Si le récent rapport d’enquête parlementaire sur « Les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance » pointent à juste titre les défaillances de l’aide sociale à l’enfance, aucun n’interroge les textes réglementaires dont elles procèdent, confortant de la sorte les manquements observés.
Depuis des années les médias relatent des tragédies au sein de la Protection de l’enfance. En s’attachant à leurs causes uniquement institutionnelles (manque de moyens, dérives internes), bien réelles, ils omettent l’origine politique et idéologique d’une dérive observable depuis sa réforme de 2007.
Je propose une lecture différente, plus « battante », de la posture d’Amélie Ouéda-Castéra au ministère de l’Education nationale. Par-delà la salve de critiques dont elle fait l’objet, se joue, me semble-t-il, une nouvelle partition de la pêche en eaux troubles d’Emmanuel Macron révélée lors du vote de la loi Immigration.
Le déclin de l’Etat social au profit de l’économie de marché se traduit par une politique d’individualisation des problématiques, une politique autrement dit de dépolitisation. L’espace gagné par le marché entraîne un déficit de projet de société, un recul du bien commun assorti d’aspirations et de croyances individuelles.
Après France 3, M6 dresse à son tour un tableau noir de la Protection de l'enfance. Les dysfonctionnements présentés, certes de façon réductrice, ne sont toutefois pas étrangers à l'involution que connaît la Protection de l'enfance depuis sa réforme de 2007, laquelle demeure dans l’ombre.
« La maladroite » relate l’histoire tragique de la petite Marina, morte en 2009 d’une maltraitance endurée pendant de longues années et, les derniers mois, à la connaissance des enseignants, médecins et professionnels de l’ASE. Le film, remarquablement construit et interprété, montre les nombreuses failles humaines et institutionnelles, mais seulement, qui ont conduit à cette tragédie.