Bientôt, il fera nuit. La résonance du monde s'atténue graduellement. Il est temps de dormir. D'oublier. Bienheureux sont ceux qui peuvent s'enliser dans ce sommeil qui accorde l'oubli.
On aime à imaginer que l'écrivain est une figure romantique, hantée par le souffle créateur, par le souci de la subversion et de l'authenticité, qu'il fabrique des mots et des livres hors du temps et des prérogatives sociétales. Il est un être pur, un survivant artistique en ces heures sombres de la médiocrité et du conformisme.
On a bien sûr perdu, il y a longtemps de cela, nos illusions sur ce que vous êtes. Il demeure néanmoins les reliques de la nostalgie. Vos valeurs, votre langue, la liberté que vous professez, votre ambition prométhéenne.
Reem, you are not dead. You are in another world as peaceful as your dreams, gentle as your eyes, with thousands other Palestinian children, killed by monsters.
Nous savons tous, à divers degrés, le caractère irréel de la vie. Elle ne cesse d'ailleurs de nous surprendre, avec ses incongruités, ses tours et détours, ses excès, ses folies.
Tu n'es pas morte, Reem. Tu es dans un autre lieu, paisible, comme tes rêves, doux, comme tes yeux, avec des milliers d'enfants palestiniens, assassinés par des monstres.
Des images qui dépassent l'entendement. Un Palestinien, dont le frère vient de mourir, massacré par une bombe israélienne, exprime sa foi inconditionnelle en Dieu. Il dit, il crie que son frère est désormais un martyr et qu'il est au paradis