Il arrive souvent un moment où le cinéaste doit en dire un peu plus sur son désir de filmer. Un moment où son rapport à l’image filmique est mis en jeu ou en joue par un scandale ou une gloire trop bruyant.e.s. Abdelatif Kechiche en est là. Mektoub, my love nous le montre discrètement mais intensément. A sa manière.
Depardon est bien plus fort, et plus lui-même, quand il ne bouge pas. Quand il laisse la musique assumer le mouvement. Quand il ouvre une percée vers Ailleurs à l’intérieur du film, et des êtres humains qu’il filme. Quand l’Ailleurs est dans la parole des sujets filmés, dans une parole qui glisse progressivement, vers autre chose ou tombe comme une pluie de cailloux...
Il ne faut peut-être pas s’y tromper. Le film de Jim Jarmusch n’est pas qu’une fable modeste, un hymne à la simplicité du quotidien et à sa transfiguration par la poésie. Il ne s’agit pas seulement de montrer la douce répétition du banal et le pouvoir d’enchantement de l’écriture (poétique) des choses. Ce serait nier la réflexion tendrement grinçante qu’il propose.
Voici ce qu'écrivait Stefan Zweig en 1942, à la fin de son livre "Le monde d'hier, souvenir d'un européen", texte testamentaire et autobiographique qu'il envoya à son éditeur la veille de son suicide au Brésil. En pleine crise internationale où se pose durement la question des frontières symboliques et concrètes de l'humanité, ce texte d'hier qui parle d'avant-hier décrit bien notre aujourd'hui.
Abluka, d’Emin Alper, nous montre avec subtilité - et non sans cruauté – que l’adjectif kafkaïen ne s’applique plus seulement à des extrapolations formulées à partir des potentialités absurdes de notre monde mais à notre monde lui-même, littéralement devenu kafkaïen. Un film dont l'obscurité nous éclaire ...
On en sort mal à l’aise et presque en colère… en tout cas c’est ce qui m’est arrivé. Où est le happy end ? Où vont les élans d’amour qu’on a vu s’ébaucher, se muer en paroles tendres et en gestes fraternels, provoquant des larmes sourdes, un serrement de ventre et des buées d’espoir. L’humanité a pointé son nez dans le scénario, dans le corps des comédiens, dans le décor boisé, blond et doux ...
La force de Nocturama est d’être anachronique, donc décalé, et dans le hors-champ des propos médiatiques, donc très pertinent. C’est une allégorie pensée en 2011 à partir des émeutes urbaines de 2005 et que l’incroyable réalité a rendu crédible. Un retour utile vers les racines du processus. Un film structural.
Peut-on sérieusement parler d'une consommation de la culture ? Doit-on penser la culture à partir de ses seuls produits ? Le monde du vin naturel traversé par un débat essentiel sur la définition officielle du vin naturel, comme le monde du cinéma (très) indépendant, qui réinvente la relation au film en salle et sa distribution, offrent deux raisons d'espérer une renaissance culturelle...
Un film est d’abord une suite d’images qui se donnent à voir, les unes après les autres, cadrages après cadrages. Une suite. C’est ce que nous rappelle le film beau et fort de Magnus Von Horn. Le lendemain ne se raconte pas, il se suit, pas à pas, les yeux et l’esprit grands ouverts.
Homeland, Irak année zéro, le documentaire monumental (au sens propre) du réalisateur franco-irakien Abbas Fahdel n’est pas seulement un film qui nous donne à voir la guerre comme jamais on l'a vue, à hauteur d'une famille irakienne prise entre le marteau Saddam et l'enclume Bush. c'est aussi un film documentaire qui ouvre, avec quelques autres, une vraie nouvelle voie ...