Le juge s'indigne : « Qu’est-ce qu’on fait avec les gens comme vous ? »
« — C’est vous qui êtes payé pour trouver une solution ! Moi, je vais pas me dégonfler parce que vous voulez m’envoyer en prison. »
La juge reproche amèrement aux prévenus d'avoir vendu de la drogue « alors que les offres d’emploi pour l’été sont innombrables » :
— Quand on pense que des restaurateurs sont obligés de fermer l’après-midi parce qu’ils ne trouvent pas de saisonniers !
Le prévenu a dû interrompre son traitement psychiatrique en prison et n’a pas pu le reprendre après. Peu importe, la juge enchaîne : « Vous savez que vous avez des problèmes graves et vous ne vous soignez pas ! C'est de la dangerosité sociale, ça, monsieur. »
Le prévenu comparaît pour trafic de stupéfiants. Le procureur ne comprend pas pourquoi il a préféré vendre de la drogue plutôt que de faire un crédit à la consommation.
Aurélie Garand parle de la mort de son frère, Angelo, abattu en mars 2017 par le GIGN, et du combat qui a suivi pour obtenir la vérité et la justice. Elle raconte comment la violence judiciaire a suivi la violence des forces de l’ordre.
La procureure résume : « Son parcours est chaotique. Il a seulement un CAP. Dix jours après être sorti de détention, il a déjà renoué avec son passé délinquant. Même si on décèle qu’il ne veut pas retourner en prison, il ne l’a pas vraiment conscientisé. »
Même si le prévenu comparaît aussi pour avoir menacé sa compagne, le procureur s’émeut surtout du fait qu’il ait outragé un gendarme : « On ne peut pas dire qu’on soit dans un pays où les forces de l'ordre ne font pas leur métier convenablement. »
L’avocate s’indigne : « L’expert psychiatre n’a vu aucun problème, rien ! Alors que Farid R. n’a pas quitté l’infirmerie de la prison et que le service médico-psychologique lui distribue des anxiolytiques, des antipsychotiques et des neuroleptiques depuis son arrivée ! »
Le prévenu demande un délai pour préparer sa défense. Un casier, en situation irrégulière et sans logement : le tribunal n'a pas a y réfléchir longtemps pour l'envoyer en détention provisoire à la prison de Seysses.