturier et Jérôme Fourquet, qui évidemment ne sont pas neutres), il y allait franco, ne craignant pas de prendre la défense du Rassemblement National, agacé, renvoyant à ses interlocuteurs, avec un sourire ironique, que leur analyse électorale collée à l’élite ne pouvait pas comprendre les classes populaires, que lui connait si bien. Faisant de courtes recherches, j’avais appris qu’il conseillait carrément le RN : attention, pas salarié, tenait-il à préciser, juste prestataire pour que les classes populaires puissent bénéficier d’« une parole politique structurée » ! Technicien, quoi ! Pour se justifier il disait : pourquoi vous n’allez pas interpeller ceux qui conseillent la macronie. C'est bin vrai ça !

Le 1er mai, Marine Le Pen a tenu discours au Havre, sur des terres ouvrières (bon, dans la salle il n’y avait que 1200 personnes, à l’échelle de la France ça ne fait pas bézef). J’ai un peu écouté, pas tout : elle maîtrisait bien les prompteurs, on avait l’impression qu’elle récitait son texte par cœur. Longues digressions sur le wokisme. Je crois apercevoir attablé Jérôme Sainte-Marie, auprès des pontes du RN, Sébastien Chenu, Edwige Diaz et Laurent Jacobelli. Soudain tirade de la cheffe sur la « submersion migratoire » et la nécessité « d’arrêter les flux migratoires », et notre sondeur patenté qui applaudit à tout rompre une leader politique qui crache sur les immigrés, qui les accuse contre toute étude sérieuse de coûter cher à l'Etat, qui fait preuve de xénophobie (et qui avait reconnu qu’il y avait même des « Nazis » au sein du RN puisqu’elle avait déclaré que ce sont eux qui rejoignaient Zemmour). J’envoie le lien à C ce soir : on ne peut plus donner le bon dieu sans confession à Sainte-Marie, s’il est invité sur un plateau il ne pourra plus y être en tant que sondeur mais bien comme représentant du RN.

. à 27 mn : Discours Marine Le Pen

. Jérôme Sainte-Marie, en pleine lumière, au centre de ma capture d'écran.

[4 mai]

Effectivement, Quelle époque !

Samedi soir [29 avril], sur France 2, dans l’émission 'Quelle  Époque' de Léa Salamé, la séquence était exclusivement consacrée au premier anniversaire du mandat de Macron. Pour ce faire, des commentateurs avaient été invités : c’est là où l’on voit que le service public, traité de "gauchiste" par l’extrême droite, est en train de dériver totalement. Qui sont les "experts" qui s’exprimaient ? Christophe Barbier (BFM après L’Express), Jean-Michel Aphatie (LCI après Europe 1), Darius Rochebin (LCI), Ludovic Vigogne (du très néolibéral journal L’Opinion, qualifié de « très bon quotidien » par Léa Salamé), Anne Rosencher (L’Express), Frédéric Dabi (Ifop), Eric Naulleau (ex de Sud Radio et C8 de Bolloré) et Sonia Mabrouk (d’Europe 1 très à droite et de la chaîne d’extrême droite CNews), Bernard Guetta, toujours présenté comme un grand journaliste mais qui est tout de même député européen Renew (c’est-à-dire élu sur liste macroniste). Comment contrebalancer un tel plateau ? En invitant Cécile Duflot (Oxfam, ancienne ministre de Hollande) et Jean Massiet (Twitch, plateforme de diffusion de vidéos en direct, positionnée plutôt à gauche), seuls à tenir des propos corrects, mais avec du mal pour en placer une.

Naulleau, bien sûr, qui vient de publier un pamphlet anti-Sandrine Rousseau qu’il traite de « fanatique », la comparant sans que personne ne réagisse aux policiers en URSS qui venaient à l’heure du laitier, serine qu’il est de gauche, alors qu’il prend la défense de Zemmour et qui ne cache pas qu’il discute tranquillement avec Patrick Buisson ; il ne voit comme solution pour Macron que de se tourner vers la droite ; il accuse la gauche de la Macronie d’avoir obtenu le report de la loi immigration, il s’offusque qu’il faille protéger des hordes contestataires le Conseil Constitutionnel par une armada de policiers.

Aphatie considère qu’il faut admettre que la loi retraites est passée, il félicite Macron et lui conseille de ne rien changer : il se dit carrément inquiet avec des casseroles qui peuvent « dégénérer », outré que l’électricité ait été coupée au cours d’un match à Agen (il va raconter ça sur tous les plateaux pendant quelques jours) ; comme il est un des histrions du PAF (jouant un peu sur tous les tableaux), il condamne cependant le racisme du RN et Zemmour qui n’aurait jamais dû faire une carrière médiatique alors qu’il avait été condamné pour racisme.

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Mabrouk, journaliste tuniso-française qui fait la leçon à tout le monde, intervieweuse de choc fidèle à Bolloré, vend son livre sur le sacré, moralise sur les politiques qui ont « le regard et le cœur vides », faisant de l’esbroufe avec des citations apprises par cœur de Saint-Ex ou de Gargantua ; pour elle « le RN c’est le métro à 18h, c’est la NUPES des champs, ou la NUPES costume-cravate », on sent que son projet est à droite du RN, c’est Zemmour mais elle se retient, elle ne vole pas à son secours, elle envoie seulement des piques à fleurets mouchetés, on sent qu’elle a envie de déverser sa hargne habituelle contre les Musulmans, ce pour quoi elle est payée.

Rosencher accuse Mélenchon de croire que L’Express est propriété d’un milliardaire alors, dit-elle, que le patron c’est Alain Veil (vérification faite, sa fortune en 2022 n’est "que" d‘un ¼ de milliard, selon Challenges). Dabi nous révèle que l’électorat est dans une tri-partition : RN, bloc central, NUPES, ce qui sous-entend que Renaissance et LR seraient le "centre", il approuve Naulleau qui dit espérer le retour d’une « vraie gauche » ; il cite un sondage que l’Ifop a fait pour la radio d’extrême droite et complotiste Sud-Radio qui comme de juste donne un score favorable à Marine Le Pen.

Le discours général est anti-Mélenchon. Heureusement que Massiet précise que, lui, n’invite pas dans son émission Marine Le Pen : « on ne peut mettre face à face raciste et non raciste ». Duflot contre mollement les propos tenus, et désavoue le fait que l’article 7 de la loi retraites n’ait pas été voté (à cause de la France Insoumise). Elle s’insurge contre les approches toujours personnalisées autour de cette table (la petite personne de Macron) au lieu d'être véritablement politiques.

Je préviens les éventuels commentaires sur le "courage" que j’aurais à suivre une telle émission : quitte à me répéter, de même qu’il m’arrive de lire Valeurs Actuelles et Front Populaire, je considère qu’il importe de savoir ce que dit l’ennemi. C’est ainsi que je rendrai compte prochainement d’une interview complaisante d’Agnès Verdier-Molinié par Sonia Mabrouk : propos révoltants de l’ultralibérale de choc, et journaliste de Bolloré en pâmoison.

[1er mai]

Le "miracle" des A.S.

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Marc Pautrel

Marc Pautrel est un écrivain qui dans la revue L’Infini, de Philippe Sollers (qui est aussi son éditeur chez Gallimard) a publié un texte Des miracles, qu’il reprend dans un livre tout récemment paru Un merveilleux souvenir. Il écrit qu’il obtient des diplômes en Droit mais ne trouve aucun travail car « c’est la grande crise des années 1995 ». Il précise : « je vis grâce au revenu minimum social, je n’ai aucun ami, j’écris chaque matin, je lis chaque après-midi ». Vous imaginez la crise d’apoplexie que feraient un Laurent Wauquiez, un Eric Ciotti ou une Agnès Verdier-Molinié à la lecture de ces quelques lignes ?

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Pourtant, aujourd’hui, Marc Pautrel est un écrivain qui depuis 30 ans « élabore une œuvre tout entière du réel », écrit Le Monde des livres d’aujourd’hui qui lui consacre une page entière. L’auteur confie à Virginie François qu’un des miracles a été la confiance des assistantes sociales chargées du suivi RMI qui ont accepté que son projet d’insertion soit l’écriture. On aurait mille exemples à donner, le miracle n’étant pas vraiment, à mon sens, que son projet ait été validé mais qu’un écrivain ait l’honnêteté d’admettre qu’il en a été ainsi.

[28 avril]

Le Maire démagogue

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Bruno Le Maire a dit sur BFM que « nos compatriotes en ont ras le bol de la fraude », ajoutant que les prestations sociales, « c’est le contribuable, c’est l’entrepreneur, c’est le salarié » qui les paient : « Ils n’ont aucune envie de voir que des personnes peuvent en bénéficier, les renvoyer au Maghreb ou ailleurs, alors qu’ils n’y ont pas droit. » Ce propos est insupportable (j’avais écrit dans un premier jet "dégueulasse" mais il faut rester poli) : pour ratisser à droite et à l’extrême-droite et augmenter ses chances d’être nommé premier ministre par Emmanuel Macron, il ose lâcher cette saillie. Mais sous ses couverts de Sainte-Nitouche, on sait qu’il est capable du pire. Venu dans le Gers, il avait  dit un jour : « je préfère contrôler ce qui est donné en matière de RSA, je suis élu local, je sais que lorsque l'on fait un contrôle effectif sur le RSA, on récupère de l'argent et je préfère que le RSA aille à ceux qui en ont besoin, à ceux qui ne le demandent pas, comme les agriculteurs ». Les agriculteurs de la salle, sans doute pas dupes, étaient restés dignes : ils n’avaient pas applaudi le ministre qui comptait pourtant sur son petit effet. Il ajoutait : « Plutôt que de le donner à des gens qui ne le méritent pas forcément ». Propos odieux : pour cette seule raison, Le Maire doit être combattu sans relâche.

. Voir Bruno Le Maire dans le Gers.

[18 avril]

Italie : guerre aux assistés

Le Mouvement 5 étoiles avait instauré en Italie un "revenu citoyen" en 2019 attribué à toute personne ayant des revenus modestes et résidant dans le pays depuis plus de dix ans. Il a bénéficié à 1,6 million de foyers (soit 4 millions de personnes, si l’on compte les personnes à charge) pour un coût de 8 milliards d’euros (montant moyen : 550 €). L’Insee italien évalue à un million le nombre de personnes qui ont été ainsi sorties de la pauvreté. Il avait un impact assez proche du RSA français.

L’extrême droite de Giorgia Meloni, au pouvoir en Italie, réduit la portée de cette mesure sociale avec le "revenu d’inclusion", qui sera en vigueur au 1er janvier 2024 : il ne sera versé qu’aux familles, aux plus de 60 ans et aux personnes handicapées, il sera plafonné à 500 €, limité à 18 mois (renouvelable pour un an). Ce revenu d’inclusion semble recouvrir tout à la fois un RSA restreint, l’AAH et le minimum vieillesse (pour un coût global en France de 30,4 Md€, et en Italie de 5,4 Md€ soit 6 fois moins). L’idéologie avancée est la très vieille antienne sur les bons et mauvais pauvres, les valides et invalides : ceux qui sont aptes à l’emploi devront participer à des formations [là rien à redire] ou à des projets « utiles à la société » en contrepartie d’une indemnité de 350 €, donc des salaires au rabais, pour les punir et les exclure de l’assistance. La Confédération générale italienne du travail accuse le gouvernement d’« aggraver la précarité ».

Si cette mesure ne modifie pas (pour le moment) la clause concernant les étrangers (dix ans de présence), on voit bien cependant ce qu’est une politique sociale d’extrême droite (comme celle des néolibéraux) : s’attaquer aux minima sociaux (avec les faveurs des classes moyennes, des classes moyennes inférieures et d’une partie des classes populaires salariées sensibles à ce discours démagogique) avant de rogner les droits sociaux de TOUS, avant les coups de boutoir contre la Sécurité sociale. Ne pas se leurrer c’est le projet du Rassemblement National qui préfère actuellement s’en prendre inlassablement aux immigrés, invoquant sans cesse des chiffres farfelus sur le prétendu coût de l’immigration, mais qui n’attend qu’une occasion pour insulter les assistés comme le Front National l’a fait copieusement, comme le fait Orban en Hongrie et comme le fait Meloni en Italie.

. Sources : Le Monde, Le Figaro et autres médias.

. Photo : Le Télégramme.

[3 mai]

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Billet n° 733

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600.

Contact : yves.faucoup.mediapart@sfr.fr ; Lien avec ma page Facebook ; Tweeter : @YvesFaucoup

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