Dans Le traître, Marco Bellocchio déploie une fresque monumentale et remarquable de maîtrise tant technique que narrative. La même densité anime Pierfrancesco Favino dans le rôle-titre principal, celui de Tommaso Buscetta, ancien membre de la Cosa Nostra.
120 battements par minute (2017) de Robin Campillo ne palpite que d'une polyphonie sourde où le récit et le pathos étouffent tant les revendications que les actions. Le film ne satisfait aucun des espoirs placés en lui. La déception est totale.
Dans Tous les matins du monde (1991), Alain Corneau délaisse les polars et cède à sa passion du baroque. Ce film austère et en costumes surprend comme Jean-Pierre Marielle en violiste janséniste et mélancolique. Succès public et critique, le film rafle le Prix Louis-Delluc et pas moins de 7 Césars. Ce joli palmarès n'est nullement usurpé.
Par son hybride et son étrangeté, Bacurau trône en bonne place parmi les propositions cinématographiques 2019. Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles, ici tout à la fois réalisateurs et scénaristes, cartographient les genres du 7ème art et livrent une dystopie politique singulière et exigeante.
Pawel Pawlikowski reconduit dans Cold war l'esthétique de son précédent film, Ida (2013) : noir et blanc, format 4/3. Ce choix possiblement opportun justifie-t-il le Prix de la mise en scène si peu discuté obtenu lors du festival de Cannes 2018 ?
Claire Denis étend le champ des possibles déjà vaste de sa filmographie aux films tournés en langue anglaise et de science-fiction avec pour têtes d'affiche Juliette Binoche et Robert Pattinson. High life est un étrange film de genre exigeant, mental, cathartique, organique et sensoriel.
Alejandro Iñárritu fait étalage de tout son brio de réalisateur dans The revenant (2015). Savamment mis en lumière (naturelle) par Emmanuel Lubezki, ce chef-d'œuvre technique pèche cependant par un pendant narratif dévitalisé.
Dans Heureux comme Lazzaro (2018), Alice Rohrwacher ressuscite Lazzaro ainsi qu’un certain cinéma italien de la marginalité populaire. Humaniste, pur et poétique, ce conte moral intemporel brille de mille réminiscences convoquant notamment Ermanno Olmi et Pier Paolo Pasolini
Dans La prière (2018), Cédric Kahn aborde un thème qui sonne comme une promesse de mysticisme mâtiné de névroses. Animée par Anthony Bajon, Ours d’Argent 2018 du Meilleur acteur, cette prière-promesse a-t-elle été exaucée ? Est-elle restée vœu pieux ?
Avec Le poirier sauvage, Nuri Bilge Ceylan, excellent dramaturge et fin portraitiste de l’âme humaine, ajoute une pierre à son œuvre cinématographique dialectique et discursive déjà monumentale. Une pierre qui ne vaut cependant pas pour clé de voûte, pourquoi ?