YVES FAUCOUP (avatar)

YVES FAUCOUP

Chroniqueur social

Abonné·e de Mediapart

888 Billets

2 Éditions

Billet de blog 25 juin 2025

YVES FAUCOUP (avatar)

YVES FAUCOUP

Chroniqueur social

Abonné·e de Mediapart

Recueil de chroniques sur le Moyen-Orient en feu

Chroniques sur Gaza martyrisée, sur l’Iran bombardé, qui rétorque sur Israël : le deux poids deux mesures des médias. Échos sur les protestations dans un chef-lieu de province.

YVES FAUCOUP (avatar)

YVES FAUCOUP

Chroniqueur social

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quelques notes sur Israël, la Palestine et l’Iran

Si les "experts" du café du commerce valident sans hésitation le bombardement de l’Iran, en vue d’un changement de régime, sur les plateaux de télé, la plupart des commentateurs qui ont des liens avec l’Iran (à part Abnousse Shalmani, plus spécialisée dans l’esbrouffe sur LCI, et qui confiait hier son souhait de voir tous les dirigeants iraniens décapités) sont plus mesurés et même plutôt opposés à une intervention israélienne. Ils et elles considèrent que c’est au peuple de renverser un jour les mollahs, pas à une puissance étrangère, en souvenir du fiasco sanglant qu’a été la chute de Saddam Hussein en Irak.

 Bien sûr, si la République islamique vient à imploser ce ne sera que justice, mais est-ce nécessaire de bluffer à ce sujet pour tenter de convaincre que le pouvoir de Téhéran doit être abattu ? Exemple : Luc Ferry qui, dimanche sur LCI, face à Daniel Cohn-Bendit, affirmait haut et court que l’Iran voulait la destruction de l’État d’Israël (c’est vrai, même si les spécialistes estiment que ce ne sont que des rodomontades, irréalisables) et aussi la mort de tous les Juifs du monde entier. Or, si les Juifs en Iran ne sont pas en total sécurité, suspectés d’être susceptibles de renseigner Israël, leurs droits étant restreints, obligés de soutenir les Palestiniens et de condamner le sionisme, ils n’empêchent qu’ils existent (leur nombre est évalué à 25000) : 25 synagogues dont 11 à Téhéran. On ne peut pas dire que l’Iran extermine les Juifs : ni Cohn-Bendit ni Rochebin n’ont corrigé Ferry, qui pourtant se ridiculisait ainsi une fois de plus (il a précédemment confondu mordicus les États baltes et les Balkans !).  

D’autres proclament que les Iraniens ont poussé le Hamas à commettre les attentats du 7 octobre : or, des connaisseurs affirment le contraire, Téhéran aurait été mis devant le fait accompli, n’ayant aucun intérêt à une telle action compte tenu de la réaction prévisible d’Israël (d’ailleurs, la République islamique a tout perdu : Hamas, Hezbollah, Syrie de Bachar… et bombardement de ses installations nucléaires).

On nous bassine avec le fils du Shah, sans nous rappeler que le Shah est arrivé au pouvoir en Iran grâce aux Américains et au Royaume-Uni qui renversèrent par un coup d’État en 1953 le gouvernement de Mohammad Mossadegh qui était démocratique et laïque parce qu’il ne se pliait pas aux volontés colonialistes de ces puissances. Eisenhower aurait dû pour cela être jugé, de même que Bush devrait être en prison pour avoir menti sur l’Irak et avoir bouleversé le Moyen-Orient avec, en sus, l’État Islamique. D’ailleurs, Trump aussi mériterait la geôle pour avoir casser en 2018 l’accord sur le nucléaire négocié en 2015 avec l’Iran, qui, selon tous les observateurs sérieux, était respecté.

Et aujourd’hui, Nétanyahou et Trump violent l’État de droit, comme Poutine en Ukraine. Sans vergogne. C’est heureux que de nombreux commentateurs, sur les plateaux de télévision française, aient invoqué le droit international (Bertrand Badie, Gallagher Fenwick, Hamdam Mostafavi (Libération), Delphine Minoui (Le Figaro), même Renaud Girard, du Figaro également, qui reproche durement à BHL d’avoir poussé Sarkozy à engendrer le chaos en Libye). Mais France 5, dans l’émission C ce soir, a encore invité un réserviste de l’armée israélienne (Noam Ohana), qui a combattu à Gaza, et qui ne voit pas d’atteinte au droit international (« le droit international ne suffit pas dans cette région », ajoutant « il faut choisir son camp »). Imagine-t-on un militaire de l’Autorité Palestinienne donner son point de vue sur une télé française, alors que l’AP n’a pas commis de crimes (elle est impuissante face aux exécutions commises par les colons en Cisjordanie), tandis que Tsahal est désormais une armée ayant reçu pour mission de tuer systématiquement du Palestinien, de faire table rase afin que ce peuple soit contraint à une nouvelle Nakba. Et le mot "génocide" commis par Israël continue à être banni dans la plupart des médias.

L’ambassadeur israélien à Paris disait ce matin [24 juin] sur France Inter qu’Israël ne cherche pas à changer le régime iranien : les bombardements contre des civils (porte de la prison, télévision, quartiers) c’est tout simplement parce que l’Iran a envoyé des missiles sur des civils. Et à Gaza, on ne détruit pas l’enclave, a-t-il le culot d’affirmer, c’est juste le Hamas qui est visé. La famine, c’est de la propagande du Hamas. Si les otages sont libérés ce matin, alors la guerre sera finie. Rien n’est moins sûr, des commentateurs pro-Nétanyahou n’ayant pas fait mystère que dès que les otages seront rendus la foudre s’abattra sur Gaza, pire qu’aujourd’hui. D’ailleurs, on ne nous explique pas pourquoi Israël a été capable d’exécuter par missile des ennemis dans leur chambre d’hôtel à Damas, à 300 km, et directement des cadres du Hezbollah, et que pour décimer les combattants du Hamas il lui faut anéantir 55700 Palestiniens. Raser les villes, tuer les journalistes palestiniens, massacrer les civils sur les lieux de distributions alimentaires. Détruire 95 % des terres cultivables (quitte à déverser des pesticides sur les cultures proches de la frontière), décimer le cheptel dans la même proportion et mitrailler les pêcheurs gazaouis (Clotilde Mraffko, Le Monde du 25/06) pour plonger sans rémission la population dans la famine.

On aura noté que quand un missile iranien tombe sur Tel Aviv sans faire de victimes, nos radios en font des tonnes, de façon indécente car, par ailleurs, elles égrènent comme profits et pertes les morts quotidiennes de Gaza.

[24 juin]

Israël bombarde l’Iran pour une bombe qui n’existe pas (encore)

Le 16 juin au matin, une radio française a envoyé une journaliste à Tel Aviv : la population est très inquiète, les tirs de missiles venant d’Iran ont fait quatre morts. En tout : 14 morts en Israël, 224 en Iran. Les infos sur ce que subit Israël sont presque apocalyptiques, comme pour nous faire oublier que les Gazouis sont 30 à 40 à mourir chaque jour sous le feu de Tsahal. Et ce, désormais, dans une indifférence quasi-générale. La question de la reconnaissance de l’État de Palestine par des pays comme la France risque fort de passer aux oubliettes. Israël Katz ministre de la Défense a menacé : s’il y a un État palestinien (sur le papier), alors « nous construirons un État juif israélien sur le terrain » [de Cisjordanie, d’où il a prononcé ces mots]. L’ambassadeur d’Israël en France dit que si cet État palestinien est reconnu ce sera terrible pour les Palestiniens, pour les Israéliens... et pour la France. Et pour enfoncer le clou, l’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabeen, suggère à la France, si elle tient tellement à un tel État, qu’elle le crée en « détachant un morceau de la Côte d’Azur ». Il faut bien reconnaître que devant tant de discours délirants, le citoyen lambda est démuni et se demande s’il ne va pas lui-même sombrer dans la folie. 

Illustration 1

L’Iran, situé à 1000 km d’Israël, n’a pas la bombe nucléaire mais cherche à l’avoir (le Pakistan, limitrophe de l’Iran, qu’il soutient, est « doté », comme on dit, depuis que la guerre du Golfe a fait comprendre à certains États que seul le nucléaire les protégerait, la Corée du Nord étant l’exemple actuel). Israël va-t-il menacer le Pakistan ? Pour qu’on se sente bien concernés, un ancien ministre israélien, Naftali Bennett, diffuse une vidéo envisageant Lyon rasée par une bombe nucléaire iranienne. L’État d’Israël, qui veut l’interdire à l’Iran, est détenteur de l’arme nucléaire (qui lui a été carrément fournie par… la France pour le remercier de son soutien lors de l’affaire de Suez en 1956) même s’il ne l’a jamais clairement reconnu et a refusé de signer le traité de non-prolifération. L’ex-chef d’État-major Shaul Mofaz a déclaré, selon Le Monde, que Nétanyahou est animé depuis 2012 par « une conviction messianique de bombarder l’Iran ». Israël, par sa vengeance effroyable, par ses crimes répétés contre l’humanité, après un 7-octobre qui était lui-même déjà une vengeance, n’a aucune légitimité pour mener cette guerre à l’Iran, même si la République des mollahs mérite de disparaître. Vous avez dit « messianique » ? : le commentateur d’extrême droite, du Figaro magazine, Guillaume Roquette, hier soir sur LCI, où il a son rond de serviette, justifiait qu’il en soit ainsi puisque « la Bible est le lien entre Dieu et les hommes » !

Les télés en continu font appel à Olivier Rafowicz, porte-parole de l’armée israélienne qui délivre en permanence sur les antennes françaises une propagande justifiant le massacre systématique de Gaza, ou à Raphaël Jerusalmy, ancien des services de renseignement israéliens, qui lui aussi déroule la propagande de Jérusalem. Même C Politique (France 5) hier soir avait sur son plateau, Noam Ohana, réserviste de l’armée israélienne (unité d’élite de commandos parachutistes) : la chaîne aurait pu justifier sa présence par une autre activité, mais il n’est par ailleurs que gestionnaire d’un fonds de pension aux États-Unis !

Il y avait une autre solution pour éviter que Téhéran dispose de l’armement nucléaire : l’accord international signé en 2015, que l’Iran respectait selon tous les observateurs, mais que Trump a fait capoter en 2018 (quitte à le ressortir récemment des tiroirs). Nétanyahou était alors déjà premier ministre et, en violation de toutes les règles internationales (comme d'habitude), le négociateur iranien sur le nucléaire a été assassiné par Israël, comme l’indiquait ce matin sur France inter, Gérard Araud, ancien ambassadeur français.

[16 juin]

Gaza : cessez-le-feu et aide humanitaire

Illustration 2
[Ph. YF]

Un appel national avait été lancé par les organisations syndicales (CFDT, CGT, UNSA, FSU, Solidaires) pour une mobilisation en soutien à la Palestine. À Auch, ce matin [14 juin], place de la Libération, quatre syndicats ont pris successivement la parole (il manquait la CFDT). Chacun a lu un paragraphe du communiqué national. [La panne de micro malencontreuse a vérifié l'adage "à quelque chose malheur est bon", car l'assemblée s'est montrée à l'écoute, sans le brouhaha habituel quand les décibels parviennent à le couvrir].

Ensuite, l’Association France Palestine solidarité (AFPS), par la voix de Jocelyne puis de Patrick, a confirmé son souhait d’une reconnaissance de l’État de la Palestine, considérant cependant que la position du chef de l’État français était assortie de nombreuses conditions rendant une telle reconnaissance quasiment impossible. 194 États composent l’ONU, 147 ont reconnu la Palestine comme État, sans condition. Patrick admet que le Hamas ne peut représenter les Palestiniens, une telle représentation doit être assurée par l’Autorité Palestinienne. Le caractère dérisoire de la situation n’échappe à personne, quand Israël étend son territoire en toute impunité et que "l’État de Palestine" n’est qu’une feuille de papier.

Illustration 3
[Ph. YF]

L’AFPS va proposer à la mairie auscitaine qu’à côté des plaques sur cette place rappelant les génocides de la Shoah et arménien une autre soit en mémoire de ce génocide menée contre la population palestinienne (affamée, assoiffée, déplacée, massacrée sous les yeux du monde entier dans une quasi indifférence des États) et qu’une gerbe soit déposée en hommage aux martyrs de Gaza.

Le PCF aurait voulu prendre la parole (il mène une campagne de collecte pour financer des plantations d’oliviers en Palestine), mais cela lui a été refusé, il s’agissait en effet d’un appel intersyndical. LFI était également présent dans l’assistance ainsi que le Parti des Travailleurs qui appelait Macron à rompre tout lien avec Israël.

[14 juin]

La marche pour Gaza

Illustration 4

Une marche vers Gaza est prévue demain [13 juin] : entre Le Caire et El Harish en bus, puis de El Harish à Rafah à pied. Il s’agit d’un mode d’action afin de manifester la solidarité envers les Palestiniens affamés, massacrés, laminés sans interruption par l’armée israélienne, tandis que le monde assiste impuissant ou complice. Israël fait pression sur l’Egypte pour empêcher cette marche : déjà des volontaires ont été arrêtés, d’autres non.

Plus de 50 pays sont représentés, 3 à 4000 manifestants prévus. Hommage à celles et ceux qui se sont engagés dans cette démarche qui consiste à tenter d’obtenir un couloir humanitaire (500 Français et Françaises y participent dont certains venant d’Occitanie).

Additif : cette marche a été empêchée par l’Egypte qui, sur pression d’Israël, a arrêté les manifestants et les a expulsés.

[12 juin]

Solidaires avec la flottille de Gaza

L’appel national avait été lancé partout en France suite à l’interception du navire Freedom Flotilla et à l’arrestation de 12 humanitaires et activistes pacifistes. Un rassemblement s’est formé au pied levé place de la Libération à Auch pour protester contre l’acte de piraterie de l’État d’Israël qui a arraisonné le navire qui, transportant des militants défendant la cause palestinienne, dénonçant le blocus et le génocide en cours, tentait de se rendre à Gaza. Une soixantaine de personnes se sont ainsi réunies pour exprimer leur colère face à cet État de non droit qu’est aujourd’hui Israël qui non content de chercher à éradiquer la population palestinienne de Gaza poursuit sa violation des textes internationaux.

Illustration 5
[Ph. YF]

Raphaël a lu un texte du syndicat Solidaires : « Nous demandons que les droits humains des membres de la flottille soient respectés et qu'ils et elles soient libéré·es immédiatement. » « La guerre génocidaire doit cesser et l’aide humanitaire doit pouvoir entrer. Face à l’inaction du gouvernement français pour faire cesser les massacres, les mobilisations de la société civile sont l’une des seules possibilités de lutter contre l’impunité d’Israël et de ne pas voir le peuple palestinien disparaître sous les yeux du monde entier. »

Marie-Ève a expliqué qu’il s’agissait d’un acte de piraterie puisque le navire était dans les eaux internationales ou dans les eaux de Gaza. Renée, pour France Palestine Solidarité, a annoncé que AFPS a prévu des actions, dont une au Salon du Bourget, une autre sur le Tour de France. Par ailleurs, elle a donné cette information selon laquelle une militante d'ici prend l’avion en ce moment pour rejoindre Le Caire d’où part dans les prochains jours une Marche pour Gaza (Le Caire-Gaza) en trois jours. Un millier de solidaires des Gazaouis viendront de France, d’autres viendront de 130 pays.

Illustration 6
[Ph. YF]

Le ministre israélien, du cabinet suprémaciste et néofasciste de Nétanyahou, Israël Katz, s’est vanté de cette arrestation illégale et a ordonné qu’un film sur les événements du 7 octobre 2023 (action du Hamas) soit projeté à ces activistes, montrant que pour Israël les 800 morts civiles de l’attaque terroriste du Hamas justifient de massacrer 54000 civils palestiniens (dont 17000 enfants). Celles et ceux qui, en France, admettent cette équation se sont condamnés à jamais : il faudra sans cesse rappeler leurs noms et militer pour qu’ils soient interdits de médias, pour apologie de génocide.

C’est aux cris de "Palestine vivra, Palestine vaincra", de "Liberté pour la flottille de Gaza", "Free, Free, Palestine", que le regroupement s’est dirigé vers la Préfecture où a été entonné le slogan des antifascistes : "Siamo Tutti Antifascisti", avant de se disperser.

[9 juin]

Litanie morbide

Illustration 7

Chaque jour, nous apprenons que 30, 40 ou 50 Palestiniens, femmes, femmes enceintes, hommes, enfants, bébés, vieillards, handicapés sont morts à Gaza : 31 morts le 1er juin, 24 le 2, 27 le 3, 48 le 4, 37 aujourd’hui. 54607 Palestiniens depuis le 8 octobre 2023. Manifestement, Israël se moque des protestations, ce gouvernement fasciste poursuit son projet d’anéantissement. Et nous finissons presque par nous habituer ! Le cynisme d’Israël et des États qui le soutiennent est époustouflant. Les conséquences vont être terribles : les belles âmes qui se sont tues longtemps doivent s’engager dans la condamnation des dirigeants d’Israël sinon leur parole sera sans valeur à jamais.

Quant à celles et ceux qui protestent, depuis le début, quel impact ? L’horreur est absolue et cela ne provoque rien. Que diront les enfants de nos petits-enfants, les petits-enfants de nos enfants ? Il faudra avouer qu’on était impuissants ?

. Liste (extrait) de 13000 enfants tués sur 16000 (50 000 enfants tués et grièvement blessés). Âge.

[5 juin]

Elle s’appelait Yaqeen

Illustration 8

Massivement suivie sur Instagram où elle affichait un optimisme à toute épreuve, engagée avec son frère dans des activités humanitaires, la petite fille a été tuée, à Gaza, vendredi 23 mai, par une frappe contre la maison de sa famille. Elle avait 100 000 followers, elle voulait divertir les enfants. Bien sûr, de bonnes âmes vont nous dire que l’on vise l’émotion, elles laisseront planer le doute sur le fait qu’il y avait sans doute un tunnel du Hamas sous sa maison, on connaît les arguties pour justifier l’injustifiable.

[29 mai]

Cynisme et compassion

Illustration 9

Partout on entend aujourd'hui que c'est terrible (même TF1 et BFM en parle, pas CNews) : une médecin pédiatre dans l'enclave de Gaza a perdu 9 de ses dix enfants dans un bombardement israélien visant une maison d'habitation (le père grièvement blessé). Voilà qu'on nous dit que c'est insupportable, en Israël même certains s'expriment pour dire qu'Israël ne peut pas faire ça, car cela déconsidère cet Etat. Sauf que cela dure depuis 18 mois (et même avant d'ailleurs : un autre médecin renommé a perdu ses trois filles et sa nièce dans un tir de char qui visait précisément sa maison, qui n'avait rien à voir avec le Hamas, et c'était en 2009, voir le film Un médecin pour la paix).

Dès samedi soir, j'ai diffusé le lien d'une vidéo (je n'ai pas partagé directement la vidéo car les images sont si atroces que Facebook pouvait les censurer). Ces images montraient les corps carbonisés et déchiquetés de ces (9) enfants. Il est fort possible que le fait que les parents soient médecins et surtout le fait qu'on ait les images du massacre aient sensibilisé les médias français, des Juifs français et une partie de la population israélienne. Mais l'on sait très bien que 17000 enfants (dont beaucoup de petits enfants) sont morts dans des conditions effroyables depuis la vengeance de Nétanyahou après l'attaque du Hamas du 7 octobre. Rappelons-nous : des bien-pensants qui ont pignon sur rue chez nous considéraient que la mort d'un enfant israélien le 7 octobre tué par le Hamas était terrible, bien davantage que celle d'un enfant palestinien bombardé à Gaza ! 17000 enfants tués par erreur, près de 50000 civils victimes collatérales...

Pour les 9 bambins carbonisés, l'armée israélienne enquête... Comme d'habitude.

_____

Deux des enfants Al-Najjar tués lors d’une attaque aérienne israélienne, la veille, à Khan Younès, en photo sur le téléphone d’une proche, le 24 mai 2025. Hussam Al-Masri/ [publiée dans Le Monde daté du 27 mai]

[26 mai]

Jean-Pierre Filiu, retour de Gaza

Jean-Pierre Filiu a pu pénétrer dans Gaza grâce à l’entremise de Médecin Sans Frontière (MSF). L’historien spécialiste du Moyen-Orient, d’Israël et de la Palestine, auteur de la seule histoire de Gaza traduite dans le monde entier. Son dernier livre, Un historien à Gaza (Les Arènes) sort en librairie le 28 mai et sera vendu au profit de MSF. Des bonnes feuilles ont été publiées par Le Monde du week-end (25-26 mai). Il décrit l’horreur qu’il découvre, lui qui a connu Gaza avant les dernières destructions massives. Parlant arabe, il peut s’entretenir directement avec les survivants et ramène des témoignages bouleversants. Le Hamas n’a pas été frappé autant qu’Israël ne l'affirme pour accréditer l’idée que ses actions étaient "raisonnables" (1/3 des morts seraient des terroristes). En fait ce sont les cadres du Hamas qui sont morts : 8500 remplacés aussitôt par une "piétaille" encore plus sanguinaire, qui fait régner l’ordre sur Gaza avec une extrême violence. Jean-Pierre Filiu était sur France Inter ce matin où il a indiqué qu’une majorité de Gazaouis rejette le Hamas mais les bombardements incessants ne donnent une chance qu’aux accapareurs, aux trafiquants, aux pillards, la quasi-totalité de la population est laminée.

Illustration 10

Filiu dénonce non seulement la cruauté d’Israël mais aussi sa détermination à faire en sorte qu’aucun média ne puisse pénétrer dans l’enclave (il condamne les grands médias occidentaux de s’être pliés à cette règle) et que tout journaliste (palestinien donc) soit systématiquement éliminé [plus de 200 tués, certains directement ciblés]. Les Israéliens ne savent rien de ce qui se passe, ne se fiant qu’à ses satellites : aucun Israélien n’a pénétré dans Gaza autrement que dans un tank. Il considère que la tragédie de Gaza a une portée universelle : c’est devenu « le laboratoire d’un monde sans loi, un monde terrifiant », à la Nétanyahou, à la Trump, à la Poutine. « Ce n’est pas qu’une guerre moyen-orientale de plus, c’est quelque chose qui engage pleinement notre humanité et son devenir ».

Illustration 11

Quand Jean-Pierre Filiu est venu à Auch le 26 novembre dernier pour une conférence à l’initiative de la Librairie Les Petits Papiers (avec Pascal Pradon intervieweur), devant une centaine de personnes, en partenariat avec France Palestine Solidarité, il nous a confié en aparté lors du repas restreint qui a suivi que s’il ne venait plus sur les plateaux de télé c’était parce que les débats y sont piégés, on se retrouve face à des contradicteurs peu fiables. Bien évidemment, il ne nous avait pas annoncé que trois semaines plus tard il entrerait clandestinement à Gaza !  

_______

. Jean-Pierre Filiu, la solution à deux États en Palestine/Israël   

[26 mai]

Gaza : images insoutenables

La photo ci-dessous est tirée de #972 magazine, que j'ai déjà recommandé (https://www.972mag.com/ ).

Au moins 80 Palestiniens ont été tués ce vendredi dans des frappes aériennes israéliennes, sur la bande de Gaza. Informations terribles, images insoutenables diffusées par le média "Actualités Internationales". https://www.facebook.com/61567225.../videos/1032141271905691

Combien de temps faudra-t-il supporter cette destruction du peuple palestinien, alors même que des suprémacistes israéliens ne se privent pas de livrer publiquement leur projet génocidaire sans vergogne, à la face du monde entier ?

Illustration 12

____

On aura noté que les médias mainstream dont ceux des milliardaires, se gardent bien de publier ces informations et vidéos d'enfants massacrés afin qu'on ne puisse mesurer ce qu'est la réalité des bombardements incessants par la bande à Nétanyahou.

[24 mai]

Solidarité avec les Palestiniens martyrisés de Gaza

Dans beaucoup de villes de France, un appel à rassemblements a été lancé pour ce samedi 24 mai : c’est le cas à Auch, où 80 personnes se sont regroupées place de la Libération pour exprimer leur soutien au peuple Palestinien véritablement écrasé par les bombes israéliennes (à la date d'hier : 53 762 personnes tuées, sans doute beaucoup plus sous les décombres, et d'innombrables blessés).

Illustration 13
Le député Renaissance JR Cazeneuve [Ph. YF]

Le député du Gers pro-Macron Jean-René Cazeneuve, présent sur la place, est interpellé par des manifestants, alors il ne craint pas de venir prendre le micro pour rappeler que le 7-octobre a été un "pogrom" avec des actes horribles justifiant que Israël réagisse mais il reconnait que « ce qui se passe à Gaza est une honte ». Il appelle « le Hamas, organisation terroriste, à libérer les otages et qu’il y ait le plus vite possible des négociations » pour que Gaza cesse d’être bombardée et que l’on aboutisse à deux États en Palestine. Il est applaudi par des personnes présentes mais un militant de France-Palestine Solidarité, Djelloul Hatab, lui rappelle que des Palestiniens sont otages d’Israël, par milliers, dont certains torturés, avec des enfants emprisonnés : il est facile de parler du 7-octobre (on est d’accord pour le condamner), mais il y a aujourd’hui un génocide. Il ajoute : « pour que les paroles ne soient pas que des paroles, on attend que la Palestine soit reconnue ». Une intervenante réclame des sanctions contre le gouvernement israélien. Un militant dénonce la duplicité du président de la République qui continue à vendre des armes à Israël. Un autre militant (de LFI) précise que tout ne remonte pas au 7-octobre mais à 1948 [effectivement, par exemple le massacre de Deir Yassin, village palestinien, perpétré par 120 terroristes juifs, qui provoqua en partie la Nakba, l’exode des Palestiniens].

Plusieurs prises de parole ont lieu (LDH, PCF, LFI, CGT, Amnesty International, Michel Soriano, militant des Communes pour la Paix...). Non seulement Nétanyahou affame les Palestiniens, cherche à s’emparer de Gaza (qui, de tous temps, n’a jamais appartenu à Israël), à l’instar du délire de Trump (visant à en faire une Riviera), mais il est rappelé qu’une résolution de l’AG de l’ONU enjoint Israël à sortir des territoires occupés (Cisjordanie) au plus tard au 18 septembre 2025, réaffirmant le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Les importations de produits provenant des colonies israéliennes en Cisjordanie doivent être interdites. Il est également rappelé qu’Israël contre toute notion de droit international interdit à la presse d’entrer à Gaza (ce qui démontre, s'il en était encore besoin, que Gaza est bien une prison organisée par Israël) : seuls les journalistes palestiniens peuvent envoyer des infos, mais ils sont près de 200 à avoir été tués par Tsahal, parfois délibérément visés (c’est certainement le plus grand crime contre la presse dans l’histoire d’un conflit).

Un poème de Mahmoud Darwich est lu. Renée récite un texte fort diffusé par l’UJFP (Union juive française pour la paix) : La Révolte des Affamés qui se termine ainsi :

« Mais si le monde ne nous entend pas aujourd’hui, il ne nous entendra pas demain. Et si la faim n’a pas de voix, alors la révolte des affamés parlera pour elle. Car les affamés, lorsqu’ils explosent, ne demandent qu’une chose : la vie… rien que la vie ». Puis le rassemblement s'est dispersé.

Illustration 14
[Ph. YF]

____

. La Révolte des Affamés : https://ancommunistes.fr/spip.php?article7878

. Les médias mainstream français ont évité de parler d’une méga-manifestation aux Pays-Bas qui a rassemblé 100 000 personnes pour protester contre la politique de leur gouvernement en soutien à Israël.

. Le PCF lance une action de plantation d'un million d'oliviers en Palestine.

. Si le député JR. Cazeneuve a eu la sagesse cette fois-ci de ne pas traiter les militants pro-Palestine d’antisémites comme il l’a fait dans le passé, le fait qu’il qualifie le 7-octobre de "pogrom" est selon moi une erreur, qui a été exploitée par les propagandistes cherchant à mobiliser la population et la diaspora et à justifier une vengeance contre l’ensemble des Palestiniens. Or un pogrom est une attaque menée contre les Juifs dans un État avec la complicité des autorités officielles (en Russie, en Pologne, en Allemagne, en Roumanie...). Le 7-octobre est une attaque terroriste menée à partir de Gaza contre Israël, terroriste pas par le fait que le Hamas s’en est pris aux forces israéliennes (400 policiers et militaires tués) mais par le fait qu’il a exécuté des civils (800) et enlevés des otages (251), y compris femmes, enfants, vieillards.

[24 mai]

Déterminés à exterminer

Des dizaines de morts chaque jour en Ukraine et en Palestine : si ces situations de guerre ne sont pas totalement comparables, il n’empêche que dans les deux cas un dirigeant potentat, animé par une idéologie suprémaciste, perclus de haine et de racisme, empêtré dans des sphères mafieuses, est à la manœuvre. Poutine engagé dans le massacre du « peuple-frère » ukrainien, qu'il accuse de l’avoir attaqué (selon une inversion de la vérité chère à Donald Trump) et d’être nazi, Netanyahou déterminé à exterminer les Palestiniens, accusés d’être tous coupables des crimes du 7-octobre qu’il n’a pas su (ou pas voulu) prévenir, reprochant à toute critique de cette politique sanguinaire de faire preuve d’antisémitisme. Chaque jour, les Ukrainiens pansent leurs plaies avec juste la compassion des Européens qui savent pourtant que Poutine, à terme, les menace également ; chaque jour les Palestiniens relèvent les cadavres et les blessés qui n’ont plus d’hôpitaux pour être soignés, sans eau, affamés, sous le regard de commisération des Européens impuissants.

Illustration 15

Toute dénonciation des crimes de guerre de l’un suppose la condamnation de ceux de l’autre. Toute contorsion visant à prétendre que seules les victimes d’une des deux tragédies mérite notre soutien actif laisse suspecter l’insincérité du combat. Ce qui est terrible c’est qu’aujourd’hui, en France, des indignés ont l’indignation à géométrie variable : Kyïv mais surtout pas Gaza, Gaza mais surtout pas Kyïv.     

Illustration 16

Bakhmout et Gaza

[20 mai]

Halte à l’hécatombe !

151 Palestiniens tués dimanche dans des raids israéliens sur Gaza. Israël et des propagandistes de la trempe de Meyer Habib s’indignent qu’on puisse s’indigner des crimes commis par l’armée israélienne à Gaza alors qu’il y a tant de guerres ailleurs dans le monde (Soudan, Congo…). Défense simpliste et odieuse, car les crimes des uns n’absolvent pas les crimes des autres. Par ailleurs, Israël, à la différence de combattants impliqués dans des conflits armés, est un État, membre de l’ONU, doté de l’arme nucléaire (grâce, ceci dit en passant, à la France), appuyé par des États puissants (dont les USA), persuadé qu’il serait un modèle de démocratie alors même qu’il poursuit depuis longtemps une politique d’apartheid et depuis près de 20 mois une politique d’extermination des Palestiniens à Gaza (et 900 morts en Cisjordanie depuis le 7-octobre, bien plus que lors de la première Intifada).

Pour protester contre ce déni permanent de justice et contre le silence, la complicité, sinon l’incapacité des États à contraindre Israël à respecter le droit international, un rassemblement aura lieu à Auch le samedi 24 mai à 10h place de la Libération.

. se fondant sur l'étude faite par la revue scientifique The Lancet, Hervé Kempf, de Reporterre, évalue le nombre de morts à Gaza à 200 000 soit 10 % de la population. De son côté, l'historien Vincent Lemire, hier soir dans En société sur France 5, évaluait lui à 200 000 le nombre de morts et blessés graves, établissant une comparaison avec la France : en proportion, cela correspondrait à 7 millions de morts et blessés pour notre pays ! et le monde entier se lamenterait sans rien faire ?

[19 mai]

. Ces chroniques sont parues sur ma page Facebook aux dates indiquées entre crochets, avec ici quelques variantes et compléments.

Billet n° 869

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600Le plaisir d'écrire et de faire lien (n° 800).

Contact : yves.faucoup.mediapart@free.fr ; Lien avec ma page Facebook 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.