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Billet de blog 24 novembre 2017

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L'Hebdo du Club #35: l'arbre qui cache la forêt

Sous différentes formes, Mediapart a été au centre d’un débat surréaliste. Toutes les théories pouvant nuire à la rédaction de notre journal ont été développées. Y compris dans le Club. Soldons cet épisode de bruits, coupons l’arbre planté par nos contempteurs et mettons en exergue les sujets qui ont poussé dans notre forêt de libre expression.

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Nous n’irons pas à Canossa. Et on ne remettra pas deux euros pour relancer cette machine infernale qui a voulu pendant trois semaines déstabiliser, salir, remettre en cause la probité des journalistes de Mediapart. Des petites phrases honteuses aux éditos vitriolés, on a eu droit à toute la palette d’encre. Y compris dans le Club, sphère réservée à nos abonnés. Attaquée, vilipendée, la rédaction s’est vu obliger de répondre aux pires insinuations. Cette campagne de dénigrement et de règlement de comptes – voir le billet à charge de Roger Evano – a permis la mise en exergue de paroles et d’actes d’une minorité accusatrice mais aussi d’une grande majorité solidaire de Mediapart. Comme Jean Baubérot, Philippe Corcuff ou les 150 personnalités et plus qui ont signé cette tribune. Néanmoins, on ne peut rester sourd aux cris d’orfraie et aveugle aux textes calomniateurs.

Pour nous, tout a été dit et écrit. Reste à lire les enquêtes et tous les billets, depuis celui de la Société des journalistes de Mediapart jusqu’aux mises au point factuelles de François Bonnet et Edwy Plenel (ici et ). Et à revoir le retour sur nos enquêtes dans le Live diffusé en direct ce mercredi où Fabrice Arfi, Carine Fouteau, Jade Lindgaard, Edwy Plenel répondent à François Bonnet.

Ramadan, "Charlie" et Valls: Mediapart s'explique © Mediapart

Des dizaines de billets et des milliers de commentaires ont été mis en ligne, dans lesquels les détracteurs de notre journal ont jeté l’opprobre sur la rédaction et son Crieur. Libre à eux de ne pas épouser la ligne éditoriale du journal, de détester Edwy Plenel. Liberté d’expression absolue. Mais pour rappel à ceux qui n’ont pas lu notre charte et même s’ils sont pour la plupart des abonnés de la première heure, « les contributions publiées doivent respecter la législation en vigueur, notamment les dispositions de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ». Insultes, invectives, injures, harcèlement, dénigrement et propos de nature diffamatoire, envers tout contributeur comme envers Mediapart et sa rédaction, n’ont pas leur place dans le Club. 

La répétition peut être comique. Mais pas là. Du pourrissement de fils de commentaires à des billets à charge, nos contempteurs profitent de l’occasion. Ils s’inventent une Anastasie fantasmée et crient à la censure. Une victimisation pour accuser, dénoncer sur du mensonge ou colporter de fausses informations, en niant la vérité et le travail de Mediapart sur la laïcité, Ramadan, l’islamisme, le salafisme…

Pendant ce temps…

La COP23 a pris fin à Bonn. Et avec cette convention climat son lot d’interrogations. Comme le billet de Maxime Combes qui, dans son chapô, tire la sonnette d’alarme : « Aucun sursaut politique n’est venu répondre à l’alerte des scientifiques et à la multiplication des catastrophes climatiques. À cette forme de déni climatique qui conduit à repousser à plus tard ce qui ne devrait pas l’être, doit répondre une mobilisation citoyenne d’une ampleur sans précédent : à nous de faire l’impossible pour que l’impensable ne se produise pas. » Ou le texte mis en ligne par Jean-Luc Gasnier qui souligne : « Alors que la gravité et l’intensité de la crise écologique nécessiteraient à l’évidence une refonte totale de nos manières de penser l’économie, les conférences climatiques sont instrumentalisées par le système et jouent le rôle d’activateurs de croissance pour de nouveaux eldorados du capitalisme. »

Au lendemain de cette 23e Conférence climat de l’ONU, une déclaration de Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique, a fait l’effet du bombe. Il a « admis que la France ne pourrait pas tenir l’objectif de ramener la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % en 2025, sauf à relancer la production d’électricité à base d’énergies fossiles ». Une annonce en forme de reniement qui a provoqué la gronde des associations écologistes. Comme celle qui lutte contre CIGEO à Bure : « Après avoir différé à 2035 la réduction à 50 % de la production électronucléaire, Nicolas Hulot affirme que la poubelle nucléaire Cigéo serait la moins mauvaise solution pour gérer les déchets radioactifs. À l’inverse de ce qu’il disait avant d’être ministre. À défaut de sortie du nucléaire, ne faut-il pas sa sortie en urgence du gouvernement ? » Deux autres billets sur l’écologie ont retenu notre attention, celui rédigé par Gael Briand, qui se fait le relais d’un avertissement à l’humanité signé par plus de 15 000 scientifiques de 184 pays. Et celui de Scopfair, qui pose cette question sur Paris : « Quel peut être le bilan de notre métropole carbonée sur la qualité de l’air et quelles seraient les pistes pour le dépolluer ? » Et essaie d’y répondre en proposant des solutions.

Pendant ce temps…

Il y a un ministre qui ne manque pas d’air, c’est Jean-Michel Blanquer. Ce qui a pour conséquence de faire réagir dans le Club. Claude Lelièvre, dans son billet « Blanquer, Marianne et la République », revient sur l’argumentaire du ministre de l’Éducation nationale qui, le 15 novembre, à l’Assemblée nationale a lancé : « Pas besoin d’écriture inclusive. La France a comme emblème une femme, Marianne ; l’un de ses plus beaux mots est féminin, la République. » Pour l’historien de l’éducation, Blanquer, ce sont « les insuffisances dans la suffisance » qui le caractérisent.

Girard qualifie, quant à lui, le ministre comme « dogmatique et arrogant ». Dans son dernier billet, il revient sur le stage syndical organisé par Sud Éducation 93 intitulé « Au croisement des oppressions. Où en est-on de l’antiracisme à l’école », que J.-M. Blanquer juge inacceptable. Et sur la plainte déposée par le ministre.

Autre sujet qui a alimenté le fil d’actualités, la sélection à l’université. Le 14 novembre, Sabina Issehnane et Léonard Moulin, membres du comité d’animation des Économistes atterrés, expliquent pourquoi la sélection à l’entrée à l’université ne saurait être la solution à la crise que connaît l’enseignement supérieur.

Pour clore le chapitre et amorcer la dernière partie de ce billet hebdo, nous revenons, grâce à Claude Lelièvre, sur la déclaration de Jacques Toubon qui fait suite à une enquête menée auprès de 3 000 établissements scolaires (publics et privés) par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Le défenseur des droits soutient : « À la base des comportements de harcèlement sexuel, il y a “l’idée qu’il y aurait un rapport de supériorité des hommes par rapport aux femmes” et que “l’éducation à la sexualité doit contribuer, dès le plus petit âge, à détruire stéréotypes et préjugés”. »

Et pendant ce temps…

La féministe Caroline de Haas interpelle le président Macron dans deux billets de blog. Un daté du 10 et l’autre du 20 novembre. Dans le premier, elle dévoile qu’un appel #1femmesur2 a été lancé et que 120 000 personnes l’ont signé mais qu’Emmanuel Macron ne rompt pas le silence sur ces violences massives : « 3 millions de femmes en France ont déjà subi – ou subissent encore – du harcèlement sexuel au travail. Chaque jour en France, 1 500 femmes sont victimes d’agressions sexuelles et plus de 200 femmes sont violées, dans 90 % des cas par une personne de leur entourage. Chaque année, plus de 100 femmes sont tuées sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon. » Dix jours plus tard, Caroline de Haas rebondit sur une déclaration du président de la République faite lors d’un déplacement en Suède. Elle réagit par une série de témoignages : « Interrogé par des journalistes sur la question des violences sexuelles que subissent les femmes, vous avez répondu : “Allez voir la police, saisissez la justice.” Cela m’a donné envie de vous raconter des histoires, pour que vous compreniez le problème. Parce que manifestement, vous êtes complètement à côté. »

Dans un billet posté par Marilyn Baldeck, déléguée générale de l’Association de défense des victimes de violences sexuelles au travail, sont abordés les licenciements discriminatoires et, en particulier, l’indemnisation du harcèlement sexuel. Car « en moins de quatre ans, de manière explicite et assumée par les gouvernements successifs, les garanties légales liées à l’indemnisation des victimes de harcèlement sexuel (comme de toutes formes de discriminations) par les employeurs ont été remises en causes ».  

Autre angle et autre sujet primordial dans ce texte publié par Catherine Le Margueresse, juriste et ex-présidente de l’AVFT. Intitulé « Sans “oui”… c’est non », ce billet éclaire le débat. « Beaucoup de personnes s’indignent, à juste titre, de ce qu’il existe une présomption de consentement des mineur.e.s à une “relation” sexuelle. Plus rares sont celles qui dénoncent l’existence d’une présomption de chacun.e à une “relation” sexuelle, présomption sur laquelle les dispositions pénales relatives au viol et aux agressions sexuelles reposent. » Elle aspire à une modification en profondeur et durable des relations entre les femmes et les hommes.

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