Il y a des soirs, comme ça, où vous vous sentez vraiment bien. Euphorique même, drogué à l’intelligence collective. Mal assis mais très bien entouré ; transpiration assurée mais ambiance tempérée ; discussions animées mais bien éclairées ; convictions affirmées mais pluralisme respecté ; sympathies affichées mais déontologie protégée. En bonne compagnie, quoi.
La réception officielle d’Ousmane Sow à l’Académie des beaux-arts de Paris, le 11 décembre dernier, me donne l’occasion de dépoussiérer un article publié en août 2012 dans le quotidien sénégalais Le Soleil[1]. Il était accompagné par un hommage photographique personnel : « Sow, le Griot de la glaise ».
« J’ai 18 ans et je fais partie des échecs scolaires… » Voilà le titre de ma toute première tribune, publiée [1] en 1982, à l’occasion d’une consultation sur le lycée lancée par l’administration. Ce cri de révolte d’un adolescent, sur la situation éducative de son pays et le destin peu enthousiasmant qui attendait les laissés pour compte de l’école dans une société bloquée par de nombreux archaïsmes, était accompagné d’un projet de réforme, expédié directement au tout nouveau ministre de l’Éducation nationale, André Savary.
Au moment où Google et l’Association de la Presse d’Information Politique et Générale (AIPG) viennent d’officialiser le lancement du Fonds Google-AIPG pour l’Innovation Numérique de la Presse (FINP), il me paraissait intéressant de dépoussiérer une tribune dans laquelle j’exposais mes arguments contre la création d’une taxe dite « Google » (substituée de fait par la naissance et le financement du FINP, donc).
Voici revenus les temps des mauvaises odeurs. Un homme - Edward Snowden - qui n’est peut-être pas un saint, mais qui fait œuvre sainte pour la liberté individuelle et la préservation de la souveraineté des nations est aujourd’hui apatride, condamné à l’errance.La République de Bolivie vient d’être bafouée par l’Europe ; pire, son président vient de subir une humiliation planétaire et d’être traité comme un vulgaire trafiquant de drogue.
Au moment où le « débat » sur le « mariage pour tous » emprunte les chemins de manifestations de plus en plus nauséabondes, les réflexions d’un gardien professionnel de l’ordre social – un commissaire de police, en l’occurrence – semblent d’actualité afin de nous rappeler que, premièrement, le Code civil n’est pas ce marbre gravé d’une loi divine que l’on voudrait nous faire bénir, que le droit est heureusement une matière vivante qui évolue tous les jours grâce à la jurisprudence de ces hommes qui, siècle après siècle, péniblement certes, tentent de s’éloigner de leur obscurité originelle ; que, deuxièmement, la notion de civilisation n’est pas non plus un argument de vérité, mais simplement - pour paraphraser Huizinga-, la définition autoritaire de la culture (et des traditions) qu’une société s’attribue à elle-même.
« Le serment est le lien qui maintien la démocratie » : voilà ce qu’un vénérable ministre du budget[1], pour le dire avec nos mots d’aujourd’hui, rappela au peuple lors du célèbre procès qu’il intenta à un citoyen pour son manquement à l’honneur. Cela se passait en 330/331 avant l’ère chrétienne.
Je désire[1], Français, que le début de cette accusation contre Jérôme Cahuzac appelé ici en jugement, atteste les sentiments de justice qui m’animent, et ma piété envers la République.Je supplie de faire que le prévenu trouve aujourd’hui en moi un accusateur digne de défendre les intérêts de la patrie, et de lui faire trouver en vous tous, qui allez délibérer sur le salut de vos pères, de vos femmes, de vos enfants, de la Nation et de la République, des juges inflexibles qui décideront du sort de celui qui a trahi tant d’objets sacrés.
Il fut un temps où le commun des Grecs croyait encore que Zeus, « celui qui voit tout », frapperait de sa foudre l’homme sans parole, celui qui se rendait coupable de parjure.Une époque, il est vrai, où le mensonge n’était pas devenu officiellement une qualité participant de la vertu, ce que Protagoras avait défini comme cette « chose unique, à quoi tous les citoyens doivent nécessairement prendre part,s’il doit y avoir une cité[1] ».Les Hellènes savaient depuis ce grand sophiste que, avant la civilisation, leurs ancêtres se pourchassaient et se détruisaient à la manière des bêtes et que, s’ils « se comportaient d’une manière injuste les uns envers les autres », c’est parce « qu’ils ne possédaient pas [encore] l’art politique ».