Le blog de Yves Romain

Mercredi les centres de distribution alimentaire étaient fermés. Jeudi la distribution n’a eu lieu que dans l’après-midi. Ce vendredi à midi la distribution a été interrompue pour cause de surpopulation. Deux centres étaient ouverts. Plus de 400 blessés ont été enregistrés durant trois jours. 75 gazaouis ont été tués par l’armée israélienne depuis le début ; mardi : 27 tués selon la Croix-Rouge.

«Nous essayons d'obtenir de la nourriture, mais elle est couverte de sang. Nous mourons d'envie de manger.» Voici les preuves rapportées par les journalistes d’Haaretz qui montrent la responsabilité de l’armée israélienne dans ce carnage de la faim. Un officier : «L'objectif était de diriger la population par des tirs réels». La plupart des victimes étaient des femmes et des enfants.

Des images satellites présentées par Haaretz révèlent qu’une milice armée palestinienne est présente dans le sud de Gaza. Elle opère avec l’approbation tacite de Tsahal qui refuse de répondre. Avigdor Lieberman, ancien ministre de la Défense, affirme qu'Israël a fourni des armes aux gangs criminels gazaouis affiliés à Daech «sur ordre de Netanyahou».

Entendez bien les mots «concentration et déplacement de la population» insiste Michael Sfard spécialiste de droit international. Au-delà de leur signification c’est un objectif pas un moyen. Il averti gracieusement : déporter des gens c’est pas seulement les faire monter dans des bus ou des camions il suffit simplement de «pousse[r] des personnes à fuir leur domicile» : un crime contre l’humanité.

Un magazine israélien montre en images qu’il faudrait aimer Tsahal plus que tout. Gideon Levy répond : «Aimer une armée dont les soldats ont tué un millier de nouveaux-nés ? Comment est-il possible d’aimer une armée qui massacre des personnes affamées qui luttent pour (...) survivre ?» Tsahal, est devenue une armée «qui ouvre la voie au génocide et aux transferts de population.»

« On parle beaucoup des échecs de l'armée et des services de renseignement qui ont conduit au 7 octobre, et ils ne manquent pas. Mais le premier échec a été de croire que nous pourrions continuer ainsi, gérer les conflits et éteindre les incendies jusqu'à la fin des temps » : Zehava Galon, Haaretz.

«De Primo Levi, (...) j’ai appris : “Nous possédons encore un pouvoir, et nous devons le défendre de toutes nos forces, car c’est le dernier : celui de refuser notre consentement.”» «Personnellement, je refuse de m'habituer. Nous refusons de garder le silence. (…) nous refusons de normaliser la violence.» Ahmad Tibi député à la Knesset, président du parti Ta'al.

Nir Hasson écrit le dévouement de l’urgentiste américaine Mimi Syed alors que les hôpitaux sont ciblés quotidiennement; que les médicaments arrivent au compte-gouttes; que les blessé.es meurent d’infections superficielles; que de plus en plus d’enfants sont tués; que les évacuations sont impossibles; que la population est taraudée par la faim. «Il est impossible d'ignorer la vérité.» dit-elle.

Deux chauffeurs de bus arabes ont été frappés violemment par des supporters du Beitar. La raison : un Arabe a marqué un but contre l’équipe qui a remporté la Coupe d’Israël ! Gideon Levy rapproche l’événement à un «presque 7-Octobre» : «Aux yeux de La Familia, un groupe ultra qui soutient le Beitar, un Arabe marquant un but contre une équipe juive est également un crime incontournable.»

Hanin Majadli, aux origines palestiniennes raconte le hasard d’une rencontre de loin avec une connaissance de retour de la guerre et se demande : «comment suis-je censé agir, ou non, avec quelqu'un qui est revenu de cette guerre, l'a soutenue ou est resté silencieux?» Il y a dit-elle «un sentiment trompeur de retour à la normale.» Alors «je lui ai souri, je l'ai salué de loin et je suis parti.»