J’ai lu avec grande attention votre déclaration sur la fin de vie dans Libération le 12 mars dernier. Votre désarroi me peine beaucoup, d’autant que vous êtes des professionnels de grand talent et des soignants attentifs confrontés à des situations très difficiles.
Le communiqué publié le 14/2 par le Conseil National de l’Ordre de Médecins (CNOM) s’est traduit dans les médias par « les médecins Français acceptent l’euthanasie ». Enfin, c’est ce qu’avait compris ma délicieuse employée de maison portugaise, toute heureuse de me l’annoncer ! Un joli message de Saint Valentin ?
Le 18 décembre dernier, le Professeur Didier Sicard présentait son rapport au Président de la République. Ce document commence par un constat lucide et complet sur les très médiocres conditions de fin de vie dans notre pays, analyse que je partage totalement. Par contre, les propositions de solutions qui en découlent ne sont pas une réponse claire à l’attente de la grande majorité des citoyens.
Les seules réactions sur la mort dans le jardin de l’hôpital Gérontologique de l’AP-HP Sainte Périne dans le 16ème arrondissement de Paris dans la nuit du 17 au 18 janvier ont été celles de la CGT. Cette protestation sur le manque de moyen dans cet hôpital est certes légitime, mais le débat ne peut se limiter à ce constat.
L’ INED publie cette étude dans le numéro 494 de Population & Société[1] en novembre 2012. Il y a encore des morts soudaines, accidentelles et violentes ou brutales que l’étude évalue à 16,9% des morts. Notre fin de vie est prise en charge dans 83% des cas par le Système de Santé, majoritairement à des âges élevés. Cette investigation confirme la disparition de la « mort naturelle » dans notre société
Le sixième débat public animé par la Commission Sicard sur la fin de vie vient de se dérouler samedi 17 novembre à Lille. Il ressort que ces journées passées dans 6 villes différentes ont certes permis l’expression de témoignages, mais ont surtout été une tribune pour des soignants et médecins qui ont exprimé leur opposition à toute évolution de la législation.
Lors des élections de novembre, la question 2 demandera aux électeurs du Massachusetts de légaliser ce que nous appelons généralement le suicide assisté, la mort dans la dignité, selon ses partisans, y compris la précédente rédactrice en chef du New England Journal of Medecine, le Dr Marcia Angell. Marcia Angell a réfléchi à cette question en tant que médecin mais aussi en tant que fille d’un vétéran de la deuxième guerre mondiale, qui atteint d’un cancer, a mis fin à ses jours de façon violente.
Claire Compagnon et Thomas Sannié cosignent un constat sans indulgence de l’Hôpital en 2011[1]. La culture de l’institution plonge ses racines dans l’Univers de l’Assistance Publique et de l’Hospice : ainsi se dénomment encore les deux plus grandes institutions hospitalières Françaises (AP-HP et HCL) !
Dans cet ouvrage[1], Philippe Bataille nous offre un texte d'autant plus fort qu'il est rédigé avec rigueur scientifique à partir de faits observés sur le terrain par l'auteur : une dénonciation impitoyable d'une dérive de certains services de soins palliatifs vers un dogmatisme "palliativiste".
Dans ses Directives, Le National Institute for Clinical Excellence (NICE) demande que les médecins d'Angleterre et du Pays de Galles aient davantage recours à la morphine et aux opiacés forts, seul moyen de soulager efficacement la douleur de nombreux patients. Les Directives recommandent aux médecins de parler avec leurs patients de leurs préoccupations, que ce soient l'accoutumance, la dépendance, les effets secondaires et les peurs que ce traitement signifie la fin de vie.