Le blog de Rocafortis

Après Trump et ses semblables, il est devenu impossible à la gauche radicale d’évoquer le sens de l’histoire. Ce constat la prive de son argument princeps auquel Marx lui-même avait un peu cédé. Pour rattraper son retard, aujourd’hui patent, cette gauche devra effectuer une plongée dans le monde de la politique hyperréaliste. Plongée qu’une nouvelle droite a su opérer avant elle.

Contrairement au discours du pouvoir sur l’unité nationale, aucun projet de cohésion sociale n’a été mis en place pour combler le fossé entre ceux qui portent le poids de la guerre et les élites politiques les représentent, tant au pays qu’à l’étranger. Ce fossé sape l’idée d’un objectif commun qui mobiliserait la nation. Il déterminera le sort de la guerre.

Trump peut se réjouir de sa guerre économique dans laquelle il impose ses exigences aux gouvernements étrangers. Les dirigeants politiques d’Europe et d’autres pays semblent paralysés, les souhaits des électeurs n’ont plus d’importance. Pourtant, ces pays devront décrocher du dollar de façon coordonnée, à la façon des Brics. Échange pear to pear et nouveau circuit du trésor.

Trump se considère comme un empereur romain des temps modernes, cherchant à consolider son héritage politique par la conquête territoriale. Il considère la dépendance européenne à l’égard des États-Unis comme une faiblesse à exploiter. La réponse européenne à cette situation a été, sans surprise, celle d’un lapin pris dans les phares d’une voiture.

Le coût de la santé serait considérablement moindre si nos médecins n’’étaient pas en situation de monopôle corporatiste et si nous n'avions pas des hôpitaux devenus des centres de profits et des dépassements d’honoraires généralisés. Mais obtenir des médicaments et du matériel médical aux prix d’un marché libre serait déjà un bon début .

Trump n'est pas un traître à sa classe. Sa capacité à se présenter comme un homme du peuple anti-establishment n'est qu'un indicateur de l'effroi des masses en cette période de chaos capitaliste avancé. Le vrai problème est un système économique qui a réduit l’expérience humaine à de simples dollars, entraînant une aliénation massive. Trump n’en est pas le remède.

La re-division de l’Europe recrée la logique de la guerre froide. Une Europe divisée sera moins prospère, moins sûre, et moins stable. Les arguments inverses sont éliminés comme représentant un soutien à la Russie. Les dissidents sont diffamés, censurés et éliminés. L’ignorance et la malhonnêteté des élites occidentales empêche toute correction de cap.

Tant que les sanctions américaines étaient dirigées contre quelques petits pays malheureux, de telles actions pouvaient être efficaces et les pays ciblés devaient subir la peine de soutenir l'hégémonie impérialiste. Mais lorsque de telles actions visent une grande partie des pays, alors un autre arrangement lui-même commence à émerger

Une nouvelle gauche doit trouver un moyen de canaliser la colère vers le changement. Une forme de pouvoir engagée dans une réforme économique profonde et irréversible est seule à même de canaliser la colère actuelle qui va s’aggraver avec la crise climatique. Sinon, nous pouvons nous attendre au pire.

L'accord sur Gaza n'est pas encore conclu, mais les progrès réalisés en quelques jours soulignent que c'est Washington qui donne les ordres, ce qui était devenu moins évident sous Biden. Les États-Unis ne sont plus en mesure d’imposer unilatéralement leur volonté au monde entier, mais ils peuvent l’imposer à Israël, leur petite dépendance génocidaire en Asie du Sud-Ouest.