Pour ce second tour de la présidentielle sénégalaise, l'enjeu des jeunes est moins celui de leur poids électoral que celui de leur vision. Choisir entre Abdoullaye Wade et Macky Sall revient en fait à opter pour la continuité ou pour la rupture, pour le connu ou pour l'inconnu, pour le statu quo ou pour l'avancée (avec les risques qu'elle comporte).
Au Sénégal, on n'a jamais autant parlé de générations. « Je compte organiser l’alternance générationnelle avec les jeunes leaders politiques qui auront moins de contradictions entre eux », disait Abdoulaye Wade à Thiès lors de la campagne du premier tour. Alain Juppé himself s'était emparé du super concept. Le premier février, il déclarait que Paris avait «souhaité que le passage de générations soit organisé. » Une manière subtile de dire au vieux: « Place aux jeunes! »
Le Sénégal regarde l'avenir avec sérénité, il a « montré au monde sa maturité », a prouvé que les machettes n'étaient finalement que du folklore et que les bavures policières ne sont qu'un dommage collatéral. Le pays a réussi son dérapage contrôlé, s'en sort avec les honneurs et crie « bisque bisque rage » aux mystérieux prophètes de la catastrophe.
Comment le grand-père farfelu qui voulait régler le problème israélo-palestinien et offrait des terres aux pauvres Haïtiens a pu se transformer en grand ordonnateur de la répression aveugle qui refuse toute discussion?