J’arpente mon balcon en silence. La vue de la cour et des Olympiades dans la distance – distance toute relative – ferme l’horizon d’angles droits et d’une géométrie toute citadine. Le Cèdre Marocain qui surplombe le Square de Choisy titube dans le vent comme le clochard qui pisse contre son tronc. Le parterre cultivé par un groupe de riverains lance fleurs et légumes hors de terre, les premières feuilles verdâtres s’ouvrant sur le ciel.
Le hasard peut parfois être triste. Cela tient au caractère de l’observateur autant que des circonstances. Une conscience aiguisée peut tenter de le provoquer – avec audace ou insouciance – et l’attirer dans les mailles de son filet. Mais attention ! Un faux pas ou un moment d’inattention et c’est l’abyme. La vie finit par ne tenir qu’à un fil de conduite, au pas de trop sous une averse, à une hésitation heureuse, à une indécision salutaire – ou tragique. Puis il y a la coïncidence, cette chose diaphane faite de relations intempestives et de pensées concordantes ; de noms, de lieux, de retours sur soi et de regards en arrière pour voir les fantômes à notre épaule.