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À l’heure du bilan, de la mondialisation, de la montée du nationalisme, que reste-t-il des illusions, des rêves de cette vieille institution qu’est l’Union européenne ? À l’aune de son regard argentin, caustique, un brin cynique, Rafael Spregelburd gratte jusqu’à l’os différentes thématiques qui font le sel d’une civilisation et évoque avec une lucidité burlesque une société rongée par ses démons.
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Alors que le froid polaire gagne la capitale, Benoît Lavigne nous a donné rendez-vous au bar du Lucernaire pour nous parler de sa dernière mise en scène. Passionné de littérature, de textes singuliers, poétiques, il monte Guérisseur de l’auteur irlandais Brian Friel, avec dans le rôle-titre, Xavier Gallais, un complice de toujours. Un voyage sur les landes rugueuses d’Écosse.
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Les paroles sont scandées au son des beats. Les mots frappent l’air, brutaux, féroces. S’emparant de l’un des plus anciens mythes de l’antiquité, D’ de Kabal et Arnaud Churin nous plongent au cœur de l’une des plus sanglantes tragédies familiales grecques et évoquent en filigrane l’importance vitale de changer en profondeur la justice des Hommes pour un monde où l’égalité ne serait pas un vain mot.
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Deux voix, celle d’une soprano et celle d’un jazzman, se mêlent et s’harmonisent avec une virtuosité troublante, bouleversante pour évoquer en filigrane deux figures du Far-West, Calamity Jane et Billy the Kid. Chacune d’entre elles se livre en une triste et poétique complainte sur le spleen lancinant qui règne au cœur des plaines sableuses de l’Ouest américain. Un bel et étrange objet théâtral.
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Deux corps, deux âmes, deux hommes, vont le temps d’un été se repousser, s’attirer, étouffant désir et passion avant de les laisser les brûler d’un amour singulier. En adaptant le roman d’André Aciman, Luca Guadagnino, aidé de James Ivory, signe un film lent, incandescent qui séduit par l’interprétation de ses comédiens, mais dont le propos se perd dans la beauté sèche de l’arrière-pays italien.
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L’incandescente Victoria Abril, tout en gouaille et décolleté ravageur, réchauffe les cœurs parisiens. Le verbe haut, l’accent chantant, elle nous entraîne dans la folle histoire maternelle d’une croqueuse d’hommes, qu’a concocté pour elle Pierre Palmade. Si l’auteur use de facilités boulevardiennes, on se laisse charmer par une sympathique distribution où irradie Prisca Demarez.
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Ils sont treize sur scène. Comédiens ou amateurs, migrants en cours de régularisation, ils s’ unissent pour conter le parcours semé d’embûches de ces réfugiés, objets de sombres fantasmes, confrontés à l’inhumanité, l’absurdité d’une politique migratoire devenue un business juteux. Théâtre documentaire et politique, Ceux que j’ai rencontrés… est une œuvre nécessaire à voir de toute urgence.
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Turbulent, fougueux, Tom Sawyer fait danser et chanter Mogador. Embarquant famille et amis dans d’impossibles aventures, il nous entraîne dans un tourbillon savoureux et drôle, que la mise en scène rythmée de David Rozen souligne avec beaucoup de malice. Portée par une troupe talentueuse, cette comédie musicale signée Julien Salvia et Ludovic-Alexandre Vidal séduit petits et grands.
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Les répliques se chevauchent, s’entrechoquent. Les dialogues se croisent et se répondent, le plus souvent en décalé. Certaines phrases restent en suspens avant de disparaître. Sculptant les mots, les silences, Lars Norén nous invite au naufrage triste, drôle et dérangeant de la vieillesse et entraîne inexorablement, douloureusement aux portes de la mort onze comédiens du français. Déroutant !
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Les mots s’entrechoquent, se répètent à l’envi. Ils esquissent par touche le récit d’une vie de supplice et libèrent une parole longtemps enfermée derrière les murs froids de quelques établissements de santé. En adaptant l’œuvre noire, rugueuse d’Herbert Achternbusch, Yves Beaunesne signe un monologue âpre, bouleversant que souligne intensément l’interprétation virtuose de Clotilde Mollet. Bravo !