La loi Refondation Mayotte criminalise l’ensemble des actes de la vie des populations autochtones habitant sur l’ile. L’accès aux ressources, l’entraide, les circulations, les relations, tout est mis sous contrôle dans un fantasme de confinement utopien et de surveillance panoptique qui n’épargnent aucun aspect de la vie quotidienne jusqu’à l’intime. Second volet.
Grâce à la Loi Refondation Mayotte, l'État français s'est donné les moyens juridiques de poursuivre sa politique contre les populations pauvres. Parviendra-t-il ainsi à déplacer les indésirables vers les Comores ? Au risque de désespérer les anciennes colonies qui ne voient pas de fin à leur malheur. La fabrique de lois vouées à priver de droits peut-elle fonder un monde humain habitable ?
Malgré la crise humanitaire qui a succédé à l'épisode cyclonique du 14 décembre, le gouvernement ressort les vieilles recettes : dérogations à la loi qui dégradent les relations sociales et appauvrissent la population, stigmatisation des étrangers et des pauvres. L'Assemblée nationale vient d'adopter en première lecture la loi urgence Mayotte qui éloignera toujours plus Mayotte de la France.
Les autorités se succèdent au chevet de Mayotte. Pour interdire à une population traumatisée et abandonnée de reconstruire les bidonvilles, plus précisément les quartiers de cases en tôle, pourtant seul mode d’habitat rapidement remontable. Sans souci des habitants abandonnés, déshumanisés, invisibilisés dans un grand escamotage de la présence étrangère, des traces de pauvreté, du vivant humain.
Tandis qu'à Mayotte les populations espéraient que la dévastation de leur île serait l'occasion de repenser l'action de l'Etat, au-delà des querelles sur le nombre de morts, les vivants cherchent les secours promis par la France. Un gouvernement de revenants ressort les vieilles rengaines : attaque contre le droit du sol, lutte contre l'immigration, interdiction des bidonvilles.
Chido est venu parachever l’œuvre de Wuambushu. Ce faisant, il a mis en évidence que la politique française à Mayotte et la lutte sur tous les fronts contre les populations venues des autres îles de l’archipel ont fragilisé et appauvri tous les habitants. Les gens des bidonvilles se relèvent et remontent leurs cases. Les autres songent à fuir une terre décidément inhabitable.
Depuis 2019 les gouvernements d’ E. Macron s'obstinent à détruire les quartiers pauvres sans projet d'urbanisme. Ces démolitions Wuambushu ont progressivement miné les solidarités et accentué les fragilités de la société mahoraise. Chido a fondu sur Mayotte et l'a dévasté. Mais l'Etat français persiste dans ses obsessions xénophobes qui augurent du pire avec une légèreté déconcertante.
Pour en finir avec la démolition de Mavadzani, le portfolio montre une terre dévastée, mise à nu, sans autres végétation que les quelques arbres qui ombrageaient les cours habitées. La plupart des familles délogées, à quelques exceptions dont l'administration se prévaut, vivent accueillies par des voisins, sur des terrasses, dans les recoins d'une maison et attendent des jours meilleurs.
[Rediffusion] Depuis le début de la mise en œuvre de la loi Elan à Mayotte, le préfet aura pris 40 arrêtés de démolition et détruit 35 quartiers, mettant à la rue plus de 12 000 habitants. Depuis ce matin, lundi 2 décembre, il procède au « décasage » d’un immense quartier de près de 4000 habitants, avec l’espoir que toutes ces gens quitteront l’ile invivable pour les Comores voisines.
Menacée depuis plus de deux ans par deux arrêtés de démolition, la population du quartier de Mavadzani dans la commune de Koungou, s'est dispersée dans les alentours et tente de s'insérer dans les quartiers analogues dans le voisinage. La presse locale n'hésite pas à estimer à 4000 le nombre de personnes délogées. Et l'Etat aurait compté 465 habitations à détruire.