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Billet de blog 17 décembre 2024

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D’abord applaudir la chute du bourreau

La chute du bourreau de Damas a fait émerger des commentateurs qui ne se sont pas privés de stigmatiser ses crimes alors qu’ils avaient été bien silencieux jusqu’alors. D’autres ont un temps justifié les bombardements de Poutine venu à la rescousse d’Assad, les pires ont dansé sur la prison-cimetière de Saydnaya. Recueil de chroniques.

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Syrie : prenons le temps d’applaudir la chute du bourreau

Le 3 décembre, sur France 5, l’émission C ce soir était consacrée à la Syrie : les rebelles partis d’Idlib, avaient pris Alep, Hama et fonçaient sur Homs. Le débat était fort intéressant. Je pensais partager ces infos, d‘autant plus que sur le plateau il y avait Firas Kontar, que je suis depuis des années sur son compte Facebook et dont j’ai plusieurs fois évoqué les positions : opposant de la diaspora au pouvoir inique de Bachar Al-Assad, il ne s’est pas privé de mettre en cause certaines positions à gauche. On ne pouvait imaginer que tout irait si vite. Hier, Damas est tombée et on a appris que le bourreau du peuple syrien serait réfugié à Moscou (le Kremlin a lâché le régime ce qui est certainement signe de sa propre faiblesse, sans parler des mollahs iraniens qui tremblent à l’idée d’une révolution interne car le renversement de la dictature syrienne n’est pas venu de l’extérieur).

Illustration 1

Aujourd’hui, si dans les médias la crainte d’un nouveau pouvoir autoritaire, islamiste, est abordée, il y a comme un consensus sur le fait que la dynastie Assad a martyrisé les Syriens : arrestations, tortures, exécutions sommaires, corruption, déliquescence économique, pays à l’agonie. Le chef d’État à l’occidental ne garantissait en rien la démocratie et le développement social : pouvoir de 40 ans et guerre de 13 ans, 100 000 disparus, 500 000 morts au bas mot, 90 % du fait des Assad. La population de Hama, citée plus haut, s’était révoltée en 1982 (y compris un groupe de 200 à 300 combattants islamistes) et a été cruellement réprimée (assiégée et bombardée à l’artillerie lourde) provoquant la mort de milliers d’habitants (7 000 à 35 000 victimes). L’Occident n’en avait rien à faire. Assad a utilisé l’arme chimique contre les révoltés  : la première fois, en 2013, Obama a refusé à la dernière minute de réagir bien que la "ligne rouge" était franchie (alors que la France, du président Hollande, s’apprêtait à intervenir) : cette lâcheté occidentale a donné libre cours non seulement à Poutine, conscient qu’il avait les mains libres dans ses visées impérialistes mais a également boosté Daech. La deuxième fois, en 2017, c’est Donald Trump qui a fait bombardé les installations chimiques (que Poutine était censé avoir détruites).

En France, le martyre subi par le peuple syrien n’a pas entraîné de mouvements de foule, de manifestations, excepté les défenseurs habituels des migrants qui au jour le jour venaient en aide aux réfugiés, défendaient leur dossier, leur fournissaient des moyens de survie. En 2016, une délégation LR (dont Thierry Mariani et Valérie Boyer) s’est rendue tranquillement à Damas pour dire son soutien au tyran. Le RN, pro-Poutine, approuvait Bachar et envoyait régulièrement le député Mariani, devenu RN, rendre visite à un dictateur censé tuer du musulman. Les médias d’extrême droite (CNews, Journal Du Dimanche) faisaient les yeux doux au massacreur, un des chroniqueurs pro-Assad de CNews et d'Europe 1 est le complotiste Régis Le Sommier, ancien "journaliste" de Russia Today [RT] interdit en France depuis l’attaque russe contre l’Ukraine).

Mais à gauche aussi, tout n’était pas clair : Jean-Luc Mélenchon, longtemps conseillé par Djordje Kuzmanovic, approuvait les bombardements russes sur les populations civiles, en prétendant que cela ne visait que les djihadistes (pour avoir dénoncé dans mes écrits les propos de Kuzmanovic celui-ci m’a noyé de messages pour justifier ses positions et m’affirmer qu’il avait toujours eu le soutien du leader de LFI, jusqu’à ce qu’il quitte ce mouvement pour en fonder un, souverainiste et proche de la droite extrême). Le Média (proche de LFI) a un temps démenti les exactions commises par l’armée de Bachar (entre autres, lors du bombardement largement authentifié de la Ghouta en février 2018). Apprenant la chute du régime, Mélenchon a renvoyé tout le monde dos à dos en déclarant : « Je me réjouis à 100 % de la chute du régime d’al-Assad en Syrie. Je me méfie à 100 % des nouveaux maîtres du pays ». Il y a fort à parier que les déclarations précédentes de JLM seront rappelées, portant tort à LFI, pas seulement de la part de la droite extrême et de l’extrême droite compromises (qui n’ont pas de leçons à donner, elles qui allaient jusqu’à récuser le droit des Syriens à solliciter l’asile) mais aussi en provenance d’analystes de gauche et d’extrême gauche qui n’ont pas cessé de relever cette absence de condamnation sans réserve d’un régime sanguinaire, erreur morale et géopolitique, qui fragilisait considérablement le programme socialement progressiste de La France Insoumise.  

. photo parue dans L’Orient Le Jour : site ici

. Firas Kontar a publié en 2023 Syrie, la Révolution impossible, chez Aldeia, ouvrage dans lequel il décrit le drame syrien, établissant des liens avec l'histoire de sa famille, originaire de Sweida, région de la minorité druze.

Illustration 2

[9 décembre]

Netanyahou bombarde et pénètre en Syrie

Des rebelles, dont certains sont islamistes, ont renversé le tyran de Damas, après tant d’années d’humiliations, de tortures, de crimes, de massacres, tandis que le monde entier ne faisait rien, laissant se commettre les pires exactions. Aujourd’hui, l’Occident ratiocine pour savoir si les vainqueurs ne seraient pas plus dangereux qu’Assad. Joulani, le leader des insurgés vainqueurs, qui a été un combattant djihadiste actif, est scruté dans tous ses actes : on consacre des éditos sur sa barbe et sa tenue, on dit moins qu’à Idlib un de ses adjoints a été exécuté par des extrémistes qui ne supportaient pas ses ouvertures (dont le droit des filles d’aller à l’école). Mais on sait comment tant de fois des espoirs ont été douchés, donc se méfier n’est pas injustifié. Que le gouvernement provisoire ne soit composé que des collaborateurs de Joulani à Idlib est effectivement un problème. Mais ce sont bien souvent les mêmes qui stigmatisent l’intégrisme de ces rebelles qui tolèrent sans problème celui de l’Arabie saoudite. Ce sont les mêmes également qui ont nié qu’il y avait eu une résistance à Bachar qui était laïque, avant que le tyran ne libère des djihadistes pour qu’ils gangrènent la rébellion.

Israël profite du contexte pour détruire l’armée syrienne, tous ses avions, ses hélicoptères, y compris ceux servant aux secours, est inadmissible [destruction de 80 % des capacités de l’armée syrienne sans aucune déclaration de guerre]. Pire : Israël fait une incursion en Syrie, sur la partie syrienne du plateau du Golan [des habitants près de la frontière ont été chassés de leurs villages]. En invoquant le risque d’un Etat islamiste pro-iranien à ses portes, Netanyahou peut tout justifier, y compris une nouvelle occupation, sinon annexion. Il veut montrer, prétextant des menaces sur sa sécurité, qu’il est le maître de la région. Or qu’était Bachar Al-Assad sinon un proche de Téhéran, qui le soutenait en retour, avec, entre autres, le Hezbollah (on ne peut nier que l’action d’Israël contre cette milice chiite libanaise a affaibli Assad, tant le Hezbollah lui apportait un appui, mais Israël n’a pas visé la chute du bourreau, qui n’est due qu’à des interventions internes à la Syrie).

Illustration 3
Dessin de Najah Albukai

Dans la chute de l’ophtalmo-boucher, l’armée syrienne ne s’est grosso modo pas mal comportée, elle n’a pas résisté, il est donc totalement injuste de la massacrer, comme le disait Jean-Pierre Perrin, spécialiste du Moyen-Orient, le 11 décembre sur le plateau de C ce soir (France 5). Lors de cette même émission, Najah Albukai (dessinateur syrien, voir plus loin) a estimé qu’Israël par cette opération de guerre cherche à provoquer les islamistes (pour justifier une réaction israélienne démultipliée), notant que Joulani n’a pas réagi, seuls les modérés syriens ont protesté contre les attaques menées par l’État hébreu.

En réalité, l’erreur est d’avoir une analyse binaire de ce qui se passe dans cette région (d’ailleurs, les approches binaires sont toujours condamnables) : Assad, ami des mollahs, n’était pas l’ennemi d’Israël (il n’a pas bougé en faveur des Palestiniens de Gaza ni des Libanais bombardés). C’est pourquoi Israël n’était nullement gêné par ce voisin et par les 400 000 morts (dont 90 % sont imputables à Assad), les 500 000 emprisonnés dans des conditions effroyables, les 100 000 disparus.

[12 décembre]

. voir mon post du 16 mai 2021 sur les geôles d’Assad :

Les geôles d’Assad

Illustration 4

Najah Albukai, professeur de dessin en Syrie, n’était ni djihadiste ni membre de la rébellion contre le pouvoir confisqué par la caste des Assad. Mais dénoncé pour avoir participé à une manifestation en 2012, il a été incarcéré dans des conditions effroyables, comme des milliers d’autres (enfermé sans lumière, distinguant à peine les silhouettes des autres). Puis à nouveau en 2014 pour avoir tenté de quitter le pays. Là, il y a de la lumière et il assiste à des scènes qu’il va représenter une fois parti en exil (il lui était impossible de réaliser ces dessins en Syrie sinon cela aurait été la fin pour lui). La vie, sur 1,4 m² chacun, consistait en un repas (pommes de terre et olives) et séances de coups. Les gardiens les plus violents étaient ceux qui avaient été eux-mêmes internés auparavant pour irrespect envers la hiérarchie militaire, ils faisaient du zèle. Il évoque aussi les massacres et les pillages des hommes de Bachar dans les villes réputées rebelles. Ses dessins resteront le témoignage, digne de Goya ou de Zoran Music (Dachau), sur l’horreur que le boucher de Damas a instauré dans son pays, avec le soutien de Vladimir Poutine et grâce, chez nous, au silence de certains et la honte de ceux qui se bousculent pour aller lui serrer la main, fermant les yeux sur près de 400.000 morts.

. Sources : Le Monde du 16/17 mai 2021 et site de la Galerie Fait & Cause, Paris.

Les deux RN qui dansaient sur un cimetière

Illustration 5
Thierry Mariani (RN) et Nicolas Bay (RN puis Reconquête de Zemmour avant d’être Identité-Libertés de Marion Maréchal) se pavanent à Damas à deux pas de la prison de Saydnaya, la pire au monde.

On a vu des images de la prison de Saydnaya, horribles. On se souvient que Thierry Mariani (RN) et Nicolas Bay (RN puis Reconquête de Zemmour avant d’être Identité-Libertés de Marion Maréchal) se pavanaient à Damas à deux pas de cette prison, la pire au monde. Ils osent prétendre qu'ils ne savaient rien. Qu’attend le parquet antiterroriste pour engager des poursuites contre ces deux dangers publics ?

[12 décembre]

"Ton tour est arrivé, Doctor"

Illustration 6
Jay alek el ddor ya doctor

En février 2011, alors que les printemps arabes battent leur plein et que les dictateurs de Tunisie et d’Egypte, Ben Ali et Moubarak, ont dû fuir, deux gamins syriens Thamir et Hamza, 14 et 13 ans, à Deraa, au sud de Damas, écrivent sur un mur : « Jay alek el ddor ya doctor » [ton tour arrive, docteur]. Bachar Al-Assad est médecin, la police ne s’y trompe pas : elle les arrête, les frappe à coups de câbles électriques, leur arrache les ongles et les jette en prison. Les parents venus réclamer leur libération sont insultés, injuriés de telle sorte que toute la ville, l’apprenant, sera révoltée par ce comportement policier.

Illustration 7

L’embrasement de la Syrie est parti de là, déclic contre un dictateur, comme Mohamed Bouazizi, petit marchand ambulant en Tunisie, harcelé par la police qui s'était suicidé par immolation, ce qui déclenchera la révolution tunisienne.

Voir extrait de la Cour de Justice Internationale :

« En mars 2011, les forces de sécurité syriennes ont arrêté et torturé un groupe d’enfants syriens accusés d’avoir dégradé des bâtiments publics en y peignant des graffitis antigouvernementaux dans la ville de Dar’a, ce qui a provoqué de nouvelles manifestations pacifiques dans la ville. Après que leur famille a récupéré les corps mutilés de Thamir Al Sharee, 14 ans, et de Hamza Ali Al Khateeb, 13 ans, détenus en avril lors d’un incident distinct, les manifestations se sont étendues à toute la Syrie ».

Document de la CIJ, § 26 : ici

[10 décembre]

"L'enfant qui n’a jamais vu le ciel"

Firas Kontar, depuis des années, renseigne entre autres sur Facebook, sur la situation en Syrie. [Comme indiqué plus haut], il a publié Syrie : La révolution impossible (éd. Aldeia). Politologue et juriste, défenseur franco-syrien des droits de l'homme, il ne cessait de faire entendre la voix des Syriens, luttant contre la tentation de l'oubli et de l'aveuglement. J'ai, depuis des années, partagé ses posts, convaincu qu'il tenait une parole juste sur cette tragédie syrienne, y compris lorsqu'il mettait en cause des politiques de tous bords, en France, approuvant les bombardements russes sur les civils et ménageant Bachar Al-Assad. Sollicité par Le Monde, il a publié une tribune dans le quotidien : « Retrouver cette identité syrienne, après des années de guerre que le régime a voulu confessionnelle, est le vœu le plus cher, tant pour les minorités que pour la majorité des Syriens. En 2011, les premiers manifestants scandaient des slogans appelant à la dignité et à la liberté pour tous les Syriens, toutes confessions et ethnies confondues ».

. Comment raconter une histoire à un enfant qui de sa prison ne sait pas ce que sont le ciel ni les oiseaux.

[13 décembre]

La Syrie, rideau de fumée pour la Palestine ?

Il a fallu que des commentateurs bas du plafond, y compris certains se disant de gauche, proclament que les infos sur la Syrie sont là pour cacher celles sur la Palestine. Thèse, insupportable pour ne pas dire ignoble, consistant à considérer que parler de la Syrie a pour but de dresser « un rideau de fumée » face aux massacres commis par Israël à Gaza et au Liban (1). Les tenants de cette thèse, qui tente en réalité à minimiser le martyre qu'a subi le peuple syrien, sont le plus souvent des polémistes de salon, n'ayant même pas forcément montré un engagement soutenu en faveur de la cause palestinienne, cultivant la concurrence des causes à défendre. Déjà, on a entendu les pro-Netanyahou reprocher aux militants et militantes soutenant les Palestiniens de négliger les autres peuples en souffrance. Comme si condamner Israël pour la destruction du peuple palestinien à Gaza empêchait de se préoccuper des Ouïghours ou de la crise humanitaire au Soudan.

(1) voir le tract Gallimard Vu du Liban, la fin d'un pays, la fin d'un monde ? d'Anthony Samrani, journaliste au quotidien libanais L'Orient-Le jour, court texte de 44 pages fort bien écrit et instructif sur le Liban et la guerre.

La guerre à Gaza est un génocide

Illustration 8

Amnesty International, dans un rapport de 300 pages, conclut que l'action de guerre menée par Israël à Gaza relève du génocide. Les actes commis répondent à la définition retenue en 1948 par une Convention pour la prévention du crime de génocide : "actes commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux". 200 témoignages de Gazaouis ont été recueillis, et sont citées des déclarations d'officiels israéliens ne dissimulant pas leur intention génocidaire, faisant parfois référence au récit biblique (comme Netanyahou évoquant le peuple d'Amalek totalement détruit pour avoir attaqué des Israélites). Le rapport met également en cause les États qui soutiennent Israël en lui fournissant des armes, en l'aidant donc dans la réalisation de ce génocide.

Difficile à imaginer qu'Amnesty puisse être accusée d'antisémitisme : de la part de fous à Jérusalem ou de l'ex-député Meyer Habib, sans doute, mais Amnesty International (à laquelle je m'honore d'adhérer depuis 52 ans) a suffisamment montré son impartialité (ayant évidemment de nombreux Juifs parmi ses militants) pour ne pas faire l'objet d'un tel reproche. Mais l'instrumentalisation de l'antisémitisme (totalement néfaste pour les Juifs) est telle qu'il faut s'attendre à tout.

. rapport d’Amnesty : ici

Chaque jour, Gaza connaît son lot de terreur. Encore dimanche soir, l’école de Khan Younis a été touchée par un obus dans un étage supérieur en béton où les gens vivaient au moment de l'attaque. Selon l'UNRWA (agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens), 13 personnes sont mortes et 48 ont été blessées. Israël qui prétend prévenir de ses attaques (quitte à ne pas laisser le temps aux populations de se mettre à l’abri), n’avait procédé à aucun avertissement. Des enfants sont morts, ou sont très grièvement blessés (l’une, deux ans, a perdu la vue), leurs parents ont été tués.

Hier, on comptait 45000 morts en 14 mois de guerre menée contre le peuple palestinien.

Le 17 décembre, un franco-israélien fait l’objet d’une plainte en France pour génocide, suite à une vidéo, dont il serait l’auteur, où on le voit insulter un Palestinien entravé qui a été auparavant torturé.

Ne pas oublier Mustafa et Hamid

Illustration 9
Le camp de Loon-Plage, près de Dunkerque, en novembre 2024 [Photo : InfoMigrants]

Ils avaient 19 et 30 ans, ils étaient kurdes iraniens, ils séjournaient au camp de Loon-Plage, dans le nord de la France, près de Grande-Synthe et de Calais. Ils ont été tués samedi par balle par Paul D., 22 ans, qui avait, auparavant, abattu son ex-employeur (Paul Dekeister) et deux agents de sécurité d’une entreprise dans laquelle il avait travaillé (Marc Lehmus et Aurélien Cugny). On ne connait pas les noms des deux migrants, certains commentaires émettent l’hypothèse qu’ils ont été exécutés au hasard. Les occupants du camp sont paniqués. Cela n’a pas empêché un rédacteur en chef de Valeurs actuelles, Amaury Brelet, de publier tout de suite un tweet pour dire que « les faits auraient eu lieu dans un camp de migrants », invoquant une source policière. Un site Officiers et Commissaires de police a aussitôt prétendu qu’une « fusillade se serait produite près du camp de migrants de Mardyck, à Loon-Plage vers Dunkerque ». Et le repris de justice Jean-Marc Morandini a d’abord laissé entendre que la fusillade concernait le camp de migrants.

Cette extrême droite joue sans vergogne sur le fait qu’il y a eu antérieurement des tirs et même un mort à proximité du camp, et cherche ainsi à orienter les soupçons sur les migrants, alors que, comme l’indique une militante d’une association (Salam) à Info Migrants : « Il y a des querelles de pouvoir, de territoire… Mais, pour nous, ce ne sont pas des règlements de comptes entre migrants lambda car il n’y a pas d’hostilité entre les communautés. On le voit bien sur le terrain : tout le monde se mélange. Les conflits, c’est entre les passeurs », « les gens dans les camps ne sont pas des gens violents, ce sont des gens qui ont fui la violence dans leurs pays ». Et qui peuvent mourir d’une violence aveugle (ou d'un crime délibérément raciste) dans le pays où ils se sont réfugiés et qui n’a même pas daigner les accueillir.  

[17 décembre]

. Voir mon récent billet de blog : Jean-Pierre Filiu : la solution à deux Etats en Palestine/Israël. Le professeur Jean-Pierre Filiu est venu à Auch en Occitanie pour présenter son dernier livre et livrer son analyse de la situation en Palestine/Israël : quelle que soit sa supériorité militaire, Israël ne gagnera jamais tant que la Palestine ne sera pas reconnue.

. Ces chroniques sont parues aux dates indiquées entre crochets sur mon compte Facebook, publiées ici avec quelques variantes (corrections, compléments, éventuelles mises à jour).

Billet n° 834

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600Le plaisir d'écrire et de faire lien (n° 800).

Contact : yves.faucoup.mediapart@free.fr ; Lien avec ma page Facebook ; Tweeter : @YvesFaucoup

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