
Zaëlle Noyoub
Poétesse voyageuse
France
Sa biographie
Difficile d’écrire sur soi, à partir de soi. Et pourtant tellement nécessaire.
Dire « je », c’est se livrer plus totalement encore, ne laisser aucune issue de secours, aucune voie de repli d’urgence.
Ce « je », je vous le dois pourtant, à vous qui lirez ces lignes. Pour que vous sachiez d’où j’écris1…
et l’univers qui enfante mes mots.
Et puis, surtout, je me le dois à moi. Parce ce qu’en disant « je », je me permets de prendre ma place, d’exister, de vous regarder dans les yeux aussi.
Je me mets au monde pour laisser le flot de mes mots, les rayons de ma lumière et l’eau sombre de mes ténèbres se répandre librement hors des murs derrière lesquels je les ai si longtemps retranchés. J’espère qu’ils vous toucheront car je sais que, vous aussi, en êtes pleins.
J’écris donc depuis ce corps qui m’a été donné et du bout de ces doigts tapant sur les touches d’un clavier. Mais ça, vous vous en doutiez. Mes doigts sont fins et osseux, mes ongles courts et ma peau blanche. Claire comme le blond de mes cheveux coupés courts et qui forment une crinière rêche tout autour de ma tête. Claire comme le sont mes yeux. Claire comme une clarté qui me sert de passeport presque partout où je vais. Claire qui fait que l’on ne me demande jamais d’où je viens d’un air méfiant ou exagérément enjoué. Claire qui me rend invisible aux contrôles policiers.
J’écris depuis ce corps assis sur cette chaise devant un petit bureau et une grande fenêtre donnant sur la forêt. Ce corps qui peut taper ces mots et qui saura plus tard se relever, enfiler des chaussures pour partir se promener. Ce corps qui n’a jamais été trop questionné, évalué, examiné ou violenté. Ce corps de femme dans lequel j’habite la plupart du temps à mon aise et avec lequel je peux sortir de chez moi sans même avoir à y penser, sans que les regards m’y renvoient. Ce corps qui me permet seulement d’entendre ce que c’est que de s’y sentir à l’étroit, comme c’est le cas pour nombre d’autres autour de moi.
J’écris depuis cette vie de femme, trentenaire autrefois petite fille jouant dans la boue et grimpant aux arbres, élève appliquée et sans histoire, enfant aimée et pleine d’espoir, adolescente mille fois déçue, étudiante réenchantée, voyageuse impromptue.
Voilà d’où je pars, voilà d’où j’écris. Je vous le dis car je veux que vous sachiez que tout ce que j’écris part de là, et seulement de là. Je ne prétends pas parler d’autre chose que ce que j’ai moi-même éprouvé ou vécu, quelles que soient les histoires qui me tiennent à cœur et les rêves auxquels je me rallie volontiers.
Car je crois que si j’occupe pleinement et humblement ma place, je laisse aux autres l’espace d’occuper justement la leur. Je leur laisse le soin de parler de leur réalité, que je ne peux espérer saisir que par ce qu’ielles m’offriront à voir de ce qu’ielles voient depuis leurs yeux.
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