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Billet de blog 20 octobre 2025

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Dans le Gers, une plaque commémorative pour les victimes de Gaza

Un rassemblement s’est tenu à Auch, petite ville moyenne, chef-lieu du Gers, pour dénoncer le génocide commis à Gaza par Israël, apposer une pancarte en mémoire des victimes et une gerbe dédiée aux 17000 enfants assassinés. Prise de parole de l’AFPS, de la LDH, de la FSU, de la CGT, du PC, de LFI, des Écologistes, du POI, d’Amnesty International et d’un maire d’un village Commune pour la Paix.

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À l’appel de plusieurs organisations (Collectif pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israélien), un rassemblement de 80 personne s’est tenu samedi après-midi à Auch sur la place de la République, devant la cathédrale, où ont eu lieu les prises de parole, avant de rejoindre la place de la Libération, en cortège avec une couronne de fleurs dédiée aux "17 000 enfants assassinés" de Gaza. Sur un mur où se trouvent déjà six plaques en hommage aux prisonniers de guerre, aux résistants (déportés et maquisards morts pour la liberté), aux Espagnols résistants, aux Juifs gersois des camps du Vernet et de Gurs déportés vers Auschwitz, aux victimes de persécutions racistes et antisémites et de crimes contre l’humanité sous l’autorité du "Gouvernement de l’État français", aux orphelins arméniens arrivés dans le Gers après le génocide perpétré par le gouvernement turc en 1915, une pancarte a été apposée, dédiée aux victimes du génocide à Gaza.

Illustration 1
[Ph. YF]

Je vais tenter de résumer les discours dont l’ensemble fait 14 pages. Plusieurs interventions rappellent l’histoire des Palestiniens, le vol de leurs terres en 1948, la Nakba (la "catastrophe" qui chassent 700 000 Palestiniens). Tous se réjouissent de la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens, « après deux ans de génocide » et après la reconnaissance de l’État palestinien par la France, tout en ayant des doutes sur un plan de paix imprécis, sans consultation des Palestiniens et prévoyant l’arbitrage d’un ancien premier ministre britannique, dont le pays est complice depuis le début du XXème siècle du non-respect des droits des Palestiniens sur cette terre et qui a approuvé et soutenu la guerre en Irak avec l’Amérique de George Bush, cause des malheurs qui ont suivi (Daesh).

Et tous expriment leur solidarité avec la pose d’une plaque Place de la Libération aux côtés d’autres plaques rappelant d’autres génocides.

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Illustration 2
[Ph. YF]

Deux représentantes de l’Association France-Palestine solidarité (AFPS) relèvent qu’Israël soutient des groupes de pilleurs chargés d’éliminer le Hamas et s’insurgent sur le fait que la Cisjordanie continue à être détruite par les colons en toute impunité. Elles demandent l’entrée massive de l’aide humanitaire, la condamnation des génocidaires, l’arrêt de la colonisation. Françoise, pour La Ligue des droits de l’homme (LDH), présente cet hommage aux victimes de Gaza comme « un temps de silence militant pour écouter ce que le silence des Nations recouvre : la voix d’un peuple, celle des vivants et des morts, la voix de la Palestine. Depuis deux ans, Gaza n’est plus un lieu : c’est une blessure ouverte sur la conscience du monde ». Elle témoigne y être allée pour la première fois à 23 ans, en 1979, comme beaucoup de celles et ceux qui sont ici présents (Jérusalem-Est, Ramallah, Gaza). L’histoire de cette tragédie « ne commence pas le 7 octobre 2023 ». Elle dénonce le mensonge de l’État français qui prétend n’avoir pas livré d’armes à Israël alors que des documents officiels l’attestent. Des dockers de Marseille ont bloqué des conteneurs à destination d’Israël et une manifestation est prévue à l’aéroport de Roissy le samedi 25 octobre. La LDH porte plainte contre Airbnb et Booking qui organisent des réservations dans les colonies illégales israéliennes en Cisjordanie. Elle rend également hommage à Marwan Barghouti, symbole de la résistance palestinienne, récemment passé à tabac dans sa cellule.

Illustration 3
[Ph. YF]

Jacques Sonilhac, maire de Sansan (une centaine d’habitants, Commune pour la paix *) rappelle l’érection dans son village d’un monument en commémoration du drame vécu par les migrants disparus en mer et plusieurs autres actions. S’il dit clairement que le Hamas est « terroriste », il précise que le Likoud, à la tête de l’État d’Israël est aussi terroriste, « cent fois plus ». Les Palestiniens ont voté pour le Hamas il y a plus de 20 ans et n’ont pu s’exprimer depuis, alors que les Israéliens ont sans cesse élu et réélu des partis ouvertement racistes. Israël devrait supporter le coût de la reconstruction. Si les prisonniers du Hamas sont des "otages" pourquoi refuser de nommer ainsi également les prisonniers palestiniens emprisonnés avant et après le 7 octobre de façon illégale et le plus souvent sans aucune charge. Il s’insurge sur l’accusation infamante d’antisémitisme, « manipulation grossière », alors qu’on combat tous les racismes, tandis que l’extrême droite française pro-Israël est foncièrement raciste et prête à faire ressurgir son « antisémitisme viscéral ».

Illustration 4
[Ph. YF]

La FSU présente ses condoléances aux proches des victimes de Gaza. Elle exprime sa tristesse et sa colère sur la situation inhumaine qui touche les enfants palestiniens qui ont été emprisonnés et massacrés, 17 000 ont été assassinés, 145 sont morts de faim. La CGT accuse le gouvernement israélien d’avoir mis à exécution son plan consistant « à s’emparer de Gaza, à déplacer la population déjà bombardée et épuisée, et raser entièrement cette grande ville palestinienne ». Par ailleurs, ce gouvernement a voté l’annexion de la Cisjordanie, toutes mesures qui rendent impossible un État palestinien. Il rappelle qu’un militant de la CGT était présent dans la flottille pour la paix, arrêté par l’armée israélienne, il a passé 5 jours en détention [Cédric Caubère, UD CGT 31, présent au Congrès de la CGT du Gers vendredi]. Il soutient les initiatives des camarades CGT bloquant le matériel militaire partant pour Israël.

Illustration 5
[Ph. YF]

LFI dénonce les bombardements qui subsistent sur Gaza et considère que le plan de paix ne s’inscrit pas dans le Droit international : les droits des Palestiniens ne sont pas garantis, ce qui est inhumain. Par ailleurs, la France et l’Europe sont marginalisées au Proche-Orient. Les Écologistes regrettent que ce cessez-le-feu arrive deux ans après sang, famine et destructions. Rien n’est fait pour qu’un État palestinien puisse réellement exister alors que sa création était prévue en 1948. L’aide humanitaire ne peut toujours pas pénétrer à Gaza ni la presse, interdite par Israël. Le POI lit un texte de Lindsey German, de la coalition Stop the War lors d’une grande manif à Londres [le 11 octobre, 500 000 personnes]. Ce leader a appelé à ce que les criminels de guerre soient jugés. Le PC accuse le « gouvernement fasciste israélien » de détenir illégalement encore 10 000 prisonniers et de mener une « guerre génocidaire » également en Cisjordanie (« attaques de colons, assassinats, nettoyage ethnique et déportation de 40 000 Palestiniens »). Plus de 68 000 tués à Gaza, « volonté méthodique d’exterminer le peuple palestinien », le génocide étant reconnu par l’ONU, la Cour Internationale de Justice, Amnesty International et B’Tselem ONG israélienne des droits de l’homme.

Illustration 6
[Ph. YF]

Un cortège se dirige ensuite place de la Libération (place de la mairie) avec en tête deux jeunes gens portant une couronne dédiée aux "17000 enfants assassinés". Puis une plaque est clouée sur un mur commémoratif. Une militante d’Amnesty International explique alors la démarche de l’ONG l’ayant conduite à estimer juridiquement qu’il y a de la part du gouvernement israélien une intention génocidaire (selon des critères internationaux) : meurtres des membres d’un groupe, dommages physiques ou mentaux graves (blessures irréversibles, personnes détenues au secret et torturées), conditions de vie visant la destruction physique, aide humanitaire empêchée, famine organisée, terres agricoles détruites, destruction du système de santé, conditions sanitaires indignes. La plaque est dévoilée, après retrait d’un keffieh qui la cachait, suivie d’une minute de silence puis d’un slogan : "Gaza, Gaza, le Gers est avec toi". Ensuite, de nombreux poèmes sont lus, avant dispersion.

Illustration 7
Lectures de poèmes palestiniens [Photo YF]

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. Selon le Washington Post du 6 octobre, 61 % des Juifs interrogés aux États-Unis estiment qu’Israël a commis des crimes de guerre contre les Palestiniens, et 39 % un génocide (cité par Le Monde 19/20 octobre].

* En juin 2024, dans le petit village de Sansan, dans le Gers, des citoyens et citoyennes solidaires ont rendu hommage aux exilés disparus en mer.

Illustration 8
[Photo YF]

Billet n° 886

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600Le plaisir d'écrire et de faire lien (n° 800).

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