Le prévenu refuse de se laisser condamner sans rien dire et finit par agacer le tribunal : « Monsieur discute systématiquement toutes les infractions et tous les éléments de la procédure ! »
« On n’a aucun début d’explication ! La dangerosité de monsieur est certaine. Une expertise psychiatrique n’aurait sans doute pas été de trop. » On s'en passera bien pour envoyer le prévenu 18 mois en prison.
Dalil B. comparait pour menaces à l’encontre d’une avocate. Sa défense est bien embêtée : « Quand j’ai été appelée, on ne m’a pas indiqué que la victime était une consœur. Je ne suis pas sûre que j’aurais accepté si j’avais su. Je suis obligée de défendre monsieur, mais je ne veux vexer personne. »
Condamné à neuf mois de sursis avec une obligation de soins, le prévenu est à nouveau poursuivi. Il explique n’avoir jamais été contacté pour la mise en place du traitement. Peu importe, le juge de l'application des peines considère que la mesure a échoué et demande la révocation totale du sursis.
Le prévenu boit quand il a des crises d’angoisse. Elles ont commencé en prison. « C’était l’enfer à Seysses. »
La procureure l’avertit : « Si vous continuez à boire, vous allez passer le reste de votre vie à rentrer et à sortir ! » Et requiert 8 mois de prison.
Sursis et mesures éducatives au dossier, le procureur s’indigne : « Vous avez refusé de saisir ces mains tendues ! » Mais la pédagogie judiciaire, c’est fini. Le prévenu, tout juste 18 ans et 20 jours, peut enfin être jugé en comparution immédiate.
Le prévenu comparaît pour avoir vendu un gramme de cocaïne. La procureure s’agace : « Bracelet électronique, incarcération, sursis probatoire, on a tout essayé. Quelle peine choisir pour qu’il comprenne ? » Elle a son idée sur la question : douze mois de prison avec mandat de dépôt.
« Quand vous dites “Je travaille”, ça veut dire quoi ? — Chouf. — C’est ça, votre travail ? » Manuel R. acquiesce avec lassitude. La procureure triomphe : « Donc, quand vous dites que vous travaillez, ça veut dire que vous faites le guet ! »
Des rapports d’experts psychiatres sont fréquemment cités dans les audiences de comparutions immédiates. Écrits après un entretien souvent expédié en moins d’une heure – en prison le plus souvent –, ils prétendent pourtant déterminer si le prévenu est dangereux, ou s’il peut être soigné.
Par La Sellette
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Le prévenu comparaît pour agression sexuelle : place du Capitole, très alcoolisé, il a mis la main aux fesses de deux jeunes femmes. L'expert conclut à l'altération du discernement mais considère qu'il n'est pas soignable. La procureure veut donc l'exclure.