D'habitude, les ingénieurs préfèrent se taire, trouver des « solutions », présenter des PowerPoint, éterniser des réunions moites ou utiliser bêtement des outils conçus par d'autres ingénieurs plus intelligents1…
qu'eux. Mais des fois, ils disent des choses et espèrent être entendus. Au moins un peu.
Est-ce que l'utilisation de plus en plus intensive du mot « innovation », en lieu et place du mot « progrès », traduit simplement une coquetterie de vocabulaire ou alors trahit-elle une vraie bascule philosophique ?
Participez ! Cette injonction d'un genre relativement nouveau, conforme à une nouvelle morale, pousse à une participation irréfléchie, automatique, à toutes sortes d'événements. Il ne s'agit plus d'en comprendre le sens, seulement d'agir pour se conformer. Participez, y'a rien à voir.
« Les primevères et les paysages ont un défaut grave : ils sont gratuits. L’amour de la nature ne fournit de travail à nulle usine. » Aldous Huxley nous a livré là, en quelques mots, le problème sur lequel l’espèce humaine se fracasse depuis plus d’un siècle.
Depuis quelques dizaines d’années, tous les cours de management se dotent de modules concernant la « communication non-violente ». Ou comment entasser, consciencieusement, dans un coin de sa tête, de grosses portions de frustration et d’agacement.
Joe est étudiant. Dans une grande école, disons. Pendant deux années, en classe prépa, on lui a rentré de la science et de l'érudition dans la tête, à grand coup du marteau piqueur made in France. Après l'école, tout le dispose à une grande carrière d'employé en entreprise (le rêve de tout homme, non ?), parce qu'on ne lui a pas vraiment appris à faire autre chose.