Alors que le gouvernement communique à marche forcée sur le service national, il vient de recevoir l’appui de deux poids lourds du mouvement associatif – la Ligue de l’enseignement et la fédération Léo Lagrange – qui auront peut-être un jour des comptes à rendre sur leur complaisance pour ce projet d’encasernement des jeunes.
Incontestablement, les gilets jaunes ont droit de la part des médias, et, singulièrement, des médias les plus conservateurs, à un traitement de faveur qu’attendent en vain depuis des années les mouvements sociaux qui sont au contraire la cible des éditocrates de tout poil. Ça doit vouloir dire quelque chose...
Dans un rapport en date du 12 février 2018, l’IHEDN voit dans le SNU (service national universel) un outil d’éducation totale des jeunes mais aussi de contrôle de toute la société. « Une transformation silencieuse » qui passe par des préconisations qui font froid dans le dos.
Le grand cirque mémoriel de 1918 se termine dans une confusion, un désordre, qui n’ont rien d’accidentel. Ces quatre années de commémoration officielle, ont montré, notamment à l'école, que l’hommage aux morts était un prétexte à tout autre chose, un hommage à la guerre et une légitimation des dirigeants et des idéologies qui rendent les guerres possibles.
Une quarantaine de chefs d’établissement de l'académie de Versailles rassemblés dans un camp militaire pour un stage de « gestion de crise » : entre burlesque et sordide, mais pas nouveau.
A l’image des quatre dernières années de commémoration scolaire autour de la Première guerre mondiale, les cérémonies du 11 novembre s’annoncent patriotiques et militaires. Avec cette confirmation : à l'école, l’hommage aux morts a sérieusement dérivé vers un hommage à la guerre et à ceux qui l’entretiennent.
En 2008, la violence d'un enseignant sur un élève avait déclenché une campagne d'hystérie malsaine dénonçant non pas l'enseignant coupable mais l'élève victime. En arrière-plan : la valeur reconnue à la parole de l'élève. Dix ans plus tard, une déclaration ministérielle confirme que cette parole ne vaut pas grand chose.
A l’issue du conseil de guerre autour des violences à l’école, à côté des dispositifs punitifs déjà existants, Blanquer a annoncé la création de structures fermées qui ressemblent furieusement à celles qu'il avait lui-même mises en place en 2010, alors qu'il était directeur général de l'enseignement scolaire. Une expérimentation typiquement sarkozyenne qui s’était soldée par un échec retentissant.
En dépit des dénégations officielles, le service national universel (SNU) que le gouvernement a prévu d’imposer à tous les jeunes de 16 à 18 ans, conserve dans son principe comme dans ses modalités une forte dimension militaire. Avec, pour les réfractaires, de lourdes sanctions à la clé.
L'agression du lycée de Créteil et le déferlement médiatique qui l'a suivie a fait l'objet d'une inénarrable séance à l'Assemblée nationale. Mais pour la crédibilité du message que certains enseignants souhaitaient faire passer, il aurait sans doute fallu qu’il soit relayé par d’autres députés que ceux qui ont pris la parole ce jour-là.