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La bataille du sens commun

Professeur émérite Sémiologue
Perpignan
  • Frêche connote dur

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    La tradition linguistique aussi bien que la logique ont retenu deux concepts très utiles pour distinguer ce qui dans un propos est manifestement dit de ce qui est simplement suggéré. La dénotation recouvre en quelque sorte le sens commun, littéralement ce qui est communément admis au sujet de ce dont on parle, généralement consigné dans les dictionnaires. La connotation regroupe tous les autres éléments qui sont simultanément présents à l'esprit comme une sorte de surcharge sur ce qui est dénoté. Ce sont des "sens en plus" qui peuvent surgir hors du contrôle des locuteurs ou bien au contraire être recherchés par lui pour dire ce qu'il ne peut pas dire mais qu'il veut néanmoins communiquer. Ils n'appartiennent pas par essence au sens commun car ils sont fortement dépendants de la forme de l'expression et du contexte de l'énonciation. Ils seront donc l'objet au moins d'un débat serein (par exemple dans un brain-storming de publicitaires) au plus d'une violente polémique (par exemple dans le champ politique où ils servent en général à déqualifier l'adversaire. Deux dénotations dans l'actualitéAinsi "la tronche pas catholique de M. Fabius"* dénote la tête de la personne qui a impressionné la couche sensible du dispositif technique à l'origine de la photo ci-dessous, ni plus ni moins :Pareillement, "l'équipe réserve du PSG" **dénote l'équipe qui a posé pour faire la photo ci-dessous :
  • Thomas Legrand ,"objectiveur" de conscience.

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    Suis-je piégé ? Suis-je en train de me faire dévorer par mon propre sujet ?". Ces interrogations que Thomas Legrand se pose avec une grande honnêteté dans les premières pages de son livre* posent clairement l'éternelle question épistémologique des sciences sociales : comment objectiver quand on est soi-même dans l'objet qu'on objective ? Comment se regarder passer dans la rue depuis sa fenêtre ? Plus précisément que fait-on lorsqu'un beau matin on se découvre "sarkroniqueur" sous le regard d'un tiers, son propre fils ?
  • Vincent Peillon a cassé un triangle

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    Il arrive que les structures formelles et les métaphores géométriques qui leur sont associées portent dans certaines circonstances l'essentiel de la signification des phénomènes. C'est le cas pour “l'acting out” de Vincent Peillon qui a proprement cassé l'habituelle triangulation de la communication sarkozyenne. En effet quand on est trois débatteurs il y a trois structures formelles possibles de débat : 
  • Les idiots utiles

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    En 2008, c'est le journaliste du Figaro Sébastien Lapaque (auteur d'un intéressant et curieux livre intitulé “Il faut qu'il parte”, Stock) qui qualifiait ainsi Jean-Pierre Raffarin envoyé selon lui à ce titre en Chine pour mettre du baume sur les blessures occasionnées aux dirigeants chinois par les manifestations autour de la flamme olympique à Paris. En 2009 c'est Renaud Dély, journaliste à Marianne qui publie "Besancenot, L'idiot Utile Du Sarkozysme" (Bourin). Aujourd'hui, c'est le socialiste Vincent Peillon qui refuse de jouer les idiots utiles dans un débat sur l'identité nationale sur le service public. Le concept semble transcender la division droite-gauche …
  • L'ascenseur social

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    La métaphore de l'ascenseur social est un choix “grand public” pour traiter de la mobilité sociale, c'est-à-dire des changements de statut social des individus ou des groupes sociaux au cours du temps. On l'utilise volontiers pour suivre dans le temps les différences entre le statut social des parents et celui de leurs enfants. On s'accorde aujourd'hui pour dire qu'il est en panne. Ne serait-elle pas réductrice au point de produire une distorsion de réalité ?  
  • Le minaret de trop ?

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    Pourquoi le minaret apparait-il comme une borne dans le champ de l’acceptation de l’islam ? Qu’apporte-t-il de plus qu’une mosquée ? Quel genre de signe est-il qui bouleverse l’opinion et revigore FN et xénophobes de tout poil ? Est-t-il une sorte de missionnaire symbolique ? Opère-t-il sur les consciences « occidentales » en échappant à l’emprise de la raison jusqu’à susciter des comportements insensés incontrôlables ?
  • Identités : retour gagnant ...

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    Le débat politicien Besson-Sarkozy sur l’identité nationale n’est pas qu’une grosse ficelle électoraliste, tout comme la création en 2007 du Ministère correspondant. Officiellement, il est justifié par la nécessité de mettre en place des protections afin de préserver l’intégrité de la « nation française » menacée par des vagues incessantes d’immigrés inassimilables (principalement musulmans du Maghreb et africains). Objectivement, sa fonction, peut-être impensée, est de circonscrire un « danger » autrement plus menaçant pour elle, à savoir le retour dans le champ géopolitique des « nations sans état ».
  • La mauvaise vie des signes

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    Les signes aussi ont une vie … Bien qu’immuables dans leur apparence ils dépendent pour leur interprétation des époques et des domaines qui s’en saisissent. Ils peuvent donc présenter à l’esprit des objets très différents. En particulier, la vie d’un signe peut être affectée par un simple déplacement dans l’espace public. C’est exactement le cas du livre « La mauvaise vie » de Frédéric Mitterrand. Un signe aussi peut connaître une mauvaise vie …
  • Georges Frêche ou le tricard magnifique

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  • Le cholestérol

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    La métaphore du « corps social » fait toujours recette. C’est une facilité « pédagogique ». Lorsque la société va mal, la métaphore devient forcément médicale. Alors on nous dit aujourd’hui que l’endettement, c’est comme le cholestérol : il y a le bon et le mauvais. On nous invite donc à évaluer ce que nous connaissons assez mal (la structure de la dette publique) à travers ce que nous connaissons un peu mieux (les chiffres du laboratoire d’analyses). Comment ça marche ? Que vaut cette « information ? Et qui va payer le docteur et les médicaments ?