Face aux illusions transhumanistes qui promettent un homme “augmenté”, Jérôme Porée rappelle une idée décisive : c’est la fragilité humaine qui fonde notre capacité d’agir et de répondre du monde. Repenser l’humain à partir de sa vulnérabilité, c’est aussi résister à la violence contemporaine et redonner sens à la responsabilité démocratique.
En ne faisant commencer le féminisme qu’avec Olympe de Gouges, l’école invisibilise des siècles de figures féminines. Restaurer le matrimoine, c’est rouvrir l’histoire et fissurer la fiction viriliste qui continue de structurer nos imaginaires.
La crise de la virilité ne se joue pas sur le terrain matériel, mais dans un imaginaire masculin qui se défend en silence. En croisant les intuitions de Fourier, de Saint-Simon, de Beauvoir et de Fanon, une question se dessine : que combat réellement la virilité lorsqu’elle se dit “en crise” ?
Alors que la philosophie semble reléguée aux marges de l’espace public, une petite chaîne YouTube dédiée aux idées vient de franchir les 2,5 millions de vues. Un succès inattendu qui dit quelque chose de notre époque : derrière le bruit, le besoin de comprendre demeure.
Fanon montre que Noir et femme subissent une sur-identification imposée par un imaginaire raciste et viriliste qui étouffe toute possibilité de révolte. Beauvoir prolonge cette idée en soulignant que la femme qui revendique l’égalité menace une virilité anxieuse, d’où ses prétendues « crises ».
En 1961, Beauvoir et Fanon unissent leurs critiques du patriarcat et du colonialisme, fondés sur des hiérarchies prétendument naturelles. Leur pensée éclaire la fausse « crise de la virilité », symptôme d’une résistance du patriarcat à sa remise en cause.
Issu du grec hystéron (« utérus »), le mot hystérie a historiquement réduit la femme à son corps reproductif, ancrant l’idée que ses troubles et sa nature découleraient de son utérus. Ce schéma, hérité d’Hippocrate et perpétué jusqu’à aujourd’hui, nourrit encore des biais sexistes dans la médecine, le langage et même la recherche scientifique, où la parole féminine reste souvent disqualifiée.
Privée des mots pour dire ce qu’elle vit, la femme se voit dépossédée de sa propre expérience. Miranda Fricker nomme cette incapacité collective à comprendre et à nommer le vécu des femmes une injustice herméneutique. À travers cette notion se dévoile une violence symbolique structurelle : celle d’un savoir qui exclut, et d’un langage qui, en manquant, fait taire.
Depuis l’Antiquité, l’utérus est le centre symbolique de stéréotypes qui ont dévalorisé le corps et l’esprit des femmes. Cette hystérisation du féminin relève d’une injustice épistémique et herméneutique persistante.
L’article 8 de la Déclaration transhumaniste de 2009 prône la liberté individuelle d’améliorer ses capacités physiques et mentales grâce aux biotechnologies. Mais cette quête d’augmentation de l’humain, portée par les technoprophètes de la Silicon Valley, tend à ériger la technoscience en une nouvelle religion promettant le salut par l’innovation plutôt que par l’homme lui-même.