La nécessité du traçage numérique s’est installée dans les débats. Trois argument clés : la tyrannie du retard, le solutionnisme technologique et la sécurité à tout prix. Or le medium (l'application qui trace) devient ainsi le message : toute technique de surveillance est inévitable. Une méthode de design citoyen partirait, elle, d'une véritable définition clinique des objectifs sanitaires.
Quel autre grand récit que celui de la guerre proposer dans un temps d’incertitude extrême ? Le message politique d’aujourd’hui doit cadrer la vision du problème actuel, faire sens et nous orienter aussi vers un devenir. Et selon la formulation choisie, il se propagera ou conduira dans une impasse. Souhaite-t-on un avenir machiste et autoritaire ? Ou veut-on bâtir une société du soin ?
Les affaires Mila et Griveaux ont engendré des torrents de discours. Les réseaux sociaux font office de cible, mais deux problèmes doivent être soulevés dans cette argumentation : 1/ les dérives vers une démocratie d’opinion étaient enclenchées bien avant les réseaux sociaux, 2/ les porteurs de ces discours veulent contrôler les émetteurs et non les plates-formes et leur économie de l’attention.
Ce genre d’émissions fait plaisir à entendre car les acteurs clés sont mis en position de réfléchir à leurs stratégies. Trois points qui me paraissent être retenus : moment Thatcher ou pas, finance ou industrie, formes d'action gagnantes.
Les mouvements sociaux commencés en 2019 peinent à trouver des « débouchés politiques ». Rien d’étonnant car leur force réside dans leur capacité à générer un chaos connecté qui menace le 1% de chaque pays, de toutes ces oligarchies. Face au chaos climatique, financier et militaire que le 1% entretient, il faut revendiquer les vertus de création et d’exploration du chaos des mouvements sociaux.
L'espace public dégénère à grande vitesse avec les plates-formes de réseaux sociaux. La diffusion de la vidéo de Christchurch en est un nouvel épisode. Il faut instituer une responsabilité éditoriale des plates-formes, réduire le financement du net par la publicité qui encourage par principe la viralité, réduire la vitesse de réaction grâce au design des interfaces des plates-formes.
Pour lutter contre les fake news, on doit surtout réguler les « accélérateurs de contenus » en mettant en place un contrôle de vitesse dans un monde où « l’excès de vitesse mentale » génère un véritable réchauffement médiatique. Un nouveau design des plates-formes doit nous permettre de reprendre le contrôle sur notre propre activité de propagation qui affecte la qualité de tout l’espace public.
L’incapacité à contrôler les actions violentes reste très étonnante compte tenu des effectifs mobilisés. On paye, sur le plan technique, un aveuglement par l’état d’urgence et, sur le plan politique, une approche méprisante de tout public qui manifeste. Sans réponse politique, l'apprentissage de l'émeute qui se produit actuellement peut conduire à un «mai rampant» de funeste mémoire en Italie.
Un projet ambitieux comme Le Média demande de mobiliser des compétences et des visions différentes qui doivent trouver une synergie. Mais le débat n’est pas cadré de la même façon par tous. Plusieurs principes supérieurs semblent être entrés en conflit (le business, la réputation, l'expertise journalistique, le militantisme). Ils sont pourtant tous nécessaires à la survie du projet du Média.
La dernière mode de la «start-up nation» semble en passe de faire des ravages dans les services publics. C’est la mission de la DITP (Direction Interministérielle à la Transformation Publique) qui veut lancer un conseil de prospective auquel je refuse de participer et je m’en explique en détail ici. Les véritables start-uppers devraient prendre garde à ce véritable hold-up sur leur culture.