La procureure résume : « Son parcours est chaotique. Il a seulement un CAP. Dix jours après être sorti de détention, il a déjà renoué avec son passé délinquant. Même si on décèle qu’il ne veut pas retourner en prison, il ne l’a pas vraiment conscientisé. »
Même si le prévenu comparaît aussi pour avoir menacé sa compagne, le procureur s’émeut surtout du fait qu’il ait outragé un gendarme : « On ne peut pas dire qu’on soit dans un pays où les forces de l'ordre ne font pas leur métier convenablement. »
L’avocate s’indigne : « L’expert psychiatre n’a vu aucun problème, rien ! Alors que Farid R. n’a pas quitté l’infirmerie de la prison et que le service médico-psychologique lui distribue des anxiolytiques, des antipsychotiques et des neuroleptiques depuis son arrivée ! »
Le prévenu demande un délai pour préparer sa défense. Un casier, en situation irrégulière et sans logement : le tribunal n'a pas a y réfléchir longtemps pour l'envoyer en détention provisoire à la prison de Seysses.
Le tribunal renvoie le procès pour attendre une expertise psy. Le prévenu n’a pas de casier, seulement voilà : « Il y a un trouble de la personnalité. Sans compter que c’est un étranger en situation irrégulière. » Le parquet demande donc son maintien en détention provisoire.
Créé en 2004, le plaider-coupable a été conçu désengorger les procédures pénales classiques – comme toujours au dépend des droits de la défense. Des modifications récentes permettent aujourd’hui aux parquets d’y envoyer des personnes immédiatement après leur garde-à-vue et de proposer des incarcérations avec mandats de dépôt. Les prévenu⋅es qui refusent sont envoyé⋅es en comparution immédiate.
Inscrite dans la loi depuis 2014, la justice restaurative rencontre pourtant de grandes difficultés à se développer dans le giron de la justice pénale en dépit des effets d'annonce. Ce manque de succès manifeste l’incapacité de la Justice à envisager des mesures autres que répressives.
« Pourquoi n’avez-vous pas encore entamé une qualification à 22 ans ? » Le garçon répond à voix basse qu’il était en prison. « Ce n’est pas une raison, lance la juge avec aplomb. En détention aussi on peut passer des diplômes et préparer sa sortie. »