Pour en finir avec la démolition de Mavadzani, le portfolio montre une terre dévastée, mise à nu, sans autres végétation que les quelques arbres qui ombrageaient les cours habitées. La plupart des familles délogées, à quelques exceptions dont l'administration se prévaut, vivent accueillies par des voisins, sur des terrasses, dans les recoins d'une maison et attendent des jours meilleurs.
Menacée depuis plus de deux ans par deux arrêtés de démolition, la population du quartier de Mavadzani dans la commune de Koungou, s'est dispersée dans les alentours et tente de s'insérer dans les quartiers analogues dans le voisinage. La presse locale n'hésite pas à estimer à 4000 le nombre de personnes délogées. Et l'Etat aurait compté 465 habitations à détruire.
Lundi 2 décembre. La préfecture de Mayotte a lancé le "décasage du bidonville de Mavandzani", où vivaient environ 400O personnes et 500 familles selon la presse locale. Les habitants n'ont pas attendu les tractopelles et nombreux ont déserté les lieux avec armes et bagages, tôles et poutres, depuis des mois dévoilant une mosaïque de carrés rappelant les habitations démontées.
Opération « décasage ». Depuis plus de deux ans, les occupants du quartier dit Mavadzani sur la commune de Koungou savent que leur habitation construite à base de matériaux de récupération, de poutres et de tôles est condamnée à la démolition par arrêté préfectoral. Deux jours avant la date fatidique, tout le monde achève le démontage de sa case et procède au déménagement.
Dans la mesure où il s’obstine à maltraiter Mayotte et à désigner des boucs émissaires à la population victime de son administration, le gouvernement ne conçoit que de déverser les échecs de sa politique sur les iles voisines de l'archipel, ainsi considérées comme les poubelles de la République. Au risque d’une guerre frontale entre les communautés si d’aventure l’opération vire au fiasco.
Près de 200 demandeurs d’asile vivent à la rue, pressés sur les trottoirs entourant le siège de l'association officiellement chargée de leur accueil. Le tribunal administratif a, chaque fois, rejeté les recours des cinq familles souhaitant bénéficier des protections internationales, d’une aide alimentaire et d’une mise à l’abri. Les populations pauvres ont-elles encore accès à la justice ?
Sous des prétextes vertueux d’insalubrité, d’indignité humaine, d’insécurité, l’État français persiste à détruire la maison des pauvres dans un territoire où le taux de pauvreté est un des plus élevé du monde. Ce portfolio montre comment sont traités les indésirables à partir d’un commentaire du dernier arrêté de destruction de l’habitat illégal commis par le préfet de Mayotte.
Malgré une condamnation infamante par le juge administratif, le préfet de Mayotte n’entend pas rectifier sa politique de démolition des quartiers pauvres. Abrogeant l’arrêté attaqué pour aussitôt en décréter un nouveau tout autant litigieux contre les mêmes habitants, il détruit sans retenue au nom de règlements propres à la France hexagonale que les autorités veulent imposer envers et contre tout.
Les démolitions des quartiers pauvres de Mayotte s’enchaînent les unes après les autres. Ce portofolio présentent les quelques familles encore sur place. Elles vivent au milieu des décombres des habitations démontées avant le grand chamboulement prévu le 5 novembre. Se montrant sans s’exposer, elles veulent ainsi exprimer l’effacement qu’elles subissent sans répit dans la société mahoraise.
Par daniel gros
| 10 commentaires
| 50 recommandés
Les bulldozers engloutissent à présent les ruines de Karobolé désertées de ses habitants. Toutes traces effacées, restent les images pour témoigner du traitement indigne que la France réserve aux populations pauvres sur son territoire. Tout juste si on les laisse vivre. Fin de l’épisode. Ce portofolio a été réalisé en collaboration avec Bahati, jeune habitante du quartier.