L'île de Saint Martin n'est pas un paradis fiscal, enfin pas vraiment. Elle est sur la liste grise. En principe elle n'est donc pas en odeur de sainteté. Une pierre dans le jardin de son saint patron. Un accroc dans sa légende qui nous apprend, entre autres que, se trouvant près d' Amiens, pendant le rude hiver 337, il rencontra un mendiant, nu et tremblant de froid. Comme il avait donné à d'autres pauvres tout l'argent qu'il possédait, il coupa son manteau et en remit la moitié au mendiant. Et s'il ne donna pas l'autre moitié, n'allez pas croire qu'il pensait un tout petit peu à lui, ce qui serait la moindre des choses, non, c'est tout simplement que l'autre moitié restait propriété de l'armée romaine*.
On prête à bon droit beaucoup d'attention aux différences dans tous les domaines de la connaissance, y compris dans la connaissance spontanée dite “vulgaire”. En les observant chacun peut catégoriser son expérience et se construire une vision du monde. Le sens commun y trouve matière à s'établir. Mais quand les différences sont “petites” ? Par exemple entre un paradis fiscal gris et un paradis fiscal noir ? Se pourrait-il que certaines “petites différences” soient de simples constructions mentales ? De purs signes sans contrepartie réelle ? C'est si facile …
“Vous voilà débarrassé d'un préjugé qui vous coûtait cher” , c'était le slogan dans les années cinquante de la margarine Astra, immortalisé par Roland Barthes comme l'une des Mythologies de l'époque, une “vaccine”. En ce temps-là la margarine (à l'huile de colza ) s'attaquait au marché des corps gras culinaires grâce à son prix inférieur à celui du beurre. Mais elle devait “vacciner” le corps social contre des préjugés tenaces à son égard. Aujourd'hui sa richesse en Omega 3 “magiques” a fait de l'huile de colza un parangon de la bonne nutrition. Le mythe s'est inversé mais la vaccine est toujours d'actualité …
La figure du traître s'applique pour le sens commun à l'aventure individuelle d'une personne dont le comportement heurte une morale universelle. L'acte de trahison commis en contradiction avec un engagement, une cause à laquelle il adhérait est généralement réprouvé dans tous les milieux. Mais un traître ne dit pas que sur lui-même, il dit aussi beaucoup sur le camp qu'il trahit et sur le camp qu'il rejoint. En fait, le traître est triadique … Illustration …
Aujourd'hui, en politique, il n'est pas de gouvernants qui ne se réclament du pragmatisme. Singulièrement quand ils sont conduits, sous la pression des circonstances, à faire toute autre chose, et parfois même le contraire, de ce qu'ils ont annoncé. Mais qu'est-ce donc que cette doctrine si accueillante et si flexible, ce joker qu'on a toujours dans son jeu et que l'on peut jouer et rejouer indéfiniment ?