« Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés ». Frappés par quoi? De la peste comme les animaux malades qu’illustre Jean de la Fontaine? En l’occurrence, il s’agit d’un périlleux état de dépendance, l’arrogalcoolisme. L’actualité a mis en lumière deux de ses victimes: la présidence française et la banque suisse.
Eros, Thanatos, deux faces du même miroir qui reflète la jouissance et l’angoisse, la fusion et la déchirure, diastole et systole du coeur de l’Univers. Deux ouvrages de la poétesse et éditrice genevoise Huguette Junod illustrent ce flux-reflux où le sperme et les larmes font fleuve commun vers notre Mer d’où tout provient et vers qui tout revient.
Pour leurs propres dirigeants, les Français constituent une énigme. La tête ne reconnaitrait donc pas son corps. Un corps d’animal sauvage affligé d’un curieux gène, celui de la grogne sociale. Le psychodrame de la réforme des retraites vient de rajouter une louche de fiel dans cet intradivorce. Avec cette question : le « Gaulois récalcitrant » est-il plus bête que le « terne Helvète »1?
Que tu es lourd, petit homme! Les pieds collés au trottoir par la chaîne invisible de tes peurs. La tête renversée face au ciel, tu contemples l’indéchiffrable ballet des grues cendrées.
Cette jonquille, vous la voyez la tête encore courbée après l’effort colossal qu’elle a produit pour briser la croûte dure d’un sol transi et s’y extirper avec moult contractions et convulsions.
Nous sommes bien installés désormais dans la justice du XXIe siècle. On exécute avant toute autre forme de procès. Et après, les juges peuvent faire leur boulot dans l’indifférence. L’essentiel est fait: la condamnation au pilori médiatique. Au droit à la présomption d’innocence succède désormais le droit au lynchage. Pierre Palmade n’en est que l’exemple le plus récent.
« Je ne sais plus où j’habite ! » Ce leitmotiv revient comme une ritournelle ridicule qui vous colle au oreilles contre votre gré. Nulle maladie dégénérative. Nulle désorientation d’après-boire. Seulement, ce sentiment taraudant d’être toujours à côté de la plaque, de ne plus rien comprendre à la vie. Paumé, quoi. Possédé par la dépossession.
Démiurge à la barbe fleurie, Gaston Bachelard a fait surgir des étincelles en frottant, l’un avec (et non contre) l’autre, l’art poétique et la démarche scientifique. Une exposition d’art lui est consacrée à Paris. Parmi les exposants une artiste lance un défi scandaleux: brûler un livre.
Depuis des décennies, les syndicats français ne cessaient d’essuyer des pertes régulières d’effectifs. Mais depuis la polémique sur la réforme des retraites, ils enregistrent d’impressionnantes vagues d’adhésions. Dans cette lutte, ils ont pris nettement le pas sur les partis de gauche qui jouent à contre-temps. Les syndicats y sont devenus les seuls patrons crédibles de l’opposition.
La France est un pays où il fait bon manifester. Elle a élevé le plaisir de protester au rang d’art fait de convivialité ironique et de créativité protestataire. Vous pourrez même y goûter d’étonnantes merguez au goût de charbon surmené (une manif sans merguez n’est qu’un simple défilé). Que l’UNESCO classe au patrimoine de l’humanité la manif à la française! Au même titre que la baguette de pain.