« Il n’y a point de meilleur moyen pour mettre en vogue ou pour défendre des doctrines étranges et absurdes, que de les munir d’une légion de mots obscurs, douteux et indéterminés. » John Locke Depuis1
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longtemps présents dans les discours politiques contemporains tenus par des responsables de droite comme de gauche, les « éléments de langage » prolifèrent. Plus encore lors d’échéances électorales jugées majeures où il s’agit de recueillir l’adhésion ou le soutien des électeurs, et de capter l’attention. La campagne, qui a débuté pour les présidentielles à venir, en témoigne, déjà. Leur fonction ? Occulter le fait qu’il s’agit d’une propagande souvent grossière destinée à imposer des représentations particulières des réalités qu’ils sont supposés désigner, par la sidération et à favoriser la mobilisation des Français, selon l’expression consacrée. Mots nouveaux ; vieilles pratiques. Ces « éléments de langage » prospèrent grâce à des locutions vagues - citoyenneté, vivre ensemble, migrants …-, à des termes qui, sous couvert de qualification, visent à disqualifier certaines catégories sociales et/ou minorités visées – assistés, jeunes des banlieues, communautaristes… - en faisant croire que les uns et les autres sont autant de menaces graves pour la stabilité et l’intégrité de la société. D’autres termes enfin sollicitent ouvertement la peur en suggérant que la France est confrontée à des dangers existentiels – guerre civile, territoires perdus de la République, islamisation,…-. Pseudo-concepts, expressions toutes faites, béquilles rhétoriques, métaphores éculées ; tels sont les principaux éléments constitutifs de cette langue politicienne. Travailler à leur déconstruction par l’ironie et l’analyse ; tel est notre objectif.