Attal et l'école, on croyait avoir tout vu, tout entendu, tout subi : l'application du programme éducatif de l'extrême-droite. Mais aujourd’hui à Viry-Châtillon, dans une logorrhée d’une violence ahurissante, indigne d’un chef de gouvernement responsable, Attal a franchi des limites qu’on croyait ne jamais atteindre.
Dans quelques semaines, la participation forcée des élèves de Seconde rend de facto le SNU obligatoire. Avec la mise au pas de la jeunesse autour d'une mystique identitaire par une contrainte de type militaire, c'est aussi le service public d'éducation, maître d’œuvre et maître d’ouvrage du dispositif, qui change de nature.
L’extrême-droite, une menace pour l’école ? Certes mais bien plus qu’une menace hypothétique ou future, il est plus exact de dire que, dans ses pratiques, comme, d’une certaine façon, dans ses principes, l’école dite de la république anticipe largement les fantasmes éducatifs de l’extrême-droite.
Dénoncer le financement de l'école privée comme seule source de ségrégation, c'est refuser de prendre en compte les effets d'une ségrégation systémique, consubstantielle à l'Éducation nationale.
Édité une première fois en 1987, le Mythe national de Suzanne Citron demeure une source de réflexion irremplaçable sur l’école et sur la société. Notamment dans les extraits ci-dessous où elle dénonce les « fiascos de l’état républicain. » Si l’on tient vraiment à impliquer l’école dans les troubles d’aujourd’hui, encore faudrait-il que ce soit pour de bonnes raisons...
Avec les « valeurs de la république » comme évangile, c’est toute la formation morale et civique des élèves, qui se trouve rattachée de façon arbitraire et autoritaire à un ordre politique indiscuté, en contradiction avec l’idéal démocratique et émancipateur officiellement affiché.
Le service public d’éducation – justification formelle de l’Éducation nationale – sous la contrainte du racolage électoral et du plan de carrière du (Premier) ministre ? Les fantasmes éducatifs les plus improbables de l’extrême-droite promus au Bulletin officiel de l’Éducation nationale et au Code de l’éducation ? Aujourd'hui, ces questions ne peuvent plus être éludées.
Il y a 20 ans, une loi surréaliste sur « les signes religieux ostentatoires » ouvrait les portes de l’école à la police du vêtement. Une police du vêtement inséparable d’un certain ordre scolaire dont on peut trouver la trace dès 2015, dans le contexte post-attentat.
Dans les années 80, Suzanne Citron, remettant en question une vision déjà « anachronique et contradictoire » de la laïcité, en appelait à une "révolution intellectuelle" qui n'aura jamais lieu. Quarante ans plus tard, de dévoiements en compromissions, la laïcité à l'école a récupéré une fonction qui n'avait jamais été la sienne : surveiller et punir.
Les « valeurs de la république » à l’école…l’école de la république » : à l’école, la république se fait culte, avec ses prêches, ses incantations, ses rituels, ses inquisiteurs. Un tabou hérité du mythe national. Une confusion des genres qui aboutit à fabriquer des fidèles là où il faudrait former des citoyens.