La question actuelle n’est pas de savoir qui sera Premier ministre mais bien celle du programme. Les négociations de couloir et de compromis qui ne seront que des compromissions ne sont pas à la hauteur des enjeux et de l’urgence. Nous sommes aujourd’hui à un tournant face à la dégradation de notre système de protection sociale.
Le gouvernement veut diminuer de 5 % la part prise en charge par la Sécu sur les consultations médicales et les médicaments. L’objectif affiché est celui d’économies sur le budget de la Sécu. Mais il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas de diminuer les dépenses mais de transférer leur financement des cotisations sociales vers des assurances.
Le Premier ministre a déclaré la santé mentale grande cause 2025 et le ministère de la Santé vient d'annoncer une maigre enveloppe de 100 millions. L’ensemble du secteur considère qu’il faudrait au moins dix fois plus, simplement pour l’élargissement du nouveau dispositif de consultation de psychologues (Mon soutien psy), l’ouverture de maisons des adolescents et le dispositif d’écoute pour la prévention du suicide (VigilanS).
Les procès pour des décès aux urgences restent en nombre limité, mais leur fréquence augmente. Nous avions prévu cette évolution face à la dégradation des services. Nous avons même été un certain nombre à inciter les familles à porter plainte. Mais le premier obstacle est le déni des dysfonctionnements à l’origine de ces drames, par ce que j’appelle la technostructure médico-administrative.
Nous venons d’apprendre que le campus universitaire attenant au Grand Hôpital Nord à Saint-Ouen va être construit sous la forme d’un partenariat public privé (PPP) avec le groupe Eiffage. Dix ans après le scandale du PPP de l’hôpital du Sud-Francilien qui a éclaboussé ce groupe, le gouvernement pousse les universités vers les mêmes difficultés.
Nous venons d’apprendre dans mon hôpital que, face aux difficultés financières rencontrées avec un déficit pour l’ensemble de l’AP-HP de 400 millions d’euros, les heures supplémentaires ne seront plus payées mais ne pourront être que récupérées, qu’aucun remplacement des arrêts pour maladie ou pour grossesse ne sera plus possible et que le recours à l’intérim sera limité.
Le nouveau gouvernement n’a qu’une seule solution pour financer notre système de protection sociale : faire des économies en diminuant les prestations et stigmatiser ceux qui profitent du système. Mais plusieurs publications récentes balayent ces arguments et montrent qui sont les premiers fraudeurs.