Il n’est pas nécessaire de se coltiner deux heures d’émission pour comprendre et mesurer ce que recouvre une ligne éditoriale, ou ce que pense réellement tel débatteur. Ainsi, le 27 janvier, LCI a couvert en direct la cérémonie qui se déroulait à Auschwitz (80ème anniversaire de la libération du camp). J’ai suivi longuement cette séquence, mais peu le débat qui suivit, où un agrégé d’histoire, docteur à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Michel Laffitte, rappelait que ce sont deux pays catholiques, sans occupation nazie, qui ont pourchassé les Juifs : la Croatie et la France de Vichy (zone sud, non occupée). En Croatie, des prêtres et évêques (comme le franciscain Dionis Juricev) firent la chasse aux Juifs et aux Orthodoxes, excitant et bénissant les massacreurs.
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Guillaume Roquette, directeur du Figaro Magazine, ancien directeur du canard d'extrême droite Valeurs actuelles, présent sur tant de plateaux de télé (y compris Arte, une honte) a son rond de serviette à LCI. Il tique en entendant cet historien rappeler une vérité qui n’est pas bonne à dire. Mais quand le prof d’histoire ajoute qu’il enseigne en ZEP [Zone d'Éducation Prioritaire] où 75 % des enfants sont de familles musulmanes et qu’il n’a jamais eu le moindre problème pour enseigner la Shoah, là Roquette n’en peut plus : énervé, il ne le croit pas, concède qu'il est un cas particulier, car il y a selon lui de nombreux témoignages contraires. Le prof a beau dire que ces témoignages ne sont pas majoritaires et qu’il a bien des collègues qui font le même constat que lui, Roquette ne veut rien entendre. Pourtant, quiconque se renseigne un peu sait qu’il en est ainsi le plus souvent, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait jamais de problème, mais on a des identitaires patentés, comme Finkielkraut ou Roquette, qui ont un besoin viscéral de polémiquer sur ces sujets, sans même avoir eux-mêmes accès en direct à la moindre information : ils répètent ce que des polémistes leur communiquent. Entendre un prof dire qu’il n’a jamais eu la moindre contestation dans sa classe est insupportable pour eux, tout un pan de leur propagande s’écroule.
Une émission récente de Zone d’Education Documentaire, ZED, de Valérie Brochard, sur LCP, donnait la parole à des élèves d’une classe (affichant une forte diversité) qui, émus, posaient beaucoup de questions à un réalisateur d’un documentaire sur Auschwitz et à une historienne. Roquette a dû faire une apoplexie. [3 février]
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. Photo : lundi 29 novembre 2021, 140 lycéens se sont rendus au camp d'Auschwitz-Birkenau en Pologne, accompagnés de Mostafa Fourar, recteur de l'académie de Toulouse, et Kamel Chibli, vice-président en charge de l'éducation et de la jeunesse. Cette journée s'inscrivait pour les lycéens dans le cadre d'un "parcours mémoires et citoyenneté".
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Pour enfoncer le clou, je pourrais citer ces instituteurs qui attestent qu’ils ont préféré exercer dans des ZEP où parfois ils n’avaient pas un seul enfant qui n’était pas d’origine étrangère : ils avaient de très bonnes relations avec les parents, respectueux de leur fonction, ce qui, selon leur expérience, était bien différent de certains quartiers bourgeois où ils avaient par ailleurs enseigné. Mais cela, Finkielkraut ne le croira jamais : pour le croire, il faudrait qu’il accepte d’entendre les acteurs de terrain et non pas les seuls propagandistes qui alimentent ses diatribes télévisuelles.
« Tous pourris » ?
Emmanuel Macron envisage de proposer Richard Ferrand comme président du Conseil Constitutionnel. Donc un pote pour assumer des fonctions qui le porteraient garant de l’État de droit et des libertés fondamentales. Et les mêmes vont se gargariser de morale en reprochant à d’autres, dans d’autres pays, de violer l’État de droit ! La proximité de Ferrand avec Macron n’est pas le seul problème : cet homme politique a été mis en examen en 2019 par trois juges d’instruction de Lille pour "prise illégale d’intérêt", affaire qui sera classée sans suite sur incitation de la procureure générale de la cour d’appel de Rennes qui sera soutenue plus tard par le président de l’Assemblée Nationale (qui n’était autre que Richard Ferrand) pour siéger au Conseil Constitutionnel ! Ce classement sans suite (qui a été ensuite confirmé par la cour d’appel de Douai) fait que l’affaire ne pourra jamais être jugée « malgré la solidité des investigations et des soupçons évoqués par la presse et les enquêteurs » (écrivent deux juristes dans une tribune parue dans Le Monde daté de ce 9 février). On se souvient de la manœuvre de Ferrand, qui en complicité avec sa compagne, acquérait des locaux pour les revendre avec royalties aux Mutuelles de Bretagne qu’il dirigeait alors.
Mais pourquoi faire l’étonné : le ministre de la justice actuel, ancien ministre de l’intérieur (donc de la police) a aussi été inquiété judiciairement parce qu’il monnayait ses interventions politiques par des faveurs sexuelles. Le viol n’étant pas prouvé, il a bénéficié de deux non-lieu, mais cela n’enlève rien au fait qu’au sommet de l’État on admet qu’un homme capable de telles crapuleries puisse gouverner.
Et c’est aujourd’hui qu’on apprend (une page dans Le Monde) que Marine Le Pen a bénéficié d’un héritage d’une Cannoise qui vouait une dévotion sans borne au RN et au canard d’extrême droite Valeurs actuelles. Apparemment, personne n’est au courant au RN, c’est Marine Le Pen en personne qui a été couchée sur le testament et qui a empoché plus d’un million d’euros en revendant l’appartement luxueux en question, situé dans un immeuble de standing avec piscine et terrain de tennis. On a de la suite dans les idées dans la PME Le Pen, Jean-Marie ayant lui-même non seulement récupéré les biens de l’héritier des ciments Lambert (manoir et une partie de sa fortune), mais aussi de bien d’autres héritages, encaissés sans autre forme de procès par le Menhir, biens qui, après sa disparition, reviennent désormais à ses propres héritiers.
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Malgré ce qui précède, je ne dis pas « Tous pourris », persuadé que grand nombre de politiques ne sont pas pourris, mais persuadé également qu’il importe de sans cesse dénoncer la corruption et les inégalités, qui non seulement gangrène la société mais la mine de l’intérieur (ce qui explique bien des maux qui la fragilisent).
Après, il n’y a pas que des élus qui s’en mettent plein les fouilles, y compris peut-être légalement : Eric Dupond-Moretti, qui joue son propre rôle dans un spectacle au Théâtre Marigny (J’ai dit oui), avoue dans son texte que choisir d’être ministre a été pour lui un sacrifice puisqu’il acceptait « de diviser [ses] revenus par 14 ». Selon Le Point (en 2020), EDM percevait 70 000 euros mensuels d’honoraires, il avait reconnu qu’il gagnait 10 fois moins comme ministre. Si c’est 14 fois moins, alors ce grand avocat surnommé Acquittator (c’est exagéré, il ne gagnait pas tous ses procès) avait un revenu mensuel comme avocat de près de 100 000 euros ! Ça ne devrait pas faire trop de bruit, car les journalistes-stars de la télé alignent eux-mêmes facilement 50 000 euros mensuels, sans que cela ne choque personne. Et entre gens du même monde on ne se dézingue pas. [9 février]
La plus belle vue sur Varsovie
Je viens de lire d’une traite Le mage du Kremlin de Giuliano da Empoli : les confidences imaginaires totalement réalistes d’un conseiller de Vladimir Poutine, qui, entouré de ses sbires du FSB, fonctionne depuis sa plus tendre jeunesse comme un mafieux. Au détour d’une page, je lis ce qui se disait chez les Moscovites à propos de la Loubianka à l’époque de l’URSS : « que c’était l’immeuble le plus haut de la ville car de ses caves on voyait la Sibérie… » Rappel : la Loubianka est l’immeuble à Moscou qui abritait le quartier général de toutes les polices politiques soviétiques, de la Tchéka au KGB, ainsi que la prison où furent enfermés, torturés et exécutés des centaines voire des milliers de prisonniers. Aujourd’hui, c’est le FSB héritier du KGB qui y loge.
La formule humoristique des Moscovites m’a rappelé une scène vécue à Varsovie en avril 1983. Au cours d’un voyage en Pologne, le groupe auquel je participais fut amené à se rendre dans les profondeurs d'un grand immeuble posé au centre de la capitale polonaise. Il me semble qu’il devait s’agir d’une boite de nuit, en réalité on a assisté à des séances de strip-tease et à la nomenklatura (des hommes plus tout jeunes en costard) entourés de jeunes femmes affriolantes. Inutile de dire notre surprise : sans être aucunement bégueules et encore moins pro-"communistes" (Jaruzelski a maté la classe ouvrière polonaise sur injonction de l’URSS de Brejnev), on pensait tout de même plus de sérieux de la part de ces apparatchiks.
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L’immeuble en question est le Palais de la Culture et de la Science (en polonais : Pałac Kultury i Nauki, PKiN), gratte-ciel le plus haut, édifié à Varsovie entre 1952 et 1955 par les Soviétiques (42 étages et 231 mètres de hauteur, le sommet étant affublé d'une antenne de télévision). Les Varsoviens l’appellent ironiquement "Pékin", parce que construit par le « grand frère » russe dans un style massif stalinien, peut-être pour se racheter d’avoir attendu en 1945 (de l’autre côté de la Vistule) que les Allemands aient fini de détruire au lance-flamme Varsovie avant de venir la libérer (après avoir décapité l'Armée polonaise à Katyn au printemps 1940, en faisant croire longtemps que ce crime de guerre avait été commis par les Allemands). Après la chute du Mur de Berlin, il a été question de détruire ce "Palais", mais ce projet fut abandonné : aujourd’hui, il abrite des salles de concerts et de congrès, des boutiques de luxe, trois cinémas, deux théâtres et un restaurant panoramique (au 30ème étage).
Dans un ordre d’idée proche de ce qui se disait à propos de la Loubianka, les Polonais constatent depuis 80 ans que, de cet immeuble, on a la plus belle vue sur Varsovie… car c’est le seul endroit d’où on ne le voit pas ! [7 février]
Les "Book Bans" : qui censure aux États-Unis ?
Depuis quelques années, certains médias nous bassinent avec le wokisme. Les commentateurs de la chaîne de télé d’extrême droite CNews se gargarisent avec ce sujet qu’ils ne connaissent pas vraiment, ânonnant leur haine des « wokes », le plus caricatural étant sans doute Mathieu Bock-Côté, essayiste canadien québécois d’extrême droite, qui milite pour que le Québec sorte du Canada (ce qui n'avait pas empêché Emmanuel Macron de vouloir l'emmener dans ses bagages lors d’un voyage officiel au Canada en septembre dernier, ce qui pour l’ambassade de France à Montréal aurait été une folie, pure provocation). Bock-Côté, que le téléspectateur ne décrypte qu’à moitié tant son débit met en évidence une haine qui se bouscule au portillon, passe son temps à cracher sur les "wokes", de façon générique, on ne sait plus trop ce que cela recouvre. De même sur les réseaux sociaux, des polémistes de canapé s’ingénient à hurler "woke, woke" : on mesure qu’ils seraient bien en mal de dire deux mots sur le sujet, se contentant de répéter Praud, Zemmour, Goldnadel et toute la ribambelle de bas-du-plafond qui se succèdent chez Bolloré. Je n’ignore pas qu’il existe des militants de gauche qui sont sur le qui-vive et qui réagissent à tout propos qui porterait atteinte, selon eux, à la dignité des minorités, jusqu’à être parfois outranciers, quand ils ne s'en prennent pas carrément à la liberté d'expression.
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Or, aux États-Unis en ce moment, et avant l’arrivée de Trump au pouvoir, une véritable censure s’est installée, non pas à l’initiative de "wokes" qui contesteraient certains ouvrages, mais selon un plan concerté de la droite dite républicaine, les "book bans" (interdictions de livres). Dans les bibliothèques publiques, scolaires et universitaires, des milliers d’ouvrages disparaissent, « jugés offensants, inappropriés ou pornographiques, de même que ceux traitant de questions raciales, de droits des femmes ou d’identité de genre » [Le Monde du 7/02].
Lauren Groff, écrivaine, qui vit en Floride, a ouvert une librairie pour contrer cette censure, qui pour le moment ne touche pas encore les librairies (si peu nombreuses outre-Atlantique). Interviewée par Florence Noiville, dans Le Monde, Lauren Groff, qui sort un roman Les Terres indomptées, déclare : « Un pays dont les fondations sont pourries dès le départ finira toujours par sombrer. Le projet colonial a été bâti sur la terreur, le génocide et le traumatisme écologique. Le seul moyen pour les Etats-Unis de se remettre de leurs origines (et des nombreuses autres atrocités perpétrées à travers le monde) serait de les affronter, de faire amende honorable. Or la situation politique actuelle va dans le sens contraire et pourrait compromettre certains des idéaux bons et utopiques qui existaient malgré tout à l’origine. En y pensant, mon cœur se brise chaque jour. »
Interdictions pour les livres liés à l’enseignement de l’histoire des populations noires et autochtones, ou sur la sexualité. Ces livres sont jetés dans des bennes à ordures puis dans des décharges. [7 février]
. Illustration Pen America qui lutte contre ces interdictions.
L’électron Musk
Elon Musk joue les redresseurs de tort sur la planète. Il a réclamé la condamnation d’une ministre britannique pour n’avoir pas soutenu une enquête sur les "grooming gangs", tenus par des Pakistanais exploitant sexuellement des jeunes filles. Dimanche, il a enchaîné ses diatribes en accusant l’Afrique du Sud de « persécuter les Blancs », réclamant auprès de Trump des sanctions envers son pays d’origine. L’historienne spécialiste des États-Unis, Sylvie Laurent, explique dans L’Humanité de ce 6 février, que Musk quand il quitte l’Afrique du Sud à 17 ans pour venir au Canada, il bénéficie du passeport de sa mère et de l’expérience locale de son grand-père maternel, Joshua Norman Haldeman, qui fut un militant pro-Hitler et qui s’expatria en Afrique du Sud par admiration pour l’apartheid.
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En ce qui concerne le scandale des abus sexuels en Grande-Bretagne, il importe de dire que ce n’est pas une découverte : l’affaire est connue depuis longtemps, traitée dans les médias britanniques (pour ma part, j’ai consacré un article de blog il y a six ans sur cette affaire). Les milieux complotistes se délectent avec ce genre d’affaire, qu’elles soient imaginaires, ou bien réelles comme dans ce cas. Cécile Ducourtieux publie dans Le Monde d’aujourd’hui [6/02] un long article, enquête menée sur place au Royaume-Uni, à Oldham. Un millier de jeunes filles, parfois mineures, ont été entraînées dans la prostitution au début des années 2000. L’enquête policière a été difficile, les jeunes filles se taisant, car elles-mêmes impliquées dans des délits mineurs et protégeant leurs "petits amis" proxénètes. S’il est indéniable que des Pakistanais ont été impliqués dans ce scandale et que l’omerta a été en partie due au fait qu’il ne fallait pas éveiller des réactions racistes, il n’empêche qu’il y a eu des présentations abusives, comme ces militants d’extrême droite (comme chez nous) affirmant que 84 % des délinquants des grooming gangs étaient d’origine pakistanaise, alors que, comme l’indique Le Monde, les chiffres du ministère de l’intérieur (britannique) publiés en novembre 2024 pour l’année 2023 « 83 % des suspects dans des crimes d’exploitation et de violences sexuelles sur mineurs sont blancs ».
Il y a fort à parier que le milliardaire (dont les actions sont en berne, nombreux actionnaires quittant le navire Tesla) trouvera bien d’autres scandales à dénoncer. Il vole déjà au secours d’un militant politique britannique d'extrême droite et islamophobe (qualifié de « fasciste » par Libération) en prison pour ses manifestations violentes. La France est pour le moment ignorée par le magnat qui saute comme un cabri, le nombril à l’air, dans les meetings trumpistes, mais il faut s’attendre à ce qu’il vienne au secours de ses fidèles soutiens dans l'Hexagone, les quelques médias complotistes, racistes et fascisants. [6 février]
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. Les enfants perdus d’Angleterre, YF.
Aéronautique : l’experte de CNews
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Christine Kelly, la madone de CNews, qui murmure et susurre, a donné son avis d’experte sur l’accident d’avion/hélicoptère survenu à Washington au-dessus du Potomac ayant fait 67 morts : redoutant sans doute qu’on imagine que le pôvre Trump puisse être mis en cause sur la gabegie de la sécurité aérienne depuis son arrivée au pouvoir, elle a cru devoir affirmer qu’elle avait « travaillé dans l’aéronautique » ce qui lui donnait compétence pour dire que jamais un tel accident ne peut se produire. Conclusion péremptoire : c’est sûrement une nouvelle affaire type 11-septembre. De son côté, Trump a volé au secours des militaires (de l’hélico), mettant en cause le contrôleur aérien.
Une enquête approfondie dira certainement ce qui s’est passé, rien n’exclut que le pilote de l’hélico n’ait pas vu l’avion. D’après un connaisseur que j’ai consulté, le TCAS (Traffic Collision Avoidance System) destiné à éviter ce genre de collision a pu ne pas fonctionner car les aéronefs étaient à très basse altitude. Le lendemain, un avion sanitaire transportant une fillette mexicaine qui venait de subir une opération s’est écrasé à Philadelphie. Cela ne fait que rajouter aux rumeurs que certains médias entretiennent par goût du complot. Alors qu’aux USA, il y a malheureusement presque tous les jours des accidents d’avions légers (4 places maxi) car il y a énormément d’avions dans les airs : en 2018, ce sont environ 25 millions d'heures de vol annuelles qui sont réalisées avec 167 000 avions certifiés, 10 000 hélicoptères et 34 000 avions expérimentaux (source : Air Traffic By The Numbers).
En attendant, CNews s’est une fois de plus ridiculisé : faut-il préciser que la compétence en matière aéronautique de Christine Kelly est le fait qu’elle a envisagé un temps d’être hôtesse de l’air, avant d’être "journaliste", sans que personne n’ait jamais su d’ailleurs comment elle avait pu se retrouver durant quelques années au CSA, l’ancêtre de l’Arcom, la Haute Autorité de la télé ! [5 février]
IA : on est cerné !
L’IA bat son plein, on cause partout de cet artificiel plus ou moins intelligent. Un Sommet doit se tenir ces lundi et mardi à Paris au Grand Palais (il s’agit en Europe de montrer qu’on peut être à la pointe, et non à la traîne des Chinois ou des Américains). Si comme moi on n’y connait pas grand-chose, on a cependant d’une part repéré que l’IA est déjà là dans beaucoup de processus informatiques que nous manipulons (moteurs de recherche, reconnaissance vocale, GPS, etc), d’autre part qu’il est peu vraisemblable qu’elle ne vienne pas bouleverser les sociétés sur de nombreux aspects (emplois, droits d’auteur, surveillance, etc).
Il y a quelques semaines, quand j’ai entendu parler de DeepSeek, l’appli chinoise, curieux, je suis allé voir : bluffé par ses performances. Après quelques questions posées, je me suis dit que ça n’allait pas très loin, mais que cela pouvait être un moyen comme un autre de vérifier une info (en parallèle de Wikipédia par exemple). Je lui ai posé une question sur le RSA (revenu de solidarité active) : la fiche qu’il m’a produite [3] en l’espace de deux secondes est courte mais bonne… mais date un peu. En effet, elle parle du RSA activité, qui était dans la loi de 2008 de Martin Hirsch (sous Sarkozy) mais a été supprimé sous Hollande en… 2016, avec la création de la prime d’activité. Par ailleurs, elle annonce un montant de 2023 (607 € au lieu de 635 actuels), erreur vénielle car le premier chiffre est souvent encore donné sur internet, même par la CAF. Par ailleurs, l’IA conseille, avec raison, de se renseigner auprès de la CAF ou sur le site internet de cette dernière.
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Depuis longtemps, je me suis aperçu que des petits sites s’affichant quand on consulte la page web d’un média nous délivrent des infos, dont l’écriture est étrange, mécanique, et le contenu approximatif (ce qui n’empêche pas que la page soit signée Tartempion, en général un nom bien plus ésotérique, l’auteur ou l’autrice en note se décrivant comme très passionné par le sujet, cherchant maladroitement à dissimuler qu’il n’y a certainement pas d’humain derrière ce texte). Dans deux textes [1 et 2], je lis qu’il y a 4 ou 3,9 millions de bénéficiaires du RSA, chiffre qui n’a jamais existé (il est actuellement de 1,8 million, et a été au plus fort à 2,2). Si l’on tient compte des ayants-droit, on arrive effectivement à 4 millions, mais seul un robot ou un pigiste mal informé peut confondre le nombre de bénéficiaires avec les ayants-droit. Dans d’autres fiches, on lit des erreurs sur les montants, ou des jugements sur des gens au RSA qui ne veulent pas travailler. [8 février]
. Ces chroniques sont parues sur ma page Facebook aux dates indiquées entre crochets.
Billet n° 843
Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et là. "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au n° 600. Le plaisir d'écrire et de faire lien (n° 800).
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