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Aujourd'hui elles sont rares les radios qui n'ouvrent pas fréquemment et longuement leur antenne à leurs auditeurs sur tout sujet d'actualité et aussi sur des problématiques d'ordre politique, social, sociétal voire philosophique ou moral. A de rares exceptions près on peut à bon droit, à l'écoute du matériau recueilli dans ces occasions, évoquer le célèbre "Café du commerce" comme je l'avais fait ICI. A l'usage il m'est revenu en mémoire une vérité première bien connue des éleveurs de bétail à laquelle l'éclectisme de ma formation d'instituteur m'a permis d'accéder, il y a longtemps …
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La droite et plus généralement les bien-pensants de la pensée unique accusent Jean-Luc Mélanchon de populisme lequel le revendique et s'autoproclame "tribun du peuple". Les journalistes de cour qu'il lui arrive de dénoncer dans le moment même de leur courtisanerie, appuyés par leur corporation, hurlent au crime de lèse-majesté. Il persiste et signe. Même ses partenaires communistes le pressent de tourner la page considérant que "le populisme ne peut pas être l'orientation du Front de gauche" lequel doit rester une "construction populaire et citoyenne qui parie sur l'intelligence". Cela donne à penser qu'il n'y aurait qu'un seul populisme, unanimement condamné, sans autre signification que celle du dictionnaire* : "Tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou préférentiellement au peuple en tant qu'entité indifférenciée"** ?
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Il n'est pas rare que les enfants surpris les doigts pleins de confiture et accusés d'avoir pillé le pot rétorquent contre l'évidence : "c'est pas moi, j'ai rien fait !". Car ils ont découvert dans le cours de leur expérience la force du déni, un acte de langage capable de changer le présent, au moins un instant. En effet tout énoncé possède ce que les linguistes appellent un aspect "performatif" ou "force illocutionnaire", des termes techniques qui signifient simplement que le langage possède une capacité certaine, même si elle est fugitive, d'ajuster le monde aux mots. Certains politiciens ont démontré récemment qu'ils étaient de grands enfants … Brève incursion dans un monde qui s'ajuste si bien à leurs mots …
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Pour les néolibéraux il importe de développer les marchés financiers, de faire en sorte qu'ils puissent fonctionner le plus librement possible, parce qu'ils constituent selon eux le seul mécanisme d'allocation efficace du capital. Le manifeste des "économistes atterrés"*, constats à l'appui, s'inscrit en faux
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L'effet Matthieu a été repéré il y a 50 ans par le sociologue américain Merton. La citation canonique, celle que l'on retrouve partout, est la suivante :" " À celui qui a, il sera beaucoup donné et il vivra dans l’abondance, mais à celui qui n’a rien, il sera tout pris, même ce qu’il possédait. " (25:29). Précisons immédiatement que Saint Matthieu met ces paroles dans la bouche d'un homme riche auquel, plus loin, il promet l'enfer. Mon propos est moins de faire la promotion de ce terme que d'en apprécier la valeur-signe. L'actualité de l'ultralibéralisme en crise le remet au devant de la scène … Plongée sémiotique dans l'évangile de notre temps.
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Les régionales en Languedoc-Roussillon, ont été l'occasion de porter diverses accusations sur le "système Frêche". La moindre n'était pas le clientélisme institutionnalisé et même revendiqué par l'intéressé. La réponse des urnes n'a laissé aucun doute quant à la réussite de ce système. Pour en comprendre les ressorts, il m'a semblé utile de mettre en relation les deux concepts ci-dessus.
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Les foucades verbales récurrentes de Georges Frêche et l'énoncé des motifs de la quasi dévotion dont il est l'objet de la part de ses partisans ont mis au premier rang l'expression "franc-parler" la qualité essentielle qu'ils lui attribuent. Ils l'apprécient tellement qu'ils ne retiennent nullement à sa charge ses incartades pourtant bien caractérisées (harkis sous-hommes, noirs en surnombre, tronche pas catholique de Fabius) aux antipodes des "valeurs". Mieux, lorsque leur idole les qualifie explicitement de "cons", ils persistent sans état d'âme dans leur adoration car c'est encore du "franc-parler" et puis comme il leur dit habilement, il est du Sud, et dans le Sud, le mot "con" a valeur de virgule. Donc ce n'est pas grave, finalement, entre eux et lui, c'est un signe d'affection méconnu de ces coincés de parisiens …
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Le sarkozysme : le paquet fiscal et rien que des cacades ? Trouver quelques mots justes pour caractériser sans ambigüité un objet de connaissance est un art difficile et souvent sans solution. Depuis 2007 les essais de caractérisation du sarkozysme sont innombrables. La plupart font appel à des mélanges de concepts connus produisant des cocktails divers et variés fabriqués à partir des termes comme bonapartisme, pragmatisme, libéralisme, jacobinisme, volontarisme, nationalisme, atlantisme, culte de la personnalité, etc ...Certains auteurs ont procédé par rapprochement historique : Alain Badiou avec le pétainisme, Pierre Musso avec le berlusconisme. Patrick Rambaud y a mis des accents Saint Simoniens. Thomas Legrand n'y voit qu'un avatar sans originalité de la droite éternelle et pour l'essayiste de droite Alain Gérard Slama, le sarkozysme n'existe pas ! Le sarkozysme, précisément parce qu'il est si difficile à saisir, est devenu un excellent sujet de recherche pour des intellectuels de tous bords, une catégorie à laquelle le principal intéressé dit ne pas appartenir (et c'est peut-être là que réside la difficulté à le cerner). N'échappant pas à la règle je n'ai cessé de puiser dans l'arsenal de la sémiotique pour tenter d'apporter un éclairage spécifique, sans grand succès, je dois en convenir. Jusqu'au jour où j'ai découvert dans le Trésor de la Langue Française puis dans le Wiktionnaire le mot "cacade". C'était un peu limite mais comme il fallait à l'évidence sortir des sentiers battus et rentrer dans l'ère du franc parler ... Le" caganer*" catalan de N.Sarkozy
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Les commentateurs politiques rivalisent d'inventivité sémiotique à des fins essentiellement pédagogiques et de rendement communicationnel. Trouver une formule à la fois ramassée et juste afin de frapper les esprits tout en s'illustrant dans l'espace journalistique donne lieu à un concours permanent de métaphores, à rapprocher de la recherche du scoop chez les photoreporters. La technique consiste le plus souvent à s'appuyer sur des imagos solidement implantées dans les esprits en les subvertissant par des adjonctions (des compléments déterminatifs) qui en culbutent plus ou moins le sens. Le critère de la réussite c'est lorsque tout le monde a compris de qui ou de quoi il s'agit avec les seules informations disponibles dans l'espace public …