Je n'ai jamais été une fervente de Bachar mais j'ai bien l'impression que le galimatia français a réussi dans ses efforts: je commence à y songer. Il faut dire que le grand concert du politique, allié au médiatique, a atteind des sommets ces jours-çi . Après la très accablante déclaration des rebelles sur leur souhait d'installer la charia voilà qu'on nous dévoile la façon (peu rassurante) dont notre président souhaitait justement aider ces derniers. Le simple observateur ne peut que perdre pied
Perdre pied c'est ce que, sans connaitre la Syrie, on ne pouvait que commencer à faire quand l'AFP et Liberation sont partis en reportage à Maaloulaa "embedded dans l'armée syrienne"...
Déjà difficcile de comprendre pourquoi des journalistes français ont pu avoir peur des rebelles qu'ils défendaient depuis deux ans avec tant d'ardeur. "Ah mais ce ne sont plus les mêmes qu'au début où il étaient si gentils" fut en gros l'explication. Admettons...... Mais de là à demander protection à l'armée d'un tyran, un monstre, un bourreau, il y a un pas. Le pas (manifestement vite franchi pas l'AFP et Libé) de se dire que pour le coup, il (le monstre) pourrait quand même assurer un brin votre protection. J'imagine qu'ils avaient finement laissé les anciens numéros de Libé de la Syrie en France...
Quoi?
Bande de salauds, de pétainistes, d'opportunistes pro-tyran courant après votre salaire !!! (pardon mais c'est la réponse de la bergère au berger)
Vous laisser la parole à l'ignoble enemi juste pour pouvoir faire votre petit boulot et rapporter vos 3 minutes 32???
Bonjour la déontologie surtout quand je ne me souviens pas d'avoir lu grande interview de simple citoyen syrien déclarant leur soutien au tyran. On aurait dû commencer par là me semble-t-il.
Qu'on ne s'étonne pas, en tout cas, que le lecteur lambda désespère de comprendre quelque chose...
Ou alors ô miracle! (ça doit être Maaloulaa) chers AFP et Libération, vous êtes en train de vous orientaliser un peu....C'est à dire que vous devenez pragmatiques et qu'aux vues de la situation actuelle des uns et des autres ("offensive médiatique de l'un" "erreur tactique de l'autre"), vous surfez sur la vague....
Aaaaaaahhhhhhh.....
Si c'est le cas, ouvrez les yeux, héros de l'AFP..... peut-être n'êtes vous pas les seuls à faire de même en Syrie? C'est une occasion unique de piger un truc sur le coin. Oui . On parle peut-être d'une longue tradition orientale de compromis, entre recherche de sécurité et besoin de manger.
J'entends déjà les cris: "mais il n'y a aucun compromis à accepter entre les deux!" à quoi je repondrais ce sage conseil que disait un jour un ami libanais hilare à une jeune touriste française ( offusquée par.... à peu près tout....) "Il est un peu tôt pour que vous déménagiez en Orient, alors!"
Pardon d'essayer de sourire mais vraiment la situation est trop glauque pour ne pas essayer de prendre un peu de recul.
Bien, revenons en aux points sur lesquels j'aimerais attirer votre attention.
Pour ce faire, j'aimerais commenter pour vous cette triste carte diffusée par le HCR - http://data.unhcr.org/syrianrefugees/syria.php-
Cette carte nous en dit long.
Comme elle l'annonce, elle se penche sur le sort de 2.131.493 réfugiés qui sont touchés par la violence en Syrie.
Reprenons donc les chiffres au moment où je la lis (la carte est interactive avec l'actualité):
Liban: 775 991 personnes
Jordanie: 525 231 personnes
Turquie: 494.361 personnes
Irak: 194.234 personnes
Il est d'emblée interessant de savoir, que les 4 pays concernés ont toujours été relativement facile d'accès pour les syriens (à titre d'exemple il n'y a eu que fort recemment une ambassade du Liban en Syrie (ouverture en 2010), tellement les syriens se sentaient "chez eux" au Liban)
Les habitants du Liban le savent bien eux dont le petit pays a toujours connu la présence de l'armée syrienne depuis leur dévastatrice guerre civile puis vu, ensuite, beaucoup de leurs immeubles reconstruits au noir par des syriens, ou leurs champs entretenus cueillis et cultivés par quelques bédouins moins chers du grand pays voisin. On passait toujours comme on voulait d'un pays à l'autre.
On continue de le faire sauf que les chiffres ont explosés.
Il s'agit d'autre chose. Il s'agit d'une déstabilisation pure et simple et on reste un peu abasourdi devant la grande magnanimité (inconscience?) de Najib Mikati, premier ministre libanais, qui a déclaré hier sur Euronews que le Liban ne fermera jamais ses portes aux réfugiés syriens. http://www.lorientlejour.com/article/835719/-le-liban-ne-fermera-jamais-ses-portes-devant-les-refugies-syriens-assure-mikati.html -
C'est fort "politique" comme parole, mais j'avoue que mes amis libanais sont franchement inquiets étant donné les antécédents douloureux (comprendre, la guerre) indiscutablement liés à l'arrivée massive de réfugiés palestiniens après la création de l'état d'Israël....Qui peut dire qu'ils ont tord d'être inquiets (et furieux de ces propos)?
Surement pas moi, mais là n'est pas mon angle de vue.
Mon angle de vue c'est de dire que si TOUS ces refugiés syriens avaient voulus, avant les évènements, aller au Liban par terreur de leur gouvernement, ils pouvaient le faire et l'auraient fait . De même pourquoi ont-ils commencés à fuir dés le début des évènements, alors que ces derniers, si l'ont en croit nos grands spécialistes était la chance de leur vie de virer leur président? Et, plus stupéfiant encore pourquoi l'ensemble s'est-il transformé en hémorragie épouvantable de population (l'expression est du HCR) quand la possibilité d'une intervention militaire de l'Occident à commencer à tarauder nos dirigeants? Mais que craignaient donc les syriens, puisqu'ils étaient censés être anti Assad? Là encore voilà des gens qui auraient dûs nous attendre en brandissant des drapeaux américains ou Français... que sais-je!
Pas du tout. Ils sont tous partis encore plus vite.
Dans le cas de la Turquie, l'Histoire est différente. Jusqu'en 2009, un citoyen syrien avait besoin d'un visa pour aller en Turquie . Ce dernier était assez facile à obtenir avec un passeport en règle et un peu d'argent mais comme le passeport lui même était une vraie plaie à avoir (mais on l'obtenait), cela a beaucoup regulé les déplacements entre les deux pays. Après 2009, les relations économiques et politiques syro-turques s'étant agréablement rechauffées (il faut croire que la Turquie n'avait pas remarqué que Bachar était un grand tyran ) on décida qu'il n'y avait plus besoin d'aucun visa mais de la seule présentation de la carte d'identité. Là encore, il n'y a pas eu de raz de marée vers la Turquie. Les arrivées de syriens en Turquie ont commencés quand "la liberté s'installa à Alep" et que manifestement la population du nord de la Syrie et d'Alep n'était pas en consensus réelle sur cette nouvelle vision "de leur liberté". La nuance par rapport à l'attitude libanaise, c'est qu'assez vite les turcs ont considérés que le nombre des réfugiés était trop grand et ont imposés des quotas. Après avoir encouragé et hebergé la base arrière des rebelles, le procédé est assez inélégant en cela qu'il nie que "tout ne se passe pas exactemnt comme promis " mais "démerdez vous donc"...
La Jordanie a connu des raz de marée successifs au bout de 6 mois de rebellion. Là encore je m'étonne. La Jordanie est majoritairement sunnite et l'on nous soutenait que les rebelles l'étaient aussi. Pourquoi choisir de partir quand l'heure est à la rebellion? Ou devons-nous au contraire admettre que la population syrienne réfugiée n'a pas suivie cette rebellion et est allée vers qui devait le plus logiquement l'accueillir (je parle en terme religieux et de réputation "d'avoir de l'argent") (d'autant que les syriens savaient très bien qu'il y avait eu beaucoup de camps de réfugiés irakiens en Jordanie, quand l'Amérique a attaqué l'Irak). Je sais en tous cas que c'est le raisonnement qu'a fait ma belle famille. Ils ont vu leur village détruit (voir mes précédents billets) et 9 personnes de notre famille mourir sous le coup de personnes dont ils ne comprenaient à peine l'arabe et dont l'interpétation de l'islam (!) ne leur disait rien de bon, la Jordanie les a rassuré. Et puis ils ne doutent pas (et même espèrent, il faut bien le dire) que l'armée syrienne viendra à bout de "ce bordel" donc ils attendent, en Jordanie. Un peu comme un journaliste de l'AFP coinçé, sous les tirs rebelles dans une voiture à Maaloulaa.......finalement.
Mon questionnement est je pense assez clair: comment se fait-il que les citoyens deguerpissent quand l'idée d'une ouverture face à une tyrannie , se profile? et surtout se barrent 5 fois plus vite quand on leur annonce que "ça y est! " l'Occident vient finir le boulot et les sauver du tueur sanguinaire? C'est en tout cas l'explication que l'on a eu de cesse d'entendre (en attribuant au passage tous les morts à l'action de l'armée syrienne ce qui est une information manipulée)
Je maintiens que la version "politically perfect" du "peuple se soulevant contre le dragon" est loin d'être aussi évidente et claire que les regards virginaux de nos politiques voulant "aider un peuple aux abois".
C'est maintenant que les syriens sont aux abois.
C'est maintenant que le pays a perdu ses espoirs d'expansion économique.
C'est maintenant que le Liban est au bord de la crise interne tellement sa population est déséquilibrée.
Reprocher encore cela à Bachar, c'est un peu gros et cela donne beaucoup à penser...
Vraiment les dramatiques chiffres des refugiés, leurs pèriodes de départ et leur répartition géographique n'ont pas fini de nous apprendre sur le déroulement même de la naissance des évènements et l'implication (ou non) de la population syrienne dans cette monstreuse situation.
Voici donc par étape, ma reflexion commencée en 2011
Précédents billets sur le même thème:
Là où j'en suis de ma reflexion...(1)
Là ou j'en suis de ma reflexion...(2)
Là où j'en suis de ma reflexion...(3)
Là où j'en suis de ma reflexion...(4)
Là où j'en suis de ma reflexion...(5)
Là où j'en suis de ma reflexion...(6)
Là où j'en suis de ma reflexion...(7)
Là où j'en suis de ma reflexion...(8)
Là où j'en suis de ma reflexion...(9)
Là où j'en suis de ma reflexion...(10)
Là où j'en suis de ma réflexion (11)
Là où j'en suis de ma reflexion (12)
Là où j'en suis de ma reflexion (13)
Là où j'en suis de ma reflexion (14)
Là où j'en suis de ma reflexion (15)
Là où j'en suis de ma reflexion (16)
Là où j'en suis de ma reflexion (17)
Là où j'en suis de ma reflexion (18)
Là où j'en suis de ma reflexion (19)
Là où j'en suis de ma reflexion (20)
Là où j'en suis de ma reflexion (21)
Là où j'en suis de ma reflexion (22)
Là où j'en suis de ma reflexion (23)
Là où j'en suis de ma reflexion (24)
Là où j'en suis de ma reflexion (25)
Là où j'en suis de ma reflexion (26)
Là où j'en suis de ma reflexion (27)
Là où j'en suis de ma reflexion (28)
Là où j'en suis de ma reflexion (29)
Là où j'en suis de ma reflexion (30)
Là où j'en suis de ma reflexion (32)
+ ma lette ouverte à Laurent Fabius
+ mes papiers sur la Syrie:
Le dernier billet de la série "Ma Syrie"
Lien vers "Ma Syrie" (20)
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Lien vers "Ma Syrie" (3)
Lien vers "Ma Syrie" (2)
Lien vers Ma Syrie (1)
La première partie de mes écrits sur la Syrie, se trouve dans l'édition sur les révolutions dans le monde arabe sous les liens suivants:
(cliquez ici pour avoir accès au huitième article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie) C'est dans cet article que j'explique mon désaccord avec l'édition spéciale de Médiapart et à la suite duquel, je suis revenue sur mon blog....
(cliquez ici pour avoir accès au septième article de cette sériesur le monde bédouin du centre de la Syrie)
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(Cliquez ici pour avoir accès au premier article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie)