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L'Hebdo du Club

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Billet de blog 30 mars 2017

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L'Hebdo du Club: un catalogue de nuances

Cette semaine, les billets politiques ont alimenté les discussions. Comme d'habitude. Pas étonnant au vu de l’actualité, des rebondissements, des alliances ou des annonces. Mais ce serait omettre une palette de sujets qui fait aussi la richesse du Club. Sortons le nuancier et déclinons les variantes de couleurs de la colonne de Une.

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  • L'Europe

Cette semaine, l’Union Européenne s'est retrouvée sous les projecteurs de l'actualité. Fêtée par les uns, honnie par les autres. Dans le Club, Hispanofonia est revenu sur les 60 ans du traité de Rome. Ce texte de Miguel Urbán, co-fondateur de Podemos et député européen pour la gauche plurielle au sein du Groupe confédéral de la Gauche Unitaire Européenne-Gauche Verte Nordique (GUE/NGL) révèle la face peu glamour de cette sexagénaire: «l'Union européenne est devenue la plus grosse fabrique à euroscepticisme : en pratiquant des politiques qui conduisent les majorités sociales à la paupérisation, conduisent à l'extension de la xénophobie institutionnelle, à l'apogée de l'extrême-droite et à la perpétuation du désastre humanitaire à nos frontières.» Jusqu’au Brexit. Neuf mois après le référendum britannique, la première ministre, Theresa May, a déclenché le 29 mars l’article 50 du traité de Lisbonne ouvrant les négociations en vue de la sortie de l’UE. Dès le 24 mars, Jean-Louis Legalery nous invitait à réfléchir. Dans Le roi Lear et le Brexit, il nous offre dans la langue Molière une métaphore intelligente. Un parallèle entre deux tragédies : «2016 fut l'année de la quatre centième commémoration de la mort de Shakespeare et celle du Brexit. Or une des tragédies de ce même auteur, le roi Lear, a quelques similitudes avec l'avant et l'après Brexit...»

Quittons la perfide Albion pour l’Europe du sud et un autre royaume. Passons de Shakespeare à Cervantes. Et mettons l’accent sur un mouvement qui rassemble près de 140 villes d’Espagne. Impossible donc de faire l’impasse sur le billet de notre confrère Ludovic Lamant, basé à Bruxelles qui relaie l’appel à la désobéissance de conseillers municipaux qui entendent défendre une certaine conception plus sociale de l’Europe.  « "Nous voulons en finir avec les politiques austéritaires, en partant du municipalisme", a lancé [mercredi] à Bruxelles Ana Taboada, la numéro deux de la maire d’Oviedo, une ville d’environ 220.000 habitants dans le Nord de l’Espagne (Asturies). Elle est devenue l’une des principales figures d’un réseau inédit, le Front des municipalités espagnoles contre la dette illégitime. Ce mouvement est né lors d’une rencontre qui s’est tenue, en novembre 2016, à Oviedo, dont un manifeste est sorti (à lire sur le site du CATDM, pour la version française)».

  • L’école

A l’issue de la semaine de la presse à l’école, placée sous le signe de l’éducation à la citoyenneté et de l’éveil à l’esprit critique, plusieurs billets  offrent des visions de l’école et de l’éducation au sens large. Jean-Pierre Veran raconte sa participation à la rencontre d’une centaine d’élèves engagés dans des médias scolaires et des professionnels des médias, journalistes, photographe, dessinateur de presse, maquettistes. B.Girard revient sur la déconstruction du discours identitaire et le mythe national de Suzanne Citron. Emile Lanoë témoigne et pointe les établissements d’éducation prioritaire en Seine-Saint-Denis comme oubliés du ministère de l’éducation. Enfin Claude Lelièvre parle du vêtement à l’école et joue les fack-checkers de talent. Tous abordent des sujets qui ont fait plus ou moins réagir. Et ont permis des échanges de point de vue, de divergences affirmées ou de convergences d’idées.

  • La dépendance

En raison du vieillissement progressif de la population française, on dénombre 1,3 million de personnes en situation de dépendance ; et ce chiffre ne cesse d’augmenter chaque année. Ce sujet ô combien important qui touche ou touchera chacun de nous est mis en lumière par Wohl un nouvel abonné, praticien hospitalier de son état :  «La dépendance est un des problèmes de santé les plus préoccupants à l'heure actuelle. Si de nombreuses propositions sont faites pour gérer "l'aval" (accueillir les personnes dépendantes), aucune en revanche ne pose la question de l'amont, autrement dit, la "genèse" de la dépendance. Pourtant, il apparait tout à fait possible d'agir dessus même si les déviances sont profondément ancrées et taboues.»

  • Les violences policières et l’état d’urgence

Il y a un an, l’ONG ACAT publiait son rapport « L’ordre et la force » relatif à l’usage de la force par les policiers et gendarmes français. Elle dénonçait l’opacité criante des autorités sur le sujet, la dangerosité de certaines armes intermédiaires ou certains gestes d’immobilisation, ainsi que les rares et faibles condamnations prononcées par la justice. Le 19 mars a eu lieu «La marche pour la justice et la dignité» qui a réuni à Paris des milliers de personnes entre Nation et République. Voici le compte-rendu du collectif qui a organisé ce rassemblement.

Et l’analyse documentée de Jérémy Robine, maître de conférences à l'Institut Français de Géopolitique, qui plaide pour une réorganisation profonde de la Police et l'interdiction des contrôles d'identité hors du cadre judiciaire, car selon lui «cela crée un trouble à l’ordre public et ne sert à rien dans la lutte contre la délinquance».

Que dire de la consternation de Jean-Pierre Steiner, Commissaire de police, ancien chef de brigade financière : «c’est la première fois que je vois une motion interne émaner de fonctionnaires, jusque-là silencieux, qui revendiquent la reconnaissance de leur travail et demandent d’être soutenus dans leur métier. Plus de la moitié des fonctionnaires de l'Office chargé de la lutte contre la corruption ont signé récemment un communiqué dénonçant leurs conditions de travail.»

Dans ce fil de commentaires fort intéressant, Patrick Cahez, membre de la Ligue des droits de l'homme à Bruxelles et d'Amnesty international, rajoute sa touche personnelle.

Illustration 1

Pour refermer cet Hebdo, nous vous conseillons la lecture du dernier billet de Paul Cassia qui s'est opposé à la proposition de constitutionnalisation de la déchéance de nationalité et de l'état d'urgence, suite aux attentats du 13 novembre. A rédigé un livre consacré à une critique virulente de l'état d'urgence en 2016 Contre l'état d'urgence, Dalloz. Et tient une veille dans son blog. Le 29 mars, il nous livre les éléments nouveaux justifiant la prolongation d’une assignation à résidence. «Le 17 mars 2017, soit le lendemain de la décision du Conseil constitutionnel remodelant le régime applicable au renouvellement des assignations à résidence au long cours de l’état d’urgence, le Conseil d’Etat a précisé ce qu’étaient les « éléments nouveaux ou complémentaires » de nature à justifier la prolongation pour trois mois d’une assignation à résidence de plus de douze mois».

Et en guise de conclusion, l’article précis de l’historien Gilles Manceron sur les libertés menacées : «Menaces, agressions sans réaction des pouvoirs publics contre des personnes qui dénoncent les violations des droits de l’homme en Palestine, refus, sous couvert d’état d’urgence, par la Préfecture de police de Paris d’autoriser des réunions sur ces sujets, les atteintes aux libertés se multiplient quand on veut aborder le sort des Palestiniens».

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